La forteresse de Mălăieşti
Au pied du Massif de Retezat, des Carpates Méridionales, se trouve une région historique appelée le Pays de Haţeg, nichée dans la dépression homonyme. Cette petite contrée recèle de nombreux sites historiques et culturels dont certains légendaires – dont les vestiges de l’ancienne capitale dace Sarmizegetusa. Tout près se trouve la localité de Densuş dont la célèbre église fascine par son ancienneté et par sa belle forme étrange. C’est toujours dans la contrée de Haţeg que se trouvent les ruines de la citadelle de Colţ, qui semble avoir inspiré Jules Verne, qui y place l’action de son roman « Le Château des Carpates ».
Christine Leșcu, 10.04.2017, 14:15
Au pied du Massif de Retezat, des Carpates Méridionales, se trouve une région historique appelée le Pays de Haţeg, nichée dans la dépression homonyme. Cette petite contrée recèle de nombreux sites historiques et culturels dont certains légendaires – dont les vestiges de l’ancienne capitale dace Sarmizegetusa. Tout près se trouve la localité de Densuş dont la célèbre église fascine par son ancienneté et par sa belle forme étrange. C’est toujours dans la contrée de Haţeg que se trouvent les ruines de la citadelle de Colţ, qui semble avoir inspiré Jules Verne, qui y place l’action de son roman « Le Château des Carpates ».
Enfin, à Sălaşu de Sus se trouve la forteresse de Mălăieşti, située sur un terrain ayant appartenu à la famille du prince Sărăcin. Seul un donjon et une partie de l’enceinte sont conservés. Récemment restaurés, ces éléments illustrent la grandeur et l’importance de la forteresse d’autrefois. Nous remontons le fil de l’histoire avec Sorin Tincu, directeur du Musée d’archéologie, histoire et ethnographie de Hunedoara : « Bien qu’attestée tardivement, au XVIIe siècle, la forteresse est beaucoup plus ancienne, les premiers éléments de cet ensemble de fortifications remontent en fait à la fin du XIVe siècle. C’est de cette époque que date le donjon. La forteresse s’est développée graduellement autour de ce donjon, pendant plusieurs siècles, devenant une véritable résidence nobiliaire. Son ancienneté est attestée par les recherches archéologiques, qui ont mis en évidence ce soin des princes d’agrandir leurs fortifications, en recherchant à la fois le confort. Les poêles à retrouver dans la partie habitable de la forteresse le prouvent. »
Malheureusement, ces pièces habitées n’existent plus. Le donjon, le seul à avoir affronté le temps, tout comme une partie des remparts, a une base rectangulaire. Il mesurait 11 mètres de haut et comportait initialement 3 niveaux. Surélevé par la suite, il atteint actuellement 15 mètres. Comment a-t-il été construit pour affronter les vicissitudes de l’histoire ? L’historien Sorin Tincu explique : «L’épaisseur des murs en dit long sur la situation économique de ces princes et sur les dangers de l’époque. A la base, ces murs mesuraient 1 m 90 d’épaisseur. Vers le haut, ils s’amincissaient jusqu’à 1 m 30. Les étages comportaient des poutres en bois, au rez-de-chaussée il n’y avait pas de fenêtres, ce qui nous porte à croire qu’il servait de cave. L’enceinte fut bâtie au cours du XVe siècle. Elle était circulaire, avec un diamètre de 22 mètres et s’élevait à 8 mètres au-dessus du sol. Initialement, elle était prévue de créneaux et d’un chemin de ronde. Par la suite, les créneaux ont été bouchés et l’enceinte a été surélevée. Des archères firent leur apparition et la cour acquiert son aspect actuel.
La forteresse de Mălăieşti a appartenu à la famille Sărăcin jusqu’au XVIIe siècle. A la mort de Ştefan Sărăcin, d’autres familles se disputent la citadelle et les premiers documents la concernant sont rédigés à cette occasion. Ces documents datent de 1613, lorsque, suite à l’extinction de la descendance masculine de la famille Sărăcin, sur la décision du prince de Transylvanie, Gabriel Bethlen, la forteresse devient la propriété d’autres familles nobiliaires. Les fortifications allaient être détruites au XVIIe siècle, lors d’affrontements entre un groupe de rebelles locaux et les troupes autrichiennes. Depuis, elles ont été abandonnées, leur dégradation étant accélérée par les écroulements et par l’utilisation de la pierre dont elles étaient construites pour bâtir ou consolider les maisons environnantes. Il y a quelques années ont démarré des travaux de restauration des éléments qui se sont conservés. De nos jours, le donjon et les murs qui l’entourent donnent l’impression d’une fortification censée protéger les parages. On a également tâché de reconstituer l’intérieur médiéval, sans utiliser pourtant des objets d’époque. Ces objets sont exposés dans d’autres musées de Hunedoara. Sorin Tincu : « Pour les archéologues, ces objets sont très importants pour dater des événements et des constructions, mais aussi pour recréer le mode de vie médiéval. A part les poêles qui illustrent le souci de confort des propriétaires, on a également découvert des objets en céramique et de pièces de monnaie. Ces indices permettent de reconstituer certains moments de l’évolution de la forteresse Mălăieşti, ainsi que sa destruction. »
Quelle que soit la valeur de la restauration de cette forteresse, les touristes peuvent enfin admirer un autre symbole du Pays de Haţeg. (Aut. : Christine Leşcu ; Trad.: Dominique)