Le marché du travail roumain
Quelles sont les tendances de ce début d'année 2024 ?
Luiza Moldovan, 17.07.2024, 09:44
La plus importante plateforme de recrutement en ligne,
e-jobs, a publié au début du mois de janvier de nouvelles données concernant le
marché du travail. Selon e-jobs, sur les 370 000 offres d’emploi parues
sur le site l’an passé, à peu près 40 % s’adressaient à des candidats juniors
(entre 0 et 2 ans d’expérience), environ 28 % d’entre elles nécessitaient une
expérience moyenne, seulement 8,4 % concernaient des seniors, c’est-à-dire des
personnes avec plus de 5 ans d’expérience dans leur domaine, et 2,6 %
relevaient de postes de direction.
Les candidats avec peu ou pas d’expérience n’ont pas été
seulement les plus recherchés, ils étaient également les plus nombreux à postuler.
Ils représentent plus de la moitié des 12 millions de candidatures enregistrées
sur le site. Pour la quatrième année consécutive, les 25-35 ans constituent le
groupe d’âge le plus représenté parmi les candidats, suivi de près par les
18-24 ans. Le nombre de candidatures des 18-24 ans a augmenté au cours du
deuxième semestre 2023 alors que celles des 25-35 ans a connu une légère
baisse. Les postes les plus demandés par les travailleurs sans expérience sont
variés : vente, call center, services, informatique, télécoms, banques,
tourisme, publicité et marketing et indutrie alimentaire. Voici comment Ana
Călugăru, la directrice de la communication chez e-jobs définit le marché du
travail de l’année dernière.
« En 2023, le
marché du travail a connu une accalmie en terme d’emplois. On a enregistré une
baisse de l’ordre de 12 % par rapport à 2022, avec 370 000 offres d’emploi
publiées qui ont donné lieu à 12 millions de candidatures. Les candidatures ont
enregistré une hausse de plus de 10 % par rapport à 2022. J’ai observé que les
domaines qui recrutaient le plus étaient la vente au détail, les services, les
services externalisés, la construction et le tourisme. Vers la fin de l’année,
la pression s’est accrue sur les employeurs dans les domaines des technologies
de l’information, de l’industrie alimentaire, de l’agriculture et de la
construction, parce que les avantages fiscaux dont bénéficiaient ces employeurs
ont cessé et il est certain que ça va accroitre les charges qui pèsent sur les
employeurs qui ne veulent pas tailler dans les salaires. Les salaires n’ont pas
augmenté comme en 2022, à part sur certains postes clés pour lesquels les
employeurs ont dû faire un effort en augmentant les salaires afin de garder
leurs employés. »
Dans le tumultueux contexte économique actuel, les pronostics
pour 2024 sont à la prudence. Les personnes expérimentées sont peu promptes à
chercher un nouveau poste et les employeurs réfléchissent à deux fois avant de
publier une offre d’emploi. A cela s’ajoute la réticence des employeurs à
offrir la possibilité du travail en distanciel :
« Pour 2024, l’année commence à peu de choses près
de la même façon que 2023. On observe une relative prudence de la part des
employeurs sur le marché du travail et il est probable que les choses vont
demeurer ainsi jusqu’à la moitié de l’année. Tout le monde regarde les signaux
économiques pour voir exactement ce qu’il peut faire. Personne ne veut prendre
de risque, malgré tout, les recrutements continuent. Début janvier nous avons
publié 20 000 offres, donc il y a des opportunités sur le marché du
travail. Concernant les offres de travail en distanciel, on est au niveau le
plus bas des dernières années. Donc les employeurs ne sont plus aussi disposés
qu’avant à engager quelqu’un en télétravail. Les candidats sont quant à eux plutôt
à la recherche de ce type de travail, mais la tendance va vers un retour au
bureau. »
Les plus de 40 ans mettent plus de temps à décrocher un
travail. Les offres qui leur sont ouvertes sont plus rares et les
professionnels du secteur conseillent de bien réfléchir avant de songer à une
reconversion professionnelle. De plus, une reconversion implique souvent de
passer d’une situation d’employé avec expérience à celle de débutant. Ana Călugăru,
directrice de la communication chez e-jobs.
« Les personnes de plus de 40 ans qui sont en
recherche d’emploi doivent savoir que cette année ils risquent de devoir
patienter plus longtemps que l’année dernière avant d’être embauchés, parce qu’il
n’y a plus autant d’offres qu’auparavant. On peut parler d’une période de
recherche de six mois en moyenne. Dans le cas des reconversions
professionnelles, il faudra aussi beaucoup de patience. Les candidats devront
bien s’orienter vers le nouveau domaine et comprendre qu’il est possible qu’ils
recommencent à un poste junior. Et bien sûr, ils doivent être toujours
attentifs aux nouvelles offres qui paraissent. »
Suite à ces ralentissements de
début d’année, il nous reste à regarder avec confiance les évolutions en cours.