La semaine du feu dans la tradition roumaine
Monica Chiorpec, 26.07.2023, 14:23
La fête
appelée « Pantelii » a une signification à part dans le calendrier traditionnel
roumain. Ces êtres mythologiques, considérées les sœurs du Saint Elie, étaient
jugées comme responsables des phénomènes météorologiques extrêmes de l’été,
surtout de la canicule. C’est pourquoi, afin de respecter les « Pantelii »,
du nord au sud et de l’est à l’ouest, les gens ne travaillent pas durant
certains jours. Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare,
nous explique :
« Les
« Pălii » commencent le 13 juillet. Elles sont les sœurs du Saint
Elie et ont la mission de rappeler aux gens que la fête du Saint Elie approche
à grands pas. Il y a une autre fête qui annonce celle du Saint Elie. Il s’agit
de la « Ciurica », qui précède les « Circovi » du Saint
Elie. C’est un cercle magique, protecteur, qui d’habitude précède les grandes
fêtes. Selon la tradition, si on respecte les « Circovi » du Saint
Elie, on ne sera jamais touché ni par le feu ni par la grêle, ou littéralement la
« grande pierre » selon le vocabulaire paysan. Les « Circovi »
nous protègent de toute maladie avant chaque grande célébration de l’année.
C’est pourquoi il faut les respecter trois jours avant la fête, afin d’être mieux
protégé de maladies ou afin de pouvoir être guéri. »
Dans les
communautés traditionnelles, les femmes faisaient don de toute sorte de
volailles noires pour que la chaleur étouffante ne rende pas malades les
animaux du foyer. En juillet lorsque la météo est caniculaire, il est difficile
de nettoyer la maison ou faire d’autres activités domestiques durant la
journée. C’est pourquoi les mères de famille choisissaient de faire de telles
activités durant la nuit. Mais voilà que seule nuit durant laquelle les travaux
domestiques étaient permises était celle du 16 au 17 juillet, connue aussi comme
« la nuit de la Marine ». En effet dans le calendrier
orthodoxe, le 17 juillet marque la fête de la Sainte Martyre Marine. Bien sûr,
les interdictions se poursuivent jusqu’au 20 juillet, la fête du Saint Elie, ou
bien jusqu’au 27 juillet, la fête du Saint Pantéléimon. Delia Suiogan,
ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, nous explique encore :
« On
respecte la fête du Saint Elie rigoureusement. On dit que ceux qui ne
respectent pas ce jour ou les autres jours liés au feu auront à souffrir :
leur maison, la meule de foin ou bien une personne de la famille risquait
d’être frappé par la foudre. On dit aussi que Saint Elie sillonne le monde, tant
dans le ciel et que sur la terre, pour chasser les diables. C’est pourquoi on
ne doit pas se cacher de la pluie sous des arbres tels les charmes ou dans des
lieux isolés, ou entre des murs qui forment des angles aigus, car on dit que les
diables se cachent eux-aussi dans ces endroits. Saint Elie, qui souhaite les chasser
de la terre et du ciel, jetterait des foudres vers tout endroit où ils peuvent
se cacher. Donc, si les gens se cachent aussi dans ces lieux, ils mettent leurs
vies en danger. On dit aussi que, si une tempête commence le jour du Saint
Elie, c’est mieux de rester à ciel ouvert, au milieu des champs, que de se
cacher, car autrement on sera frappé par la foudre. »
On ne doit
interpréter toutes ses significations qu’ensemble afin de pouvoir correctement
comprendre les fêtes du feu, c’est-à-dire les « Pantelii » et
les trois jours du feu en marge du jour de la fête de Saint Elie, ainsi que la
fête du Saint Pantéléimon, qui est connue aussi comme « le feu
destructif ». C’est pourquoi tous ces jours sont tellement respectés
dans la tradition populaire, même plus que la fête du Saint Elie.