Le parc Herastrau de Bucarest
Le nord de la Capitale roumaine, Bucarest, avec ses lacs et ses espaces verts, est depuis longtemps l’endroit préféré des Bucarestois pour la promenade. Entre les deux guerres mondiales, la capitale s’est agrandie par de nombreuses nouvelles constructions et des plans d’urbanisme visant le périmètre qui commence à la Place Victoriei d’aujourd’hui et s’étend vers le nord jusqu’à la forêt de Baneasa.
Steliu Lambru, 19.02.2017, 13:32
Le nord de la Capitale roumaine, Bucarest, avec ses lacs et ses espaces verts, est depuis longtemps l’endroit préféré des Bucarestois pour la promenade. Entre les deux guerres mondiales, la capitale s’est agrandie par de nombreuses nouvelles constructions et des plans d’urbanisme visant le périmètre qui commence à la Place Victoriei d’aujourd’hui et s’étend vers le nord jusqu’à la forêt de Baneasa.
Dans les années ’30, un des lacs, une grande partie du lac du nord de la Capitale, Herastrau, a été asséché afin de transformer un périmètre de 110 hectares en un parc immense. L’initiative était liée aux projets d’urbanisme imaginés par le roi Carol II, un monarque qui commençait à se forger un culte de la personnalité.
Cezar Buiumaci, commissaire au musée d’histoire de la capitale roumaine évoque les débuts du parc Herastrau : « Le parc Herastrau a été créé par Carol II en contrepoids au parc Carol Ier, situé dans le sud de la Capitale. Au début, il s’appelait « le Parc national », pour être renommé peu après Parc Carol II. C’était en 1935, lorsqu’à l’initiative du roi, la municipalité a organisé un « Mois de la ville de Bucarest », une fête qui a tourné autour d’une exposition censée présenter toutes les réalisations de la ville. Cet événement s’est déroulé dans le Parc Carol Ier, un parc qui portait le nom du premier roi de Roumanie. C’est pourquoi le roi Carol II a voulu que ce parc porte son nom. Un deuxième mois de Bucarest s’est tenu en 1936 et l’événement s’est poursuivi chaque année jusqu’en 1940. La région en question était fréquentée surtout par les riches de la ville qui préféraient se promener dans se périmètre qui avoisinait les lacs du nord de Bucarest, formés par la rivière Colentina. C’était une zone assez peuplée, vu que sur l’actuel emplacement de la Maison de la presse et du centre d’expositions Romexpo se trouvaient à l’époque l’hippodrome de Baneasa et le Jockey club. »
Le Musée du village fut inauguré en 1936 également au bord du lac Herastrau, collé carrément au nouveau parc. Chargé de l’aménagement de cet espace de loisirs et de détente, l’architecte Octav Doicescu a imaginé un immense jardin public qui pouvait accueillir toute sorte de pavillons dans le cadre du « Mois de Bucarest ».
Cezar Buiumaci passe en revue les éléments qui portent la signature de cet architecte roumain renommé : « Octav Doicescu est l’auteur de la fontaine Zodiac sise à l’entrée du Parc Carol Ier. Il a aménagé quelques pavillons dont plusieurs existent de nos jours encore : le Pavillon de la royauté, de la Petite Entente, de la Culture, de la Ligue nationale, de la Petite industrie, de l’assistance sociale. Le long du « mois de Bucarest », d’autres événements ont également été organisés : matchs de foot, championnats d’échecs, spectacles aériens et un salon du livre. »
Après la guerre, le parc fut élargi, ré-inauguré et transformé en ce qu’il est de nos jours.
Pourtant, toutes les modifications n’ont pas été bénéfiques, explique Cezar Buiumaci : « Des travaux supplémentaires ont été réalisés chaque année. En 1939, à l’entrée du parc, une Allée des cariatides fut aménagée qui se terminait sur la fontaine de Modura. C’était un monument de propagande dédié au retour du roi Carol II en Roumanie, après l’exil auquel il fut condamné au milieu des années ’20. Ces constructions ont été démolies après l’arrivée des communistes au pouvoir pour être remplacées par une statue de Staline. D’ailleurs, le parc dans son ensemble fut renommé le Parc de culture et de repos Joseph Vissarionovici Staline. La place principale située devant une des entrées du parc, appelée aujourd’hui Place Charles de Gaulle, s’appelait à l’époque Place Staline. Pratiquement, les communistes ont modifié tout ce qui rappelait des régimes politiques précédents. Après la mort de Staline, le nouveau leader politique soviétique l’accuse de crimes et donne le coup d’envoi d’un processus de déstalinisation. A travers le bloc communiste, les régimes essayent d’effacer la mémoire de Staline et c’est pourquoi vers le milieu des années 1960, le parc change à nouveau de nom pour s’appeler à nouveau le Parc Herastrau. La statue de Staline est démolie en une nuit seulement selon un modèle initié également par les communistes, de détruire toute trace d’hommes politiques de l’ancien régime. »
Aujourd’hui, le Parc Herastrau est un des lieux de détente préférés des Bucarestois, qui rivalise en quelque sorte avec le jardin botanique par la diversité et la rareté de certaines espèces d’arbres et d’arbustes. Par exemple une variété de robinier faux-acacia, avec des branches qui plongent jusqu’au sol et des feuilles tachées de blanc. Il existe également un espace consacré aux expositions de fleurs ainsi que d’autres espaces thématiques : l’île des Roses, l’île des peupliers et le Jardin japonais. La végétation cache d’un endroit à l’autre plusieurs sculptures et œuvres d’art réalisées par des artistes roumains de renom, tels Ion Jalea et Filip Marin. Le lac Herastrau est utilisé pour des loisirs, pour la pêche, mais aussi pour les sports nautiques. (Trad. Alex Diaconescu)