Le château de Bohus d’Arad
Située dans l’ouest du pays, la localité de Şiria est connue notamment pour sa valeur culturelle, tout comme d’autres localités de la région de Banat. Sa renommée est due notamment à l’écrivain Ioan Slavici, un des classiques de la littérature roumaine, qui est né à Şiria en 1848. De nos jours, un musée entier est dédié à Ioan Slavici, dans un bâtiment également important pour l’histoire et la culture des lieux : le château de Bohus. L’histoire du château commence par l’anoblissement de la famille d’origine slovaque Bohus par la maison impériale de Habsbourgs qui lui à offert aussi un domaine à Şiria. C’est sur ces terres que la famille Bohus a fait construire trois résidences, dont la plus importante fut érigée entre 1824 et 1838 par Janos Bohus, le plus célèbre membre de cette famille.
Christine Leșcu, 08.07.2016, 13:01
Située dans l’ouest du pays, la localité de Şiria est connue notamment pour sa valeur culturelle, tout comme d’autres localités de la région de Banat. Sa renommée est due notamment à l’écrivain Ioan Slavici, un des classiques de la littérature roumaine, qui est né à Şiria en 1848. De nos jours, un musée entier est dédié à Ioan Slavici, dans un bâtiment également important pour l’histoire et la culture des lieux : le château de Bohus. L’histoire du château commence par l’anoblissement de la famille d’origine slovaque Bohus par la maison impériale de Habsbourgs qui lui à offert aussi un domaine à Şiria. C’est sur ces terres que la famille Bohus a fait construire trois résidences, dont la plus importante fut érigée entre 1824 et 1838 par Janos Bohus, le plus célèbre membre de cette famille.
Anca Majaru, architecte spécialiste du patrimoine, a étudié l’histoire du château de Bohus et nous fournit davantage de détails : « Janos Bohus fit construire sa résidence en style néoclassique, sobre, spécifique tant à son époque qu’à la zone où elle a été érigée. Initialement, la résidence Bohus a été imaginée comme un bâtiment à sous-sol et rez-de-chaussée, avec quatre ailes liées autour d’une cour intérieure. L’édifice devait accueillir tant des espaces habitables, telles les salons et les appartements, que des espaces secondaires desservant les pièces principales et d’autres annexes. Le corps principal, celui des appartements proprement-dits, était en U, avec la partie la plus courte donnant sur la rue. C’est ici que se trouvaient les salons d’accueil, l’entrée principale étant décorée d’un fronton de temple classique aux colonnes doriques. les annexes qui desservaient le ménage donnaient sur le jardin. Les modifications infligées à ce bâtiment ont visé notamment ces annexes, qui fermaient ce périmètre rectangulaire. Malheureusement, elles ont connu un processus d’effondrement rapide après la Deuxième Guerre Mondiale et le coin nord-est de l’immeuble a été finalement démoli. »
Si le style de la maison se faisait remarquer par son classicisme, par la sobriété et la conformité aux habitudes de l’époque, ses propriétaires avaient en échange des penchants révolutionnaires.
Anca Majaru évoque les membres de la famille Bohus : «Janos Bohus et Antonia Szögény Bohus sont les personnages principales de cette famille. Les deux ont activement participé à la Révolution de 1848 – 1849, en Transylvanie. Ironie du sort, ce fut précisément leur château qui a accueilli la signature de la capitulation des troupes hongroises, après la bataille de Seleus – Şiria contre les troupes russes, appelées en renfort par les commandants de l’armée autrichienne. L’implication de la baronne de Bohus dans la culture locale et dans celle du royaume de Hongrie a également été importante, puisqu’elle était connue comme une féministe de proue, impliquée dans l’éducation et l’amélioration du niveau de vie des gens des lieux. Le fils de ce couple, Laszlo Bohus, a été, lui aussi, important, se faisant remarquer tant par son activité politique que par l’inauguration à Arad de plusieurs institutions de culture. »
Prosateur talentueux, journaliste, activiste politique, ami du grand poète roumain Mihai Eminescu et du plus important dramaturge roumain Ion Luca Caragiale, Ioan Slavici a vécu en Transylvanie et à Bucarest, avant l’Union de 1918. La maison où il avait habité à Bucarest n’existe plus. On connait seulement son emplacement, tout comme ce fut aussi le cas de la maison natale de Şiria. C’est pourquoi, au début des années 1960, le château Bohus semblait être l’endroit idéal pour accueillir un musée dédié à Ioan Slavici.
Anca Majaru évoque la fin de la famille Bohus : « Avec la mort de Laszlo Bohus, la lignée masculine de la famille s’éteint, puis avec les changements historiques du début du 20e siècle, le domaine de Şiria a été abandonné par la famille Bohus. Après la seconde guerre mondiale, le château sera placé sous une gestion publique, qui décidera, dans les années 1960, de l’aménagement d’un musée à la mémoire de la grande personnalité culturelle roumaine de la commune de Şiria, l’écrivain Ioan Slavici. Aujourd’hui, le château abrite une collection consacrée à l’écrivain et une autre dédiée au compositeur Emil Montia. L’espace consacré à Slavici présente des éléments qui décrivent ses années d’étude à Arad, Budapest et Vienne. Le bureau où il travaillait, les meubles de son salon de Bucarest ainsi que plusieurs manuscrits de ses œuvres sont à retrouver au château de Bohus. »
De nos jours, le château est bien conservé et son parc vient d’être remis à neuf. Autant de raisons de le visiter. (Trad. Alex Diaconescu)