L’histoire de l’automobile tout terrain roumaine ARO
L’industrie des véhicules tout-terrain commence en Roumanie à la fin des années 1950. Pendant la deuxième guerre mondiale, ce type de véhicules avait été utilisé surtout par l’armée américaine. La marque Jeep est devenue la référence classique en matière de tout-terrain et son nom est devenu un nom commun pour le type d’automobiles qu’il produisait. Après la guerre, les véhicules de type Jeep, à traction intégrale, ont commencé à être produits même en Union soviétique et ont été exportés dans les pays contrôlés par les Soviétiques.
Steliu Lambru, 23.10.2015, 14:19
Les véhicules tout-terrain ont commencé à être produits pour doter l’armée et les troupes du ministère de l’Intérieur. La Roumanie a commencé à produire des SUV à la fabrique de Câmpulung Muscel depuis 1957. Le nom de la fabrique était Aro, abrégé de « Automobile roumaine ». L’acronyme « Aro » avait existé même pendant l’entre-deux-guerres, mais il avait appartenu à une compagnie d’assurances. La première plate-forme d’autos tout-terrain Aro qui sortait sur la porte de l’usine de Câmpulung était celle du modèle IMS-57.
Ce véhicule était une adaptation du véhicule soviétique GAZ-69, qui avait été, à son tour, une adaptation d’un modèle produit par le constructeur américain Dodge. L’habitacle n’avait pas de toit, une bâche pouvant protéger les passagers en cas de temps défavorable. La carrosserie avait deux portières, et le moteur était de 3200 cm cubes, avec une puissance de 50 CV ; il pouvait rouler à maximum 80 km/h et avait une consommation d’essence de 24 l/100 km. Comme une curiosité, l’IMS-57 avait des essuie-glace manuels. Pendant deux ans, soit jusqu’en 1959, environ 1000 unités de ce modèle ont été produites.
En 1959, l’IMS-57 a été remplacé par un modèle aux caractéristiques améliorées, l’IMS-59. Les différences étaient non seulement au niveau de l’habitacle, elles concernaient aussi les performances du moteur. Deux variantes d’IMS-59 ont été fabriquées, avec 2 et respectivement 4 portes, la bâche a disparu, l’habitacle étant prévu d’une carrosserie complète. La puissance du moteur a été accrue à 56 CV, et la vitesse maximale de déplacement pouvait atteindre les 90 km/h. L’essuie-glace manuel a été remplacé par un autre, électrique. Ce véhicule allait être produit jusqu’en 1963. Cette année-là, le nombre d’exemplaires sortis des portes de l’usine était d’environ 3000.
La plate-forme IMS a continué à être améliorée, et le troisième modèle est apparu en 1964. Il s’agissait de M-461, avec un nouveau design et des performances supérieures du moteur de 2500 cm cubes. Sa puissance était de 70 CV, et la vitesse maximale de déplacement était arrivée à 100 km/h. La consommation avait été améliorée aussi, 17 litres d’essence/100 km. Ce modèle a commencé à être vendu à l’exportation, ce qui était une nouveauté ; la Chine en a été le principal bénéficiaire, avec 2000 unités. La Colombie a également manifesté son intérêt pour le tout-terrain roumain. Qui a gagné deux rallyes internationaux – le Forests Rally de Belgique, en 1970, et celui de 1973 dans l’Etat d’Oregon, aux Etats Unis. En tout, la fabrique de Câmpulung Muscel a produit environ 80.000 unités M-461, dont plus de la moitié ont été exportées, certaines aussi sur le marché allemand.
Les ingénieurs de l’entreprise Aro ont conçu l’Aro 24 sur une deuxième plate-forme. Le premier modèle de la série, Aro 240, a été lancé en 1972 et a été suivi par les modèles 241, 242, 243, 244, 246, 263, 264 et 266, soit différentes déclinaisons du modèle de base. Les modèles Aro 24 avaient 2, 3, 4 ou 5 portières, certains étaient décapotables ; c’étaient tant des véhicules à essence que diesel, à traction intégrale ou pas. L’Aro 264 était destiné au marché américain et avait un empattement accru, porté de 2350 à 2600 mm. L’Aro 24 allait être produit jusqu’en 2006.
La 3e plate-forme, Aro 10, était considérée la variante allégée de l’Aro 24, et a été lancée en 1980. A l’instar des modèles Aro 24, l’Aro 10 a été équipé de moteurs à essence et diesel, à traction 2×4 ou intégrale. C’est toujours dans les années 1980 qu’allaient apparaître les plates-formes Aro 3XX et Aro 4XX pour le transport de marchandises et des mini-bus pour le transport de personnes. A noter que, sur demande des partenaires étrangers, les jeeps Aro étaient équipées de moteurs produits par d’autres constructeurs : Ford, Toyota, Renault, Daewoo et autres.
Après 1989, l’usine Aro a connu le déclin, et le début des années 2000 a apporté un blocage économique et financier. Une des causes qui a mené à la faillite de l’usine produisant l’unique modèle tout-terrain roumain a été celle qui a conduit à la désindustrialisation de la Roumanie : la technologie vieillie et l’absence de compétitivité des nouveaux produits. Les tentatives successives de privatiser la société et de la relancer ont échoué. En 2007, année de l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, l’entreprise Aro a définitivement fermé ses portes. (Trad. Ligia Mihaiescu)