La cité Alba Carolina
Ville florissante à l’époque de la conquête romaine, ancienne capitale de la Transylvanie, où ont eu lieu la proclamation de la Grande Roumanie et le couronnement du premier souverain de tous les territoires roumains unis, Alba Iulia est, depuis longtemps, un repère culturel et historique. C’est en égale mesure une attraction touristique, et une des principales raisons, c’est la citadelle Alba Carolina, récemment restaurée. Ses portes, surtout la première, similaire à un arc de triomphe, est l’image de la ville.
Christine Leșcu, 03.05.2016, 13:40
D’ailleurs, les débuts de l’habitation à Alba Iulia et ceux de la citadelle se sont mélangés depuis les temps les plus reculés, nous disait Liviu Zgârciu, historien au Musée national de l’Union d’Alba Iulia : « Tout de suite après la conquête de la Dacie, en l’an 106, l’empereur Trajan décide d’ériger le camp où la Légion XIII Gemina allait stationner en permanence, pour la période d’occupation de la Dacie par les Romains. C’était sur le plateau où se dresse aujourd’hui la citadelle Alba Carolina. Autour du camp se développe la ville d’Apulum, une des plus grandes de la Dacie romaine, qui comptait 30.000 habitants au début du 3e s. Le retrait d’Aurélien de Dacie en 271 n’a pas entraîné le départ de la population, et l’ancien camp a été transformé en cité médiévale, appelée la cité de Bălgrad – nom sous lequel Alba Iulia et sa citadelle étaient connues au Moyen Age. Au XVIe s, après 1541 lorsque Alba Iulia devient capitale de la principauté de Transylvanie, la cité de Bălgrad a été élargie. Elle s’est vu ajouter deux bastions – celui des Saxons et le Bastion Bethlen – visibles même de nos jours. »
Après 1700, donc après la conquête de la Transylvanie par les Autrichiens, le besoin d’élever une forteresse puissante dans la région s’est fait jour. La cité de Bălgrad a été choisie pour que la cité de Alba Carolina soit construite. Pour ce qui est de la forme de la nouvelle fortification, elle a été bâtie d’après le modèle célèbre à l’époque appartenant au Français Vauban, un modèle d’heptagone irrégulier. Sept bastions allient lui conférer une image étoilée.
L’historien Liviu Zgârciu nous donne des détails : « Les travaux ont commencé en novembre 1715. L’année dernière, on a célébré les 300 ans écoulés depuis la pose de la première pierre. C’était un ouvrage ample, coordonné initialement par un architecte italien, Giovanni Morandi Visconti. La main d’œuvre locale, des paysans serfs, a été utilisée pendant 23 ans, de 1715 à 1738. L’intérieur de la citadelle Alba Carolina est défendu par 7 bastions, chacun portant le nom d’une personnalité historique. Elle a été bâtie en style Vauban, d’après le modèle créé par l’architecte et ingénieur militaire Sébastien de Vauban, devenu célèbre pendant le règne du Roi-Soleil, Louis XIV. Les autorités autrichiennes ont pris connaissance de ce type de fortification pendant les guerres entre la France et l’Empire des Habsbourg. « Alba » vient du nom de la ville d’Alba Iulia, et « Carolina » – du nom de l’empereur d’Autriche Charles VI, pendant le règne duquel la cité a été érigée. »
Ce n’est pas seulement sa forme étoilée et les portes monumentales qui donnent la beauté de la cité Alba Carolina, mais aussi les bâtiments qu’elle abrite. Certains sont d’importants lieux de culte et d’enseignement, tel que le siège local de la Bibliothèque nationale Batthyaneum. L’historien Liviu Zgârciu : « Dès le moment où les Autrichiens ont élevé la cité, les bâtiments à l’intérieur sont modifiés, et certains même démolis. Au moment où les Autrichiens y installent leur garnison, les constructions deviennent des bâtiments militaires. De nouveaux sont bâtis aussi ; c’est le cas de l’édifice qui abrite le Musée de l’Union, appelé « Babylone ». Il a été construit entre 1851 et 1855. 50 années plus tard, vers 1900, la Salle de l’Union est bâtie aussi – initialement, c’était une Maison de l’armée. Après l’Union de 1918, l’armée roumaine s’installe dans la cité, et dès lors, la Salle de l’Union devient représentative pour l’histoire des Roumains. C’est l’endroit où allait être prise la décision de l’union de la Transylvanie, du Banat, de la Crişana et du Maramureş avec le Royaume de Roumanie, le 1er décembre 1918. Après 1918, le première construction à architecture roumaine est la Cathédrale du sacre».
C’est là que, le 15 octobre 1922, furent couronnés les premiers souverains de la Grande Roumanie : le roi Ferdinand et la reine Marie. (trad.: Ligia Mihăiescu)