Armand Călinescu
Personnalité marquante du 20e siècle, Armand Călinescu est né à Piteşti, dans le sud de la Roumanie, et il est mort assassiné à Bucarest en 1939.
Steliu Lambru, 18.12.2018, 14:01
Personnalité marquante a été juriste, homme politique, ministre de l’Intérieur et premier ministre en 1939. Ne voyant que d’un œil, il était surnommé le Borgne. En parlant de lui, son ami, l’historien Nicolae Iorga disait – je cite : «Ce borgne voit la politique mieux que nous tous.» Călinescu était un homme politique dur, adepte du style autoritaire de direction, à la fois antifasciste et anticommuniste. Il a été membre du Parti national paysan chrétien et démocrate et c’est lui qui a orchestré la répression de la grève des cheminots de 1933, alors qu’il était sous-secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur.
Anglophile et francophile déclaré, il a rejoint le Front de la renaissance nationale, parti unique créé par le roi Carol II en 1938, et il faisait partie de la camarilla du souverain. Călinescu a durement réprimé le mouvement de la Légion de l’archange Michel, considérée comme une représentante des intérêts nazis en Roumanie. En tant que premier ministre, il a permis en 1939 aux autorités et à l’armée polonaise de se réfugier en Occident, avec le trésor polonais, en passant par la Roumanie. Une rue de Varsovie porte aujourd’hui son nom.
Les archives du Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine ont conservé le discours prononcé par Armand Călinescu en février 1939, un an après l’adoption de la Constitution de 1938, qui jetait les fondements du régime autoritaire du roi Carol II : « 4.300.000 voix, soit plus de 99% de ceux qui avaient le droit de se prononcer, ont déclaré avec enthousiasme accepter le nouvel établissement que votre Majesté avait présenté au pays. Ainsi, l’initiative royale qui, à un carrefour de la vie de notre Etat était fermement intervenue pour redresser le cours de l’histoire, a trouvé un puissant écho au sein du peuple. Car, devant les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, d’où le redressement pouvait-il venir ? Des facteurs politiques. Pourtant, où trouver une seule force politique saine qui puisse regrouper avec autorité les éléments vivants ? Chez le peuple, mais le peuple était, lui-même, profondément troublé. L’égarement des esprits, la perte du respect pour l’idée d’autorité, tendance accentuée par l’anarchie qui règne dans la vie morale, font que le peuple ne pouvait pas trouver tout seul son équilibre. En ce moment décisif, le pays a exprimé son sentiment unanimement partagé que son redressement ne pouvait venir que de la Couronne. L’initiative royale n’a pourtant pas été un acte habituel, elle n’a pas représenté l’exercice d’un attribut législatif, mais l’affirmation du rôle fondamental de notre monarchie. »
Le 21 septembre 1939, à Bucarest, le premier ministre Armand Călinescu était assassiné sur le pont Saint Elefterie, par un commando de la Légion de l’archange Michel. Agé de 46 ans, il laissait derrière lui un monde qui commençait à peine à montrer son visage monstrueux – celui de la violence et du crime. ( Trad.: Dominique)