La transformation du verre et les icônes sur verre …
Monica Chiorpec, 11.02.2023, 11:20
En
Roumanie l’art de la transformation du verre et de la peinture d’icônes sur
verre est entré par filière occidentale, depuis des régions telles que la
Bohême ou l’Alsace. Du coup, à travers des siècles, il est devenu également représentatif
pour la Transylvanie.
Bien
que fortement gardé au début, le secret de la transformation de la glaçure a fini
par être divulgué et par la suite, des verriers et iconographes qualifiés l’ont
transmis d’une génération à l’autre.
À
Bucarest, Radu Dincă poursuit cette activité spéciale avec une grande passion :
« L’apparition de l’icône sur verre en Roumanie est étroitement liée à l’artisanat
du verre, car les deux sont inséparables. Dans le cas de l’icône, le verre joue
le double rôle de protection et de support. En Transylvanie, la manufacture du
verre précède l’apparition de l’icône. Les verriers les plus anciens sont attestés
après le XVe siècle, dans la région d’Arpașu-Porumbacu. A Porumbacu, on trouve l’attestation
documentaire la plus ancienne. « Glăjeria » était l’atelier de la fabrication
du verre, une technique initialement plutôt bien gardée en secret. Tout comme l’icône
sur le verre, cet art est devenu dès son apparition un métier traditionnel roumain,
mais en réalité il a été emprunté à l’Europe occidentale. »
Le bois
était la matière première nécessaire au fonctionnement des fours où le verre
était fondu. C’est pourquoi, les ateliers des vitriers étaient sis près des
forêts et ils se déplaçaient après quelques décennies de travail, pour permettre
la restauration des ressources forestières. Les fours à verre brûlent de nos
jours encore à plus de 1000 degrés Celsius.
Radu
Dincă explique : « La procédure est assez empirique. Pratiquement, je
travaille avec un morceau de verre fondu, sorti d’un four chauffé jusqu’à 1010
degrés. Ce morceau de verre fondu est placé sur une surface en fonte et on passe
dessus avec une sorte de rouleau. On obtient ainsi une forme de crêpe allongée.
Bien sûr, la consistance en est très importante, sinon de petites fissures semblables
à peau d’orange apparaissent. D’abord la glaçure doit avoir une bonne clarté,
une certaine brillance, car, en fait, les petites imperfections l’ennoblissent. S’il y a
de petites bulles d’air ou de petites vagues, ne vous inquiétez pas. Mais si la
lumière ne la traverse pas bien et si elle ne reflète pas très bien la lumière,
alors on ne peut pas peindre dessus car ce n’est pas un bon support. »
Le village de Nicula (au
département de Cluj) en Transylvanie est le centre le plus connu qui perpétue
l’artisanat de l’icône sur verre. C’est une technique spontanée, apparue dans
ces lieux comme un phénomène social inspiré de la culture occidentale.
Très probablement, c’est l’arrivée à Nicula de la première icône
sur verre d’Europe occidentale qui a inspiré des générations entières de
peintres d’icônes. La thématique des icônes sur le verre a également subi l’influence
du savoir-faire des artisans locaux qui, ne connaissant pas de près le canon
religieux, ont inclus des scènes de la vie de la communauté villageoise dans les
images représentées sur verre. Cela n’a cependant altéré ni le message
liturgique, ni la valeur artistique des objets. Bien au contraire, cela les
rend uniques dans le patrimoine culturel roumain. (Trad. Andra Juganaru)