Le Palais de la Caisse d’Epargne de Bucarest
L’avènement de Carol Ier au trône des principautés roumaines, dans la seconde moitié du 19e siècle, a signifié non seulement l’accélération de la modernisation de l’Etat, mais aussi le développement sans précédent des villes roumaines. Pendant quelques décennies seulement, jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, plusieurs bâtiments monumentaux apparaissent à Bucarest. Ces immeubles imposants sont le plus souvent l’œuvre d’architectes étrangers ou d’architectes roumains, ayant fait des études à l’étranger, et suivent les styles de l’époque, imposés surtout par le goût parisien. Un des bâtiments qui semble être retirés de la capitale française et posés à Bucarest, est le Palais de la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse d’épargne, véritable repère de Bucarest, qui n’a pas changé d’utilisation depuis sa construction. Le bâtiment accueille toujours la toute première banque de Roumanie.
Steliu Lambru, 10.01.2017, 13:56
L’avènement de Carol Ier au trône des principautés roumaines, dans la seconde moitié du 19e siècle, a signifié non seulement l’accélération de la modernisation de l’Etat, mais aussi le développement sans précédent des villes roumaines. Pendant quelques décennies seulement, jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, plusieurs bâtiments monumentaux apparaissent à Bucarest. Ces immeubles imposants sont le plus souvent l’œuvre d’architectes étrangers ou d’architectes roumains, ayant fait des études à l’étranger, et suivent les styles de l’époque, imposés surtout par le goût parisien. Un des bâtiments qui semble être retirés de la capitale française et posés à Bucarest, est le Palais de la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse d’épargne, véritable repère de Bucarest, qui n’a pas changé d’utilisation depuis sa construction. Le bâtiment accueille toujours la toute première banque de Roumanie.
Situé sur l’avenue Victoriei (de la Victoire), près de la rue marchande de Lipscani, le palais est érigé sur un lieu important pour les Bucarestois, explique l’historien Dan Falcan : « Avant la construction de ce palais imposant, qui a démarré le 8 juin 1897, en présence du roi Carol Ier et de la Reine Elisabeth, le lieu était occupé par l’église et le monastère de Saint Jean le Grand. C’était une vieille église, érigée presque trois siècles auparavant. Une première église consacrée à Saint Jean avait été attestée au même endroit dès le 17e siècle, mais elle a été entièrement reconstruite par le prince régnant Constantin Brancovan entre 1703 et 1705. C’était une très belle église, dont certains fragments sont exposés au musée Curtea Veche, de l’ancienne cour princière de Valachie. Malheureusement, après la restauration de 1705, l’église s’est considérablement dégradée et a dû être démolie en 1975. L’église et le monastère Saint Jean le Grand possédaient d’amples terrains qui s’étendaient des rives de la rivière de Dâmbovita jusqu’au Cercle militaire d’aujourd’hui, avenue Victoriei ».
C’est dans une aile de ce monastère qu’en 1864 fonctionnait l’institution de la Caisse des dépôts et consignations, comme était appelée la Caisse d’épargne à l’époque. C’était la première banque d’Etat des Principautés roumaines unies. Elle fut fondée par un décret du prince régnant Alexandru Ioan Cuza. Ce premier siège de la Caisse d’épargne allait être remplacé par l’actuel palais, érigé précisément sur le premier emplacement. Pour le nouveau bâtiment, les responsables de l’institution ont accepté le projet de l’architecte Paul Gottereau.
Détails avec l’historien Dan Falcan : « Paul Gottereau était un des architectes officiels de l’époque. Nombre d’immeubles de Bucarest portent sa signature, même si d’autres ingénieurs avaient coordonné leur construction. Dans le cas du Palais de la Caisse d’épargne, le constructeur était Ion Socolescu. Paul Gottereau a contribué, entre autres, à la rénovation du Palais Royal et du Palais de Cotroceni. C’était un de ces architectes étrangers, surtout français, venus en Roumanie au cours de la seconde moitié du 19e siècle, dont Théophile Bradeau, Albert Galleron et le Suisse Louis Blanck. C’est à eux que l’on doit le surnom de Petit Paris donné à la Capitale roumaine, puisqu’une fois arrivés à Bucarest ils ont travaillé à la manière parisienne. Ce qui plus est, les architectes roumains de l’époque avaient tous fait des études à Paris et créaient dans le style qu’ils avaient appris dans la capitale française. Les édifices érigés, à Bucarest, entre 1880 et 1914, portaient donc l’empreinte de l’architecture française. Le palais de la Caisse d’épargne ressemble dans une certaine mesure au Petit Palais de Paris. Paul Gottereau a commencé sa construction en 1897 pour l’achever en 1900. C’est un édifice imposant, qui étonne par son fronton en demi-cercle, surplombant l’entrée principale et reposant sur quatre colonnes, bâti dans un style éclectique. Les deux coupoles latérales appartiennent au style Renaissance. Bien qu’imposant, le Palais a un style harmonieux, qui s’intégrait bien parmi les autres immeubles qui bordaient l’Avenue Victoriei, à l’époque. De l’autre côté du boulevard, se trouve l’ancien Palais de la Poste, l’actuel musée national d’histoire, érigé à la même époque, mais d’après le projet de l’architecte roumain Alexandru Savulescu. »
L’intérieur du Palais de la Caisse d’épargne est tout aussi spectaculaire que l’extérieur. L’immense salle des guichets qui accueille les visiteurs est richement décorée. Depuis 2005, aux côtés de la CEC Bank, l’ancienne Caisse d’épargne, unique institution bancaire à capital d’Etat, un musée de l’institution fonctionne à l’intérieur du bâtiment. Y sont exposées des objets qui montrent l’évolution historique de la Caisse d’épargne : documents originaux illustrant les transactions de l’époque, produits bancaires des années du début de l’institution, tirelires et coffres forts d’antan, ainsi que matériaux de promotion : timbres, médailles, insignes, cartes postales. (Trad. Alex Diaconescu)