Les «căluşari» et leur danse
Dérivé du mot latin «caballus» qui signifie cheval, «căluş» est un mot roumain qui désigne la danse traditionnelle de l’homme – cheval. Les danseurs, exclusivement des hommes, sont appelés « căluşari ». Les origines de la danse sont à retrouver dans un rite de fertilité païen, dont le but était d’apporter la chance, la santé et le bonheur dans les villages où il était pratiqué.
Monica Chiorpec, 12.06.2015, 16:42
Dérivé du mot latin «caballus» qui signifie cheval, «căluş» est un mot roumain qui désigne la danse traditionnelle de l’homme – cheval. Les danseurs, exclusivement des hommes, sont appelés « căluşari ». Les origines de la danse sont à retrouver dans un rite de fertilité païen, dont le but était d’apporter la chance, la santé et le bonheur dans les villages où il était pratiqué.
De nos jours, ce rituel est de plus en plus rare. C’est une danse traditionnelle connue perpétuée sous forme de spectacle, mais ses liens avec les rites anciens sont tombés dans l’oubli. Peu de Roumains savent encore que la danse des « căluşari» est spécifique à la fête de la Pentecôte. En tant que personnages, les « căluşari » jouaient un rôle précis, étroitement lié à d’autres personnages mythiques, comme les sirènes.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, explique : «Les participants à la danse des « căluşari » changent complètement de statut au moment où ils acceptent de faire partie du groupe des « căluşari ». Ils jouent un rôle qu’ils doivent assumer complètement. Entrer dans le groupe des « căluşari » signifie renoncer à sa nature humaine pour se transformer en un personnage mythique, ayant une fonction magique bien précise. C’est pourquoi le groupe des « căluşari » prête un serment qu’il doit respecter à tout prix et porte toujours un drapeau. Sans ce drapeau la danse ne peut pas être réalisée, c’est le symbole d’un axis mundi autour duquel les danseurs forment un cercle magique. Par ailleurs, les « căluşari » sont les seuls capables de guérir les jeunes hommes charmés par les sirènes, ces personnages maléfiques, avec des pouvoirs extraordinaires.»
Le groupe de « căluşari » a toujours un nombre impair de danseurs. Au début il y en avait 5, puis – 7, puis – 9, pour arriver ensuite à 12, soit le nombre des mois de l’année. Deux danseurs dirigent le rituel. L’un est muet, l’autre porte le drapeau et commande le groupe.
Delia Suiogan nous en dit davantage: «Le drapeau est érigé la veille de la Pentecôte et il comporte 9 plantes magiques, dont les plus puissantes sont l’ail et l’absinthe. Toutes les femmes qui participent à la danse des « căluşari » tentent de voler ces plantes qui pouvaient guérir des maladies quasi incurables, que les gens redoutaient dans l’antiquité. »
Sauts à la verticale et à l’horizontale, cercles rapides : les mouvements des « căluşari » sont spectaculaires. Mais l’aspect le plus important, c’est l’appartenance à un groupe aux pouvoirs miraculeux. C’est justement pourquoi ce rituel figure depuis 2005 sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. (Trad. Valentina Beleavski)