Niveau alarmant de consommation de drogue dans les lycées
L'intérêt pour les drogues se manifeste de plus en plus tôt chez les jeunes roumains.
Luiza Moldovan, 08.11.2023, 12:47
L’intérêt pour les drogues se manifeste de plus en plus tôt chez les jeunes
roumains. A un âge inquiétant même, si on en croit le dernier rapport de l’Agence
nationale antidrogue, qui précise que l’âge le plus jeune déclaré pour un début
de consommation est de 13 ans. De manière générale, 10,7 % de la population
entre 15 et 64 ans a consommé au moins une fois une drogue interdite et 6% au
cours de l’année passée. Selon ce rapport les adolescents constituent la
catégorie sociale la plus vulnérable aux drogues et le produit le plus consommé
en Roumanie est le cannabis. Bucarest et le département d’Ilfov qui entoure la
capitale sont de loin les zones les plus impactées par ce phénomène.
La transmission de maladies infectieuses entre consommateurs de drogues en
intraveineuse est également un des éléments inquiétants mis en avant dans ce
rapport. Parmi les personnes admises en service de désintoxication, 21% sont
porteuses du HIV, environ 69% sont infectées par le virus de l’hépatite C et
environ 8% par le virus de l’hépatite B. Le rapport indique par exemple que
selon les informations fournies par l’Institut des maladies infectieuses Matei
Balș de Bucarest, sur 550 personnes positives au VIH, 50 prennent des drogues
par voie intraveineuse.
Par ailleurs, le taux de consommateurs de drogue souhaitant sortir de leur addiction
a dramatiquement chuté : seul 50% des consommateurs ont cherché de l’aide
auprès des institutions spécialisées pour arrêter le cannabis, les opioïdes ou
d’autres substances psychoactives.
Toujours selon l’Agence nationale antidrogue, l’an dernier, plus de 1740
urgences médicales déclenchées par une prise de drogue ont été recensées, sur lesquelles
27,5% concernaient le cannabis, 26 ;8% de nouvelles substances
psychoactives, 7% des opiacées, 3,7% de la cocaïne, 6,5% des stimulants autres
que la cocaïne. L’âge moyen auquel on meurt en Roumanie à cause de la
consommation de drogue est de 30 ans. En 2022, 30 décès causés par une drogue
ont été enregistrés, dont 25 overdoses. Le nombre de décès directement causés
par la consommation de drogue tend néanmoins à baisser.
Les autorités et notamment le ministère de la Famille concentrent leurs
efforts sur la prévention, surtout envers les jeunes. Pour Natalia Intotero, la
ministre de la Famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances, une des
solutions serait d’attirer l’attention des jeunes vers des activités plus
dynamiques. Natalia Intotero nous apporte des précisions :
SON : La prévention est extrêmement importante,
et dans une égale mesure, le fait de proposer aux enfants autre chose, des
colonies de vacances, des excursions, des divertissements qui les détournent de
cette recherche de sensations fortes. Je voudrais vraiment qu’on puisse mettre
en place des cours de soutien, notamment pour les employés de ce secteur, des
cours de perfectionnement, et je crois que c’est possible, par le biais de l’Agence
nationale pour l’emploi et des financements européens.
Natalia Intotero cible particulièrement les adolescents des lycées où
circulent le plus de drogues. La ministre a annoncé qu’elle prévoyait de mettre
en place prochainement, en lien avec l’Association de psychothérapie cognitive et
comportementale de groupe, une campagne agressive, sur tous les moyens de
communication, visant la prise de conscience du risque généré par les drogues
dans 20 villes roumaines dont Bucarest. Elle a notamment annoncé le lancement d’une
application :
SON : Nous nous proposons de lancer une application
qui contienne des mesures de prévention et d’arrêt des drogues et de toute
autre substance affectant la santé pour les mineurs, les jeunes mais aussi les
autres. Ainsi, nous souhaitons que cette application soit une source d’informations
issues des institutions habilitées, à la fois à destination des jeunes mais
aussi des adultes. Il est très important de faire prendre conscience aux parents
et aux grands-parents de la hausse de la consommation chez les jeunes et pour
aller plus loin, du risque de détérioration de l’équilibre de toute la famille
et du risque pour la santé mentale (que peuvent générer la consommation de
drogue).
Les
spécialistes antidrogues de Roumanie ont mené l’année dernière 20 000 activités
de prévention dans les écoles, les familles et les communautés, ainsi que des interventions
ponctuelles d’information, d’éducation et de conscientisation sur le thème de
la drogue. Plus de 700 000 personnes ont pu bénéficier de ces
interventions : élèves, étudiants, enseignants, parents mais aussi
assistantes maternelles, enfants placés, assistantes sociales, professionnels médical,
consommateurs et anciens consommateurs, communautés locales etc.