La maison Melik
Ville marchande et cosmopolite depuis son plus lointain passé, Bucarest a été longtemps divisé en petites communautés constituées selon des critères ethniques ou commerciaux. Le quartier arménien, par exemple, qui s’était formé autour de la rue Armenească et de l’église de la communauté, s’étendait jusqu’à l’une des extrémités historiques de la ville, l’avenue Moşilor, de nos jours un des principaux boulevards situé presque au centre-ville. C’est dans ce quartier arménien que se trouve la maison Melik, la plus ancienne de Bucarest, construite autour de l’an 1760. Elle a appartenu à un boyard de haut rang, un connétable qui l’a vendue ensuite à un marchand arménien, Kevor Nazaretoglu. Le nouveau propriétaire l’a rénovée en 1822, année mentionnée au-dessus de la porte d’entrée. En 1847, le marchand meurt suite à un grand incendie qui a aussi emporté une partie de la population de la ville, et c’est son fils, Agop, qui hérite de la maison. Pourtant, dès qu’il en est devenu le propriétaire, en 1847, il l’offre à sa fille, Ana, comme cadeau de mariage. Et puisqu’elle épousait Iacob Melik, à partir de ce moment, la demeure commence à être connue comme la Maison Melik. Du point de vue architectural, la maison Melik respecte la structure d’un manoir.
Christine Leșcu, 08.09.2017, 14:16
Ville marchande et cosmopolite depuis son plus lointain passé, Bucarest a été longtemps divisé en petites communautés constituées selon des critères ethniques ou commerciaux. Le quartier arménien, par exemple, qui s’était formé autour de la rue Armenească et de l’église de la communauté, s’étendait jusqu’à l’une des extrémités historiques de la ville, l’avenue Moşilor, de nos jours un des principaux boulevards situé presque au centre-ville. C’est dans ce quartier arménien que se trouve la maison Melik, la plus ancienne de Bucarest, construite autour de l’an 1760. Elle a appartenu à un boyard de haut rang, un connétable qui l’a vendue ensuite à un marchand arménien, Kevor Nazaretoglu. Le nouveau propriétaire l’a rénovée en 1822, année mentionnée au-dessus de la porte d’entrée. En 1847, le marchand meurt suite à un grand incendie qui a aussi emporté une partie de la population de la ville, et c’est son fils, Agop, qui hérite de la maison. Pourtant, dès qu’il en est devenu le propriétaire, en 1847, il l’offre à sa fille, Ana, comme cadeau de mariage. Et puisqu’elle épousait Iacob Melik, à partir de ce moment, la demeure commence à être connue comme la Maison Melik. Du point de vue architectural, la maison Melik respecte la structure d’un manoir.
Mihaela Murelatos, commissaire au Musée National d’Art de Roumanie, explique : « Son architecture est spécifique du sud de la Roumanie et même de la région balkanique. Elle a une grande cave et, du côté nord, une véranda, actuellement vitrée. Avant, elle était ouverte, puisque c’était une galerie d’été. Au 18e siècle, la cour était beaucoup plus vaste. C’était un grand quadrilatère qui comprenait également les constructions annexes et s’étendait beaucoup plus loin, atteignant presque l’Avenue Moşilor. Iacob Melik était lui aussi arménien, mais il exerçait une profession libérale. Il avait fait des études d’architecture à Pars, période durant laquelle il allait connaître les futurs révolutionnaires roumains de 1848. Aussi, durant cette révolution, allait-il cacher, dans sa maison, trois de ses illustres protagonistes : Ion Heliade Rădulescu, CA Rossetti et Ion Brătianu. »
Ana a survécu à son époux, Iacob Melik et, en 1913, elle allait léguer la maison à la communauté arménienne, pour servir d’asile aux femmes pauvres. Ce fut effectivement sa destination, jusqu’en 1947. Après l’installation du communisme, l’immeuble accueille de nombreux locataires et commence à se dégrader. C’est à peine en 1970 que la Maison Melik allait être restaurée, pour abriter les objets d’art offerts en donation à l’Etat roumain par le collectionneur Gheorghe Răut. Ancien directeur de la filiale parisienne de la Banque Marmorosch Blank pendant l’entre-deux-guerres, Gheorghe Răut a habité presque toute sa vie à Paris, dans le même immeuble que le grand peintre roumain Theodor Pallady, qui comptait parmi ses amis. D’ailleurs, en faisant don de sa collection, il pose plusieurs conditions, exigeant, entre autres, qu’elle soit installée dans un musée portant le nom du peintre.
Mihaela Murelatos : « Le peintre Theodor Pallady et le collectionneur Gheorghe Răut ont habité à Paris, dans le même immeuble. Pallady a quitté Paris en 1939, pour revenir au pays, où il s’est éteint en 1956. Le collectionneur Gheorghe Răut a pris soin de ce qui restait de l’appartement parisien du peintre, et lorsqu’il a offert à l’Etat roumain ses propres objets d’art, il a offert en même temps ce que le peintre avait laissé dans son appartement de Paris. La collection de peinture et d’art graphique date de la période parisienne de Theodor Pallady. Les ouvrages d’art graphique sont nombreux, quelque 800, ce pourquoi, dans la salle du musée qui leur est destinée, ils sont exposés à tour de rôle. La collection de Gheorghe Răut comporte également des toiles appartenant à des artistes français mineurs, mais aussi à des maîtres italiens, espagnols ou néerlandais. La collection réunit aussi des meubles, des objets en céramique, des objets décoratifs, des objets d’art oriental, des horloges de différentes époques. »
Vous pouvez découvrir tous ces objets d’art en visitant le Musée Theodor Pallady de Bucarest, accueilli par la Maison Melik et abritant la collection des époux Serafina et Gheorghe Răut. ( Trad. : Dominique)