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Doina Cornea

Dans les années 1980, sous le régime communiste, Doina Cornea était professeure à l’Université de Cluj, où elle enseignait la philologie française. Elle menait, à l’instar de millions de Roumains et d’autres citoyens des pays gouvernés par des régimes communistes, une existence avec très peu de joies quotidiennes. Et cela, alors que des libertés fondamentales étaient annihilées, et la situation économique – désastreuse. Même si dans cet univers les gens semblaient être une masse amorphe, beaucoup d’entre eux ont ressenti le besoin de s’opposer au système répressif qui abrutissait l’être humain. Toutes ces personnes ont été appelées des « dissidents », même si elles devraient être appelées plutôt des « opposants » au régime. Une des personnalités les plus connues en tant qu’opposants au régime communiste roumain a été Doina Cornea.

Doina Cornea
Doina Cornea

, 25.05.2018, 18:20

Dans les années 1980, sous le régime communiste, Doina Cornea était professeure à l’Université de Cluj, où elle enseignait la philologie française. Elle menait, à l’instar de millions de Roumains et d’autres citoyens des pays gouvernés par des régimes communistes, une existence avec très peu de joies quotidiennes. Et cela, alors que des libertés fondamentales étaient annihilées, et la situation économique – désastreuse. Même si dans cet univers les gens semblaient être une masse amorphe, beaucoup d’entre eux ont ressenti le besoin de s’opposer au système répressif qui abrutissait l’être humain. Toutes ces personnes ont été appelées des « dissidents », même si elles devraient être appelées plutôt des « opposants » au régime. Une des personnalités les plus connues en tant qu’opposants au régime communiste roumain a été Doina Cornea.

En 1982, alors que les conditions de vie empiraient en Roumanie, Doina Cornea a décidé qu’elle ne pouvait plus se taire. Elle a écrit une lettre intitulée « Lettre ouverte adressée à ceux qui n’ont pas cessé de penser », qu’elle a envoyée à la Radio Free Europe.

Interviewée en 1996 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Doina Cornea a raconté le contexte de ce premier de ses textes de protestation: « Je pensais surtout aux professeurs, qui ont l’obligation morale de toujours dire la vérité à ceux qu’ils forment. J’ai appris cette grande leçon de mon ancien professeur à la Faculté de Philologie française. J’ai été très impressionnée par cette idée qu’il a essayé de nous instiller dans le cœur et dans l’esprit, car à l’époque, dans les années 1950, on vivait sous le régime stalinien le plus atroce. J’ai toujours ressenti le fait que quelque chose me poussait vers une certaine tournure des choses, même malgré moi, mais je ne voulais pas signer la lettre. Je l’ai écrite, ma fille l’a emmenée avec elle lors de son premier voyage ici après avoir quitté la Roumanie, et je me suis dit: « Je ne vais pas signer la lettre, qu’ils la présentent comme il leur semblera bon». J’ai tiré un tiret à la fin du texte. Toutefois, pour qu’ils aient la certitude qu’il s’agissait d’un texte authentique et qui n’avait pas été fabriqué au nom d’une autre personne, j’ai ajouté: « Pour Radio Free Europe, Doina Cornea, chargée de travaux dirigés à la Faculté de Philologie ». Vlad Georgescu, le directeur du poste, que j’ai rencontré par la suite, m’a dit qu’ils avaient pensé que c’était un pseudonyme. Et quand il a présenté le texte, il pensait annoncer le nom de l’auteur, Doina Cornea, comme s’il se fut agi d’un pseudonyme. Quelles ont été les conséquences? J’étais paralysée de peur, car je suis peureuse et j’ai été assez lâche aussi, comme tout le monde. Mais de tels faits ou évènements vous obligent à une tenue morale plus digne et après cela, un certain sentiment de l’honneur s’est réveillé en moi. Je pense toutefois l’avoir eu avant aussi, dans une certaine mesure. Mais, à ce moment là, je me suis sentie obligée par mon geste. C’était mon nom, je ne pouvais pas dire que ce n’était pas moi qui avais écrit ce texte, que je n’avais pas été celle qui avait commis ce geste, donc révoquer ce que j’avais fait ».

Elle a été licenciée de la faculté en 1983, mais elle a continué à écrire des lettres de protestation qui ont été diffusées par Radio Free Europe, 31 textes en tout. Elle a été suivie tout le temps par la Securitate jusqu’en 1989 et constamment harcelée. Elle a diffusé des manifestes de solidarité avec la grève des ouvriers de Braşov de 1987 et elle a participé aux démonstrations anticommunistes de Cluj le 21 décembre 1989. Elle a été Officier de la Légion d’honneur, s’est vu décerner l’Etoile de Roumanie, la plus haute distinction roumaine, et la Croix de la Maison royale de Roumanie.

Doina Cornea a quitté ce monde le 4 mai dernier, à 88 ans, et elle a été enterrée avec des honneurs militaires au Cimetière central de Cluj-Napoca.

« J’ai la conviction de ne pas avoir lutté pour rien », disait Doina Cornea, cette femme exceptionnelle, opposante au régime communiste roumain. (Trad. Nadine Vladescu)

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