La première école d’aviation civile roumaine
A la fin de la première guerre mondiale, lunion des provinces roumaines en un seul royaume a favorisé lessor économique du nouvel Etat. Le développement de laviation na pas tardé non plus, surtout que des Roumains tels Traian Vuia, Aurel Vlaicu et Henri Coanda avaient marqué le début de ce nouveau domaine. Et pourtant, après 1918, laviation restait un secteur géré exclusivement par larmée et les vols civils étaient rares.
Christine Leșcu, 24.12.2014, 13:45
Tout cela change en 1928 lorsque les frères Mircea et Ioana Cantacuzino, Cantacuzène en français, descendants dune illustre famille princière roumaine, ouvrent la première école roumaine de pilotage civil. Mircea avait suivi les cours dingénierie du Collège Technique de Charlottenburg, en Allemagne, alors que Ioana, laînée, avait étudié à Calimanesti et puis en France. Elle est, dailleurs, la première roumaine à obtenir le brevet de pilote et la première roumaine directrice décole daviation.
Les deux frères ont fondé lécole daviation avec laide de leurs amis et familles. Mettant à profit le domaine familial de la localité de Cornu, du comté de Prahova, dans le sud du pays, Mircea a fait construire un hangar et un point de rassemblement pour les aviateurs de son école, autre que celui de laéroport de Baneasa où était basée lécole.
Le pilote commandeur Dan Hadârca évoque les contexte dans lequel Mircea Cantacuzène a ouvert son école de pilotage: « Avant la première guerre mondiale, 4 ou 5 personnes avaient obtenu des brevets de pilotes à létranger sous légide de la Fédération aéronautique internationale. Laéroclub de Roumanie pouvait accorder des licences de pilote reconnus par cette Fédération, mais avant la guerre, la majorité des instructeurs avaient été emmenés de létranger. En 1927, Mircea Cantacuzino (de son nom roumain) fait une série de démarches pour acheter un avion en Allemagne, où fonctionnaient plusieurs producteurs indépendants davions. Il a fini par acheter un aéronef Klemm à moteur Messerschmitt. Cet avion, tout comme les autres quil allait acheter, a été choisi conformément aux suggestions faites par son ami Octav Oculeanu, qui était aussi linstructeur de lécole. Celui-ci avait fait plusieurs vols dessai et en vertu de son expérience de pilote militaire, il a été à même de lui donner un conseil avisé. Au début, lécole avait seulement 7 élèves-pilotes, mais par la suite, après les tests médicaux de lépoque, deux dentre eux ont été déclarés inaptes pour apprendre à piloter. »
La période dactivité de lécole daviation fondée par Mircea et Ioana Cantacuzino a coïncidé avec une période deffervescence de laviation roumaine, dominée dailleurs par les descendants dex-familles régnantes telles George Valentin Bibescu et Bâzu Cantacuzino, membre de la même famille que Mircea. Dan Hadârca parle notamment de cette époque : « Jusquà un certain moment, cétait assez facile pour les écoles de pilotage et les propriétaires daéronefs dacheter de la technologie, parce que lEtat couvrait une partie du prix de catalogue dun avion. Ce fut notamment grâce à cette mesure que lentre-deux-guerres a représenté lâge dor de laviation roumaine. Durant les 25 années écoulées depuis la révolution anticommuniste roumaine, le nombre des avions immatriculés en Roumanie est inférieur à celui de 1928 – 1940, soit une période de 12 ans. Nous navons pas réussi à instruire autant de pilotes non plus », a constaté le pilote commandeur Dan Hadârca.
Lécole de pilotage des frères Cantacuzène continue son activité jusquen 1940, même après la mort de son fondateur en 1930 dans un accident aéronautique. Ce fut sa sœur, Ioana Cantacuzino, qui allait assumer la direction de lécole. A cause de la guerre, la vaste majorité des écoles de pilotage roumaine ont été réunies et subordonnées au Ministère de lAir et de la Marine. De nos jours, les descendants de Mircea Cantacuzène et de son fils Dan honorent la mémoire de la famille par le biais de la « Fondation mémorielle roumaine Mircea et Dan Cantacuzène » qui vient déditer un album sur lEcole daviation Mircea Cantacuzino. (trad.: Ligia Mihaiescu)