Le sapin
Dans la société roumaine actuelle, le sapin est associé aux fêtes d’hiver. Décorer le sapin la veille de Noël est une des plus grandes joies des enfants, mais aussi des adultes. Il y a des Roumains qui préfèrent décorer le sapin début décembre, pour profiter de l’atmosphère des fêtes tout le mois. Et pourtant, ceux qui connaissent la vraie signification du sapin dans la tradition roumaine ancienne sont peu nombreux.
Monica Chiorpec, 23.12.2021, 14:22
Dans la société roumaine actuelle, le sapin est associé aux fêtes d’hiver. Décorer le sapin la veille de Noël est une des plus grandes joies des enfants, mais aussi des adultes. Il y a des Roumains qui préfèrent décorer le sapin début décembre, pour profiter de l’atmosphère des fêtes tout le mois. Et pourtant, ceux qui connaissent la vraie signification du sapin dans la tradition roumaine ancienne sont peu nombreux.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare: « Le sapin est un des doubles végétaux de l’être humain dans la culture roumaine. Il fait l’objet de nombreux rituels. Le fait qu’il est connu de nos jours uniquement en tant que sapin de Noël prouve que la culture roumaine a perdu de nombreux rites anciens. D’où l’importance de déchiffrer les sens anciens des symboles de notre culture. C’est à peine au 17e siècle que le sapin de Noël apparaît dans la culture roumaine, donc très tard. Certaines communautés traditionnelles roumaines ne l’acceptent toujours pas. Ce qui est une bonne chose à mon avis. Dans la tradition roumaine ancienne, le sapin a une toute autre signification. Il est même interdit d’apporter le sapin à l’intérieur de la maison. C’était un mauvais signe que d’apporter le sapin coupé prématurément dans son habitation».
Dans les sociétés traditionnelles, le sapin accompagnait les gens tout le long de leur vie, étant un élément clé de tous les moments de transition : le baptême, les noces et les funérailles. Delia Suigan nous en dit davantage : «Le sapin, en tant que double végétal de l’être humain, est utilisé dès la naissance d’une personne jusqu’à sa mort. Par exemple, lors de la cérémonie du baptême, au moment où un enfant recevait son nom on lui désignait un sapin. La manière dont le sapin poussait illustrait le développement de l’enfant. D’où le parallélisme entre l’univers humain et celui végétal. Le sapin fait aussi partie du rituel des noces. On coupait le sommet du même sapin qui avait été offert à l’enfant, pour que le jeune homme qui se mariait l’utilise en tant que drapeau de noces. Le sapin devenait ainsi le témoin du nouveau contexte social et culturel dans lequel l’homme se retrouvait une fois marié. Le sommet du sapin était attaché à l’extérieur de la maison, où il restait jusqu’au moment où il tombait tout seul. De nombreux symboles l’accompagnaient, dont celui d’une famille qui devenait un tout et qui ne se séparait plus jamais. Enfin, au moment des funérailles, on coupait le tronc du même sapin pour le transformer en lance, un autre symbole funéraire. Il devenait ainsi l’échelle par laquelle l’âme allait remonter vers le ciel ».
Dans de nombreux ouvrages spécialisés, le sapin est associé à un axis mundi, une liaison permanente entre le Ciel et la Terre que les communautés traditionnelles tentaient de préserver. Cet arbre éternel devient ainsi un des éléments dont les symboles sont presque inconnus de la société moderne, mais dont les valeurs spirituelles sont très anciennes et très profondes. (Trad. Valentina Beleavski)