Sergiu Comissiona
Au fil du temps, la Roumanie a donné au monde musical d’excellents chefs d’orchestre. Au moins deux personnalités d’envergure internationale sont à mentionner actuellement : Sergiu Comissiona et Lawrence Foster. Commençons par Sergiu Comissiona, avec sa carrière extraordinaire qui l’a porté d’Haïfa, en Israël, à Göteborg, en Suède et depuis Baltimore et New York, aux Etats-Unis, à Vancouver, au Canada.
Luana Pleşea, 12.02.2016, 15:25
Au fil du temps, la Roumanie a donné au monde musical d’excellents chefs d’orchestre. Au moins deux personnalités d’envergure internationale sont à mentionner actuellement : Sergiu Comissiona et Lawrence Foster. Commençons par Sergiu Comissiona, avec sa carrière extraordinaire qui l’a porté d’Haïfa, en Israël, à Göteborg, en Suède et depuis Baltimore et New York, aux Etats-Unis, à Vancouver, au Canada.
Sergiu Comissiona est né en 1928, à Bucarest, dans une famille juive. Il a étudié la direction d’orchestre notamment avec Constantin Silvestri et il a débuté de manière inattendue à 17 ans seulement, à l’Opéra d’Etat de Bucarest, dans « Faust » de Charles Gounod. En 1955 il allait devenir le chef d’orchestre principal de l’Opéra roumain. En 1959, en raison de la politique menée par le régime communiste, il finit par émigrer avec sa famille en Israël, où il est nommé directeur musical de l’Orchestre symphonique d’Haïfa.
Le musicologue Valentina Sandu Dediu explique : «Ce qui est très intéressant, c’est que, bien qu’ayant quitté la Roumanie en 1959, Sergiu Comissiona, est resté très attaché à ce pays, il a continué à diriger des oeuvres de compositeurs roumains : George Enescu, avant tout, bien sûr, mais aussi Anatol Vieru, Aurel Stroe et bien d’autres encore. Depuis 1990, après la chute du communisme, il est revenu assez souvent en Roumanie, notamment dans le cadre du Festival international de musique « George Enescu ». Il a même été membre du jury du Concours Enescu, organisé en marge du Festival, il parlait impeccablement le roumain. Il avait donc gardé les liens avec le pays où il était né et avec sa musique. »
Haïfa a été le premier repère de sa carrière internationale, mais d’autres allaient s’y ajouter très vite. Valentina Sandu Dediu : «Cela ne s’est pas nécessairement fait par étapes. Il commence à voyager au Royaume Uni, pour des spectacles à Convent Garden. Il dirige également l’Orchestre philharmonique de Londres. Au début des années ’60, il se rend également pour des concerts aux Etats Unis et en 1966 il devenait le directeur musical de l’orchestre de Göteborg. C’est en 1969 qu’a commencé sa très longue collaboration avec l’Orchestre symphonique de Baltimore et il a été, parallèlement, le directeur musical de l’Orchestre de Houston. Ce qui est intéressant, c’est que là, il a succédé à Lawrence Foster, lui aussi d’origine roumaine. Il a travaillé avec l’Orchestre de Vancouver. Dans les années ’80 il a été le directeur musical de l’Opéra de New York. On le retrouve aussi à Hilversum, aux Pays-Bas, à Helsinki, en Finlande, à Madrid, en Espagne, pour ne mentionner que les villes où il a été chef d’orchestre principal ou a eu une fonction stable pendant de longues années. Autrement, il est monté sur toutes les grandes scènes du monde. »
Il est difficile de résumer une si longue et riche carrière en très peu de mots. Quelles seraient les particularités du chef d’orchestre Sergiu Comissiona, selon le musicologue Valentina Sandu Dediu ?
Valentina Sandu Dediu : « Il avait une approche du discours musical plutôt intuitive et instinctive qu’intellectuelle. Sa générosité émotionnelle se dévoilait dans les grandes œuvres du romantisme. Il était très attentif aux nuances et la sonorité de l’orchestre était transparente et légère. C’est ce qu’affirmait un critique de Baltimore qui l’a vu diriger là-bas pendant des dizaines d’années. Le même critique affirmait que les gestes de Sergiu Comissiona et toute sa personne était de vieille mode, dans le bon sens du terme, nous conduisant vers l’époque d’or des monstres sacrés de la baguette.» ( Trad. : Dominique)