La nuit des Sânziene
La nuit du 23 au 24 juin est connue dans la tradition roumaine comme la nuit des « Sânziene ». Les Sânziene sont de jeunes filles habillées en vêtements de fête, qui portaient des couronnes de fleurs sur leurs têtes et dansaient en ronde. C’est une fête liée au culte de la végétation et de la fécondité, un mélange fascinant d’éléments chrétiens, païens et magiques. Ses origines sont à retrouver dans un culte solaire ancien correspondant à la fête chrétienne de la naissance de Saint Jean – Baptiste. C’est un rituel censé marquer le renouvellement de la nature et c’est aussi la seule fête préchrétienne acceptée par l’Eglise Orthodoxe Roumaine. Selon les croyances païennes, la présence des Sânziene, des esprits invisibles, est ressentie uniquement pendant cette nuit du 23 au 24 juin. Pour plus de détails sur ce moment magique de la tradition roumaine, nous avons invité au micro l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : «C’est une des fêtes les plus fascinantes de la mythologie du peuple roumain. On la retrouve d’ailleurs dans l’ensemble de l’espace balkanique, dans les pays voisins. La fête des Sânziene est directement liée au solstice d’été, elle a des racines indo-européennes anciennes, comme c’est le cas de Stonehenge par exemple, un endroit associé avec les rituels du solstice. Il s’agit en fait de rituels imaginés par nos contemporains parce que nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui s’y passait il y a des millénaires. Grâce aux recherches des ethnologues et des ethnographes nous savons que les Sânziene sont des divinités qui, lors du solstice d’été, descendent sur la terre et la bénissent, par la ronde qu’elles dansent. A ce moment-là, le Soleil est le plus proche de la Terre. Personne n’avait le droit de regarder la danse des Sânziene, car on courait le risque d’être aveuglé, de tomber malade, de devenir fou, bref de « perdre sa tête » comme on dit. Dans le sud du pays, dans cette même période on fait la danse des « Căluşari » pour protéger les communautés roumaines de ces divinités si puissantes ».
Monica Chiorpec, 24.06.2016, 14:08
La nuit du 23 au 24 juin est connue dans la tradition roumaine comme la nuit des « Sânziene ». Les Sânziene sont de jeunes filles habillées en vêtements de fête, qui portaient des couronnes de fleurs sur leurs têtes et dansaient en ronde. C’est une fête liée au culte de la végétation et de la fécondité, un mélange fascinant d’éléments chrétiens, païens et magiques. Ses origines sont à retrouver dans un culte solaire ancien correspondant à la fête chrétienne de la naissance de Saint Jean – Baptiste. C’est un rituel censé marquer le renouvellement de la nature et c’est aussi la seule fête préchrétienne acceptée par l’Eglise Orthodoxe Roumaine. Selon les croyances païennes, la présence des Sânziene, des esprits invisibles, est ressentie uniquement pendant cette nuit du 23 au 24 juin. Pour plus de détails sur ce moment magique de la tradition roumaine, nous avons invité au micro l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu : «C’est une des fêtes les plus fascinantes de la mythologie du peuple roumain. On la retrouve d’ailleurs dans l’ensemble de l’espace balkanique, dans les pays voisins. La fête des Sânziene est directement liée au solstice d’été, elle a des racines indo-européennes anciennes, comme c’est le cas de Stonehenge par exemple, un endroit associé avec les rituels du solstice. Il s’agit en fait de rituels imaginés par nos contemporains parce que nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui s’y passait il y a des millénaires. Grâce aux recherches des ethnologues et des ethnographes nous savons que les Sânziene sont des divinités qui, lors du solstice d’été, descendent sur la terre et la bénissent, par la ronde qu’elles dansent. A ce moment-là, le Soleil est le plus proche de la Terre. Personne n’avait le droit de regarder la danse des Sânziene, car on courait le risque d’être aveuglé, de tomber malade, de devenir fou, bref de « perdre sa tête » comme on dit. Dans le sud du pays, dans cette même période on fait la danse des « Căluşari » pour protéger les communautés roumaines de ces divinités si puissantes ».
La danse des Căluşari a des règles très strictes. Tout d’abord, seuls les hommes ont le droit d’y participer. Puis, les danseurs ont des costumes spéciaux et des accessoires tels des bâtons en bois, un drapeau, des sabres ou des plantes médicinales. Leurs chemises sont cousues de fil rouge, ils portent des chapeaux ornés de rubans, de clochettes métalliques, de petits pompons, alors que leurs bottes sont garnies d’éperons. Le leader du groupe porte un grand bâton orné de plantes médicinales, très importantes dans le contexte de la fête des Sânziene. On dit que leurs effets thérapeutiques s’accentuent pendant la période du solstice d’été. Les femmes cueillent ces plantes pendant la nuit du 23 au 24 juin et les emmènent le lendemain à l’église pour les libérer de l’influence des Sânziene, considérées aussi comme des fées malveillantes. Florin-Ionuţ Filip Neacşu raconte : « Dans de nombreux villages roumains, on garde toujours la tradition selon laquelle les jeunes filles portent des couronnes de fleurs la nuit des Sânziene, alors que les jeunes hommes jettent des couronnes de fleurs au-dessus des toits des maisons où habitent les jeunes filles célibataires. Il y a aussi des chansons spécifiques de cette fête. Plus encore, au cours des premiers siècles, l’église chrétienne a tenté de superposer des fêtes religieuses aux fêtes préchrétiennes. C’est aussi le cas de la fête des Sânziene. Par conséquent, le même jour, l’église roumaine célèbre la naissance de Saint Jean Baptiste. De nos jours, la danse des Sânziene est reconstituée dans de nombreux musées d’art traditionnel de Roumanie. Et depuis quelques années, partout dans le monde où vivent des communautés roumaines, les femmes ont pris l’habitude de porter la blouse traditionnelle roumaine, ia, le jour du solstice, justement pour témoigner de la force de nos traditions. C’est pourquoi, la fête de la blouse roumaine est célébrée le même jour que les Sânziene. »
Avant de terminer, mentionnons que la dimension la plus importante de cette tradition est, sans doute, le culte de la fertilité. Vu que c’est une fête solaire qui marque l’expansion de la nature après le passage de l’hiver, la nuit des Sânziene est aussi un symbole de la féminité, mise aussi en valeur par les blouses roumaines traditionnelles. (Trad. Valentina Beleavski)