Le musée Minovici
Plusieurs édifices bucarestois dont deux musées doivent leur existence aux trois frères Minovici – Mina, Nicolae et Stefan – connus pour avoir épaulé le développement en Roumanie des recherches scientifiques dans des domaines clé, tels la chimie et la médecine légale. Fondateur, en 1906, du premier service d’ambulance de la capitale roumaine, le docteur Nicolae Minovici reste dans la mémoire collective plutôt comme propriétaire de la Villa aux clochettes. Construite dans l’extrémité nord de Bucarest, au bord de la route reliant la capitale à ses deux aéroports de Baneasa et d’Otopeni, la villa marquait au début du XXe siècle le point terminus de la promenade que le beau monde faisait en fiacre les jours de fête.
Christine Leșcu, 12.07.2016, 12:10
Plusieurs édifices bucarestois dont deux musées doivent leur existence aux trois frères Minovici – Mina, Nicolae et Stefan – connus pour avoir épaulé le développement en Roumanie des recherches scientifiques dans des domaines clé, tels la chimie et la médecine légale. Fondateur, en 1906, du premier service d’ambulance de la capitale roumaine, le docteur Nicolae Minovici reste dans la mémoire collective plutôt comme propriétaire de la Villa aux clochettes. Construite dans l’extrémité nord de Bucarest, au bord de la route reliant la capitale à ses deux aéroports de Baneasa et d’Otopeni, la villa marquait au début du XXe siècle le point terminus de la promenade que le beau monde faisait en fiacre les jours de fête.
Bâtie en style néo-roumain ou néo-brancovan par l’architecte Cristofi Cerchez, un proche du docteur Minovici, la construction avait son rôle précis, nous dit l’historien Adrian Majuru, directeur du Musée de la ville de Bucarest: «Minovici prenait constamment contact avec ses confrères occidentaux qui le connaissaient très bien. Même si ceux-ci savaient pas mal de choses sur le docteur, ils ignoraient presque tout de son pays. Or, pour échapper à fournir des explications à tout moment, Minovici a décidé de mettre en place un projet censé parler par lui-même des valeurs nationales. C’est alors qu’il a décidé de faire appel à son ami, Cristofi Cerchez, pour lui demander d’imaginer une maison en style néo-roumain dont la structure reprenne les caractéristiques de la maison fortifiée traditionnelle appelée «cula», spécifique à la Roumanie rurale et à la zone des Balkans. L’idée de reprendre, il est vrai, d’une façon stylisée et modernisée, ce concept architectural, lui a permis d’incorporer à l’intérieur de sa future villa une chapelle. En attendant la fin des travaux, Minovici a commencé à faire l’acquisition de toute sorte d’objets d’art. Si entre la fin du XXe siècle et le début de la Grande Guerre, sa passion de collectionneur ne fut pas des plus évidentes, elle allait exploser au moment où Minovici s’installa à Cluj pour y organiser, 20 années durant, l’enseignement médical universitaire de la contrée. C’est à compter de ce moment-là que le docteur commence à se pencher sur des régions ethnographiques distinctes, une approche lui permettant d’inaugurer en 1906, le musée privé Villa Minovici, une année seulement après le début des travaux. Il s’agissait d’un musée particulier puisque son fondateur le voulait une sorte de musée d’art national, le premier de Roumanie digne d’un tel titre».
Le musée a fait vite sa renommée parmi les Bucarestois attirés aussi bien par l’entrée libre que par l’inédit des 40 clochettes ornées de plumes d’oie que le vent agitait en faisant sonner sur la terrasse couverte de la villa. Selon la tradition roumaine, les clochettes avaient le don de chasser les mauvais esprits et les démons. Quand elles sonnaient dans le vent, les esprits malveillants prenaient la fuite et se dissipaient dans l’air. Travaillées en verre, les clochettes viennent d’être restaurées et remises à leur place. D’ailleurs, il convient de mentionner à l’intention de tous ceux qui souhaitent visiter le musée que l’édifice a subi d’importants travaux de restauration financés de fonds communautaires.
Adrian Majuru, directeur du Musée de la ville de Bucarest : «Je voudrais vous dire qu’un parc est actuellement en cours d’aménagement sur les lieux où il y a cent ans, Minovici avait mis en place une ferme à vocation sociale alliant culture, élevage et production. En fait, Minovici avait créé en 1906 une société caritative dite du Salut et un bureau de sécurité sociale censé contribuer à la réinsertion sociale des mendiants de Bucarest. Or, une partie d’entre eux travaillaient déjà à la ferme aux frais du docteur et les produits ainsi obtenus servaient au ravitaillement de leurs confrères restés dans la rue».
En 1936, le docteur Nicolae Minovici décide de faire don de son musée à l’État roumain et depuis lors, la villa appartient à la Municipalité de Bucarest. Il y a également un deuxième musée qui rattache son nom à la famille Minovici. Construit juste derrière la Villa aux clochettes, le Musée d’art ancien occidental doit son existence à un des neveux des frères Minovici, l’ingénieur Dumitru Furnica. (Trad. Ioana Stancescu)