La tradition des « mucenici »
Le 9 mars, les Roumains chrétiens
orthodoxes commémorent les 40 saints martyrs de Sévastie et
suivent des rituels anciens dont les principaux buts étaient la purification et
la protection. Dans les zones agricoles, les charrues étaient confiées aux
forgerons qui les préparaient pour les travaux du printemps. Une fois ces
préparatifs terminés, les charrues étaient étalées devant les portes de
maisons, dans le cadre d’une festivité qui visait à renouer les liens entre les
familles paysannes. La mère de famille jouait un rôle particulièrement
important. Elle devait tourner trois fois autour de la charrue familiale
attachée à une paire de chevaux ou de bœufs en l’arrosant d’eau bénite, et brûler
des encens. Elle mettait aussi des œufs devant les animaux qui tiraient la
charrue. Si les animaux les évitaient et que les œufs restaient entiers, les
paysans allaient être protégés tout au long de l’année.
Monica Chiorpec, 09.03.2023, 00:54
Le 9 mars, les Roumains chrétiens
orthodoxes commémorent les 40 saints martyrs de Sévastie et
suivent des rituels anciens dont les principaux buts étaient la purification et
la protection. Dans les zones agricoles, les charrues étaient confiées aux
forgerons qui les préparaient pour les travaux du printemps. Une fois ces
préparatifs terminés, les charrues étaient étalées devant les portes de
maisons, dans le cadre d’une festivité qui visait à renouer les liens entre les
familles paysannes. La mère de famille jouait un rôle particulièrement
important. Elle devait tourner trois fois autour de la charrue familiale
attachée à une paire de chevaux ou de bœufs en l’arrosant d’eau bénite, et brûler
des encens. Elle mettait aussi des œufs devant les animaux qui tiraient la
charrue. Si les animaux les évitaient et que les œufs restaient entiers, les
paysans allaient être protégés tout au long de l’année.
En Bucovine, région historique du nord
de la Roumanie, les villageois dansaient une sorte de ronde rituelle et
frappaient la terre avec des matraques afin d’enterrer symboliquement le froid
et « inviter » en quelque sorte la chaleur. La fête des
« mucenici » constituait aussi une bonne occasion de prévoir la
météo. Si le 9 mars était un jour pluvieux, toutes les cultures de l’année
allaient être protégées contre la sécheresse. Au micro, Delia Şuiogan,
ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare.
« Un
autre rituel important qu’il faut absolument mentionner, puisqu’il est à
retrouver dans toutes les régions du pays, et celui des feux allumés dans
chaque cour. Tous les membres de la famille se réunissaient et devaient sauter par-dessus
le feu pour imiter en quelque sorte les ancêtres qui sautaient tous les ponts
vers le monde de l’au-delà. C’était un rituel de purification, durant lequel
les villageois cherchaient à commencer un nouveau cycle de vie plus forts et
mieux préparés à affronter le mal. »
Parmi toutes les pratiques ancestrales
liées à la fête des Mucenici, aujourd’hui nous gardons toujours le côté
culinaire, archiconnu en campagne tout comme en ville. Les mères de famille
préparaient 40 petites brioches à la forme du chiffre 8 pour commémorer les 40
Saints martyrs chrétiens de Sévastie. Détails avec Delia Şuiogan :
« Après cette tradition des feux et
des sauts, c’était le temps d’offrir des « mucenici » ou bien
« măcinici » ou encore « petits saints ». Parfois, ces
brioches illustraient des oiseaux mais souvent elles illustraient tout
simplement le chiffre 8. »
En Moldavie, les « mucenici »
sont recouverts de miel et parsemés de noix écrasées et de cannelle avant
d’être offerts aux enfants de la communauté. Dans le sud du pays, les
« mucenici » sont plus petits et sont cuits dans un bouillon sucré et
parfumé. Et n’oublions toujours par que pour commémorer les 40 saints martyrs,
les hommes doivent absolument boire 40 verres de vin rouge !