George Enescu
« La perfection, qui est la passion de tant de gens, ne mintéresse pas. Ce qui compte, dans lart, cest de vibrer soi-même et de faire les autres vibrer ». Voilà le credo du premier compositeur roumain entré dans le patrimoine culturel mondial : George Enescu.
Luana Pleşea, 19.08.2020, 13:20
« La perfection, qui est la passion de tant de gens, ne mintéresse pas. Ce qui compte, dans lart, cest de vibrer soi-même et de faire les autres vibrer ». Voilà le credo du premier compositeur roumain entré dans le patrimoine culturel mondial : George Enescu.
La musicienne et musicologue Maria Balabaş nous explique ce qui a valu à Enescu cette place dans le patrimoine musical mondial : « Cest pour avoir su, par ses connaissances et son talent, faire entendre, à travers les formes créées par la musique académique occidentale, les sonorités propres à la musique roumaine. Cela sexplique aussi par le fait quà lépoque cette synthèse était unique et que George Enescu était également connu comme instrumentiste et chef dorchestre ».
Né le 19 août 1881, dans le nord du pays, à Liveni-Vârnav – commune qui porte aujourdhui son nom – George Enescu, a été un excellent violoniste, pianiste et chef dorchestre. Pourtant, son rêve, dès son enfance, a été de devenir compositeur: « Cest curieux : je ne savais rien, je navais rien écouté – ou presque – il ny a eu personne auprès de moi pour minfluencer et pourtant, dès que jétais petit, jai eu cette idée fixe de devenir compositeur. Seulement compositeur. » – déclarait plus tard George Enescu au critique musical et journaliste radio Bernard Gavoty.
Lartiste semble avoir eu sa première expérience musicale décisive à lâge de 3 ans, lorsquil a écouté un orchestre de ménétriers. A 4 ans, son père lui apprend les premières notions musicales, à 5 ans, il rencontre Eduard Caudella, compositeur et professeur au Conservatoire de Iaşi, qui allait guider ses premiers pas dans le monde de la musique. En 1888, il commence ses études au Conservatoire de Vienne, où il étudie, pendant 6 ans, avec des professeurs renommés de lépoque, dont Siegmund Bachrich et Josef Hellmesberger Junior. Ce dernier était professeur de violon et fils du directeur du Conservatoire de Vienne. Sur sa recommandation, George Enescu est envoyé par son père se perfectionner au Conservatoire de Paris. Il avait 14 ans.
Deux moments importants de sa vie de musicien ont lieu durant cette période. Tout dabord, son premier récital réunissant des morceaux dont il était lauteur, alors quil avait 15 ans à peine, dans le cadre dun concert de musique de chambre accueillie par la Petite Salle Pleyel de Paris. Ce concert confirmait « lapparition dun créateur roumain exceptionnel dans le monde musical international » – pour citer le musicologue Viorel Cosma. Le second événement important allait se produire une année plus tard, en 1898, lorsque George Enescu fait ses débuts, en tant que compositeur, toujours à Paris, où il présente son « Poème roumain », interprété par lorchestre « LAssociation Artistique » sous la baguette dEdouard Colonne. Lœuvre a joui dun immense succès auprès du public et des critiques.
Après la deuxième guerre mondiale, George Enescu allait quitter définitivement la Roumanie pour sétablir à Paris, où il séteint en 1955.
En raison de la reconnaissance internationale et de la grande renommée dont il a joui, George Enescu a eu de nombreuses occasions de donner des cours à Paris et à Fontainebleau (en France), à Sienne (en Italie) et New York (aux Etats-Unis), à Brighton et Bryanstone (au Royaume Uni).
Le monde a conservé le souvenir de George Enescu grâce aussi aux disciples qui ont compris sa pensée et sa vision de la musique. Parmi ses disciples ont compté : Yehudi Menuhin, Dinu Lipatti, Arthur Grumiaux, Christian Ferras et Ida Haendel.
Quel est le trait essentiel de la musique de George Enescu? Maria Balabaş explique : « Dans la création de George Enescu, ce qui me paraît essentiel est la façon dont il a choisi de se rapporter au folklore roumain, car nous sommes tous sensibles aux musiques des différents peuples du monde. Il sagit de la façon dont Enescu a su – notamment dans ses œuvres de maturité – reprendre et adapter les éléments dorigine folklorique pour construire son propre langage musical. La sonate pour piano et violon N° 3, écrite dans un style proche de la musique traditionnelle en est un exemple assez éloquent. Cette sonate est la dernière œuvre de George Enescu. Je pense que cest quelque chose dunique dans la musique roumaine et que cest ce qui fait la valeur de George Enescu sur la plan international. Cest quà chaque fois que nous entendons une musique liée à une tradition musicale propre à une certaine zone du globe, notre sensibilité humaine est touchée et nous réagissons même sans le vouloir. » (Trad. : Dominique)