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Centenaire de la naissance de Monica Lovinescu

Témoignage historique de Monica Lovinescu qui raconte le rôle de Radio Free Europe depuis Paris

Centenaire de la naissance de Monica Lovinescu
Centenaire de la naissance de Monica Lovinescu

, 20.11.2023, 11:24

Nul doute que Radio Free
Europe a été la principale fenêtre d’air frais en termes d’informations dans
cette Roumanie d’avant 1989, qui étouffait sous la censure du régime
communiste. La rédaction roumaine de Radio Free Europe comptait des poids
lourds du journalisme roumain : Noel Bernard, Mircea Carp, Vlad Georgescu,
Neculai Constantin Munteanu entre autres. Mais aussi Monica Lovinescu, l’une
des voix les plus puissantes de l’exile anticommuniste roumain, née voici 100
ans, le 19 novembre 1923, fille du critique littéraire Eugen Lovinescu et d’Ecaterina
Bălăciou, professeur de français, morte plus tard dans les geôles communistes.
C’est en 1947, à 24 ans, après l’installation du régime communiste, que Monica
Lovinescu choisit la liberté et émigre en France. Avec son époux, l’écrivain
Virgil Ierunca, Monica Lovinescu allait réaliser l’une des émissions radio les
plus suivies par les auditeurs roumains de Radio Free Europe. La voix rauque qui
pénétrait tous les soirs dans les chaumières roumaines portait l’exigence éthique
de l’intelligence lucide et pénétrante qu’était celle de Monica Lovinescu.


Dans l’interview qu’elle
enregistre en 1998 pour le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine,
Monica Lovinescu se rappelait avec nostalgie de la rédaction parisienne de
radio Free Europe, fondée au début des année 1960.


« Le cas roumain était unique au sein de Radio Free
Europe. Car c’est depuis cette rédaction parisienne que l’on transmettait mon
émission hebdomadaire d’une heure, intitulée « Thèses et antithèses de
Paris », l’émission de Virgil Ierunca « L’histoire de la parole »,
qui occupait une quarantaine de minutes, enfin « L’actualité roumaine »,
d’une vingtaine de minutes, et qui était diffusée à deux reprises dans la même
journée. L’on occupait donc le studio une journée entière et l’on parvenait à avoir
un espace d’émission dont aucune autre rédaction de Radio Free Europe ne
disposait. »


Monica Lovinescu pratiquait
le journalisme radio tel un sacerdoce. Parce que Radio Free Europe était le plus
consistant média dont la rédaction, basée à l’étranger, échappait aux fourches
caudines de l’implacable censure officielle du régime communiste. Les époux Lovinescu
et Ierunca enregistraient les textes chez eux, sur les bandes d’un magnétophone,
avant de rejoindre le studio pour retravailler l’enregistrement et y insérer des
plages musicales. Mais leurs émissions bénéficiaient malgré l’éloignement et la
censure de sources d’information extrêmement fiables. Monica Lovinescu : « Pour documenter l’actualité roumaine l’on se
fondait, d’une part, sur les journaux qui nous parvenaient depuis la Roumanie.
On utilisait une boîte postale pour ce faire, pour que la Securitate n’apprenne
pas notre adresse. Mais ensuite c’était les rencontres qu’on avait avec des
gens de lettres, des penseurs, des philosophes, des personnalités roumaines de
passage à Paris. L’on avait 4, 5 rencontres de ce type par mois. C’était ce qu’on
appelait les sources clandestines. Ces gens que l’on rencontrait ignoraient
tout des rencontres que l’on avait avec les autres. On gardait l’anonymat de
nos sources. Et puis, l’on croisait les informations. Mais c’est ainsi que l’on
parvenait à se mettre au courant de la vie littéraire, de la vie culturelle
roumaine, et des soubresauts politiques dont elles étaient traversées ».


Réalisées par un véritable esprit
universel, les émissions de Monica Lovinescu offraient non seulement une analyse
de l’actualité littéraire roumaine, mais elles connectaient l’auditeur roumain
à l’actualité internationale et aux courants de pensées de son époque :
« Thèses et antithèses contait la Roumanie certes,
mais aussi l’actualité littéraire parisienne. Parce que Paris était encore et
toujours ce haut lieu de la culture d’avant-garde, le temple de l’esprit. Et
puis, l’on parlait encore du travail et de l’œuvre des exilés roumains, Lucian
Pintilie, Mircea Eliade, Eugène Ionesco. Ces grandes personnalités, dont l’œuvre
était souvent interdite dans la Roumanie communiste, ont été invités à notre
micro, et l’on a parlé d’eux dans nos émissions ».



Campagne dénigrante du régime communiste

L’esprit libre que Monica
Lovinescu instillait dans ses émissions ne pouvait pas ne pas heurter de plein fouet
la sensibilité du régime stalinien de Bucarest. Pour contrer ce que ce dernier
considérait comme de la propagande impérialiste, le régime démarra tout d’abord
une campagne dénigrante dans la presse asservie, avant d’envoyer des hommes de
main faire taire la voix parisienne qui dérangeait tant la chappe de plomb avec
laquelle le régime avait recouvert la liberté des Roumains : « C’était au mois de novembre 1977, la veille de l’arrivée
à Paris de l’écrivain dissident Paul Goma. J’étais attendue devant la maison
par deux Palestiniens. Ils essayaient de me persuader de rentrer avec eux dans
la maison, prétendant avoir un message de la plus haute importance à me
transmettre. Mais ils avaient employé cette formule : « Madame Monica ».
Or, c’est inhabituel d’appeler quelqu’un que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam
par son prénom. J’ai donc refusé de les faire rentrer, mais ils ont commencé à
m’agresser violemment là, dans la rue. J’ai crié, puis j’ai perdu connaissance,
je suis tombée. Quelqu’un avait entendu, les agresseurs se sont enfuis. Celui
qui m’était venu en aide avait essayé de les rattraper, mais sans succès. Résultat
des courses, j’ai eu le nez cassé, le visage tuméfié et le bras enflé. Je l’ai
échappé belle pourtant ».



Monica Lovinescu avait poursuivi
son sacerdoce même après la chute du régime communiste, fin 1989. Elle continua
de promouvoir la liberté d’expression et la liberté politique, la démocratie et
les droits de l’homme jusqu’à sa mort, survenue le 20 avril 2008. Mais Monica
Lovinescu demeure toujours vivante dans l’esprit des millions de Roumains qui se
sont nourris de ses paroles dans un temps où la parole libre n’avait plus droit
de cité. (Trad. Ionut Jugureanu)

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