Alexandru Şafran
Né le 12 septembre 1910, il est le fils et le disciple de Betatel Zeev Şafran, premier rabbin de la ville de Bacau. Il mène une enfance studieuse lui permettant de devenir, à onze ans seulement, secrétaire de son père avant de remplacer celui-ci, à 19 ans, à la tête du rabbinat de sa ville natale. Entre 1930 et 1934, il suit les cours de l’Institut de Hautes Etudes Rabbiniques et de l’Université de Vienne, l’occasion de se voir décerner le titre de docteur en philosophie et de se faire remarquer par Sigmund Freud. Il épouse en 1936 Sarah Reinhartz de Iasi et quatre années plus tard, il accède au poste de Grand rabbin de Roumanie. Ainsi, à 29 ans seulement, Alexandru Şafran devient le chef spirituel de la troisième communauté juive d’Europe du point de vue démographique.
Ana-Maria Cononovici, 05.07.2016, 13:22
Né le 12 septembre 1910, il est le fils et le disciple de Betatel Zeev Şafran, premier rabbin de la ville de Bacau. Il mène une enfance studieuse lui permettant de devenir, à onze ans seulement, secrétaire de son père avant de remplacer celui-ci, à 19 ans, à la tête du rabbinat de sa ville natale. Entre 1930 et 1934, il suit les cours de l’Institut de Hautes Etudes Rabbiniques et de l’Université de Vienne, l’occasion de se voir décerner le titre de docteur en philosophie et de se faire remarquer par Sigmund Freud. Il épouse en 1936 Sarah Reinhartz de Iasi et quatre années plus tard, il accède au poste de Grand rabbin de Roumanie. Ainsi, à 29 ans seulement, Alexandru Şafran devient le chef spirituel de la troisième communauté juive d’Europe du point de vue démographique.
On passe le micro à Alexandru Şafran qui évoquait en 2003 au micro de Radio Roumanie, la période de sa nomination aux fonctions de grand rabbin de Roumanie : « Les élections ont été vraiment extraordinaires, car elles restent dans l’histoire du judaïsme roumain comme les dernières élections libres et démocratiques organisées par les représentants de la communauté juive de Roumanie. Quels furent les facteurs ayant contribué à mon élection ? D’abord, le prestige de mon père. Quand à sa mort, je suis devenu rabbin de Bacau, la communauté a vu en moi la chance de continuer sa démarche de grand érudit. Ensuite, je fus un jeune totalement imprégné de l’esprit roumain, de la langue roumaine dans tout ce qu’elle a d’authentique. Tous ces facteurs ont contribué à mon élection ».
Membre du Sénat de la Roumanie, Alexandru Şafran s’est fait connaître par ses multiples tentatives d’empêcher les abus des membres du parti pro-fasciste et les arrestations arbitraires qu’ils pratiquaient. Par son combat, le rabbin a réussi à sauver plusieurs synagogues et cimetières juifs condamnés à la fermeture sous l’ordre du ministre pro-fasciste Radu Budisteanu.
Une démarche qu’Alexandru Şafran remémore au micro de RRI : « L’année de mon élection à la tête du rabbinat roumain, la situation des Juifs aussi bien en Europe qu’en Roumanie était spéciale. L’antisémitisme était devenu officiel. En tant que grand rabbin né en Roumanie, mais profondément lié à la population juive, je suis passé à l’attaque contre les bêtes sauvages. Bien sûr, une attaque spirituelle, non pas politique. Une action religieuse ! J’ai cherché à dénicher dans l’être humain l’étincelle divine. Ce fut là ma démarche. »
Le 22 décembre 1947, Alexandru Şafran se voit contraint de signer un document stipulant son départ en vacances, à Eretz, en Israël. Une manœuvre par laquelle, il fut forcé de quitter la Roumanie aux côtés de son épouse et ses deux enfants.
Professeur à l’Université de Genève, kabbaliste érudit, théologue rigoureux, philosophe, Alexandru Şafran est l’auteur d’une œuvre impressionnante réunissant plus de 250 articles parus dans des volumes collectifs. Devenu grand rabbin de Genève, il a joué presque un demi siècle un rôle important dans les efforts de réconciliation juivo- chrétienne. Au bout de presque 50 années d’exil, Alexandru Şafran a été reçu officiellement en Roumanie où il s’est vu accorder le titre de citoyen d’honneur de la ville de Bacau, de Docteur Honoris Causa de l’Université de Iasi et de membre d’honneur de l’Académie roumaine.Il s’éteint le 27 juillet 2006, à Genève. (Trad. Ioana Stancescu)