La Nuit des musées à la campagne
La
Nuit des musées est arrivée à sa dix-neuvième édition en Roumanie. En revanche, la Nuit des musées à
la campagne en a eu sa première dans la nuit du 2 au 3 septembre dernier. Mis
en place par la même équipe organisatrice de éditions urbaines, l’événement
culturel a été riche en objectifs ayant valu le déplacement.
Christine Leșcu, 12.09.2023, 10:30
La
Nuit des musées est arrivée à sa dix-neuvième édition en Roumanie. En revanche, la Nuit des musées à
la campagne en a eu sa première dans la nuit du 2 au 3 septembre dernier. Mis
en place par la même équipe organisatrice de éditions urbaines, l’événement
culturel a été riche en objectifs ayant valu le déplacement.
Dragoș Neamu,
initiateur et coordinateur de cette Nuit des musées campagnarde, explique la
raison de la décision de l’organiser: Dernièrement, j’ai remarqué un
phénomène très intéressant qui se manifeste durant la Nuit de musées : de
nombreuses maisons-musées, collections privées et publiques, objectifs
culturels, divers et à valeur de patrimoine, des communes et des villages de
Roumanie, se connectaient à l’événement classique. Ce qui nous a fait
comprendre le besoin croissant des communautés rurales de se faire connaître,
d’exposer leurs collections et de débattre en toute sincérité de la valeur du
patrimoine culturel rural. C’est ce qui nous a inspirés. Lorsque nous avons
arrêté notre décision, nous avons certes envisagés d’autres aspects aussi, dont
évidemment le côté inédit de l’événement, car, vous le savez déjà, c’était la
seule initiative de ce genre au niveau européen.
Contrairement,
peut-être, à la perception générale, il n’y a pas que des musées ou des
objectifs ethnologiques dans les communes et villages de Roumanie, une réalité
que la Nuit des musées à la campagne a mis en lumière, explique Dragoș Neamu : La plupart des gens ont été surpris par l’incroyable diversité du
patrimoine muséal et culturel du monde rural. Sous certains aspects, cette
diversité est même plus marquée que ce que l’on trouve dans l’espace urbain.
Les collections à caractère ethnologique et ethnographique sont complétées par
un grand nombre d’autres choses. Vous avez peut-être appris avec étonnement
qu’il existe des celliers des fées, ou un Musée des tissus et des contes, il a
été possible de visiter des granges aménagés d’une manière très créative, des
moulins non seulement à eau et à vent, mais aussi à papier. Il y a des espaces
de créativité rurale, artisanale, des ateliers de poterie, des points
gastronomiques, des parcs archéologiques, des monuments du Néolithique. La
commune de Medieșul Aurit, dans le département de Satu Mare (nord-ouest), a proposé une réserve
archéologique. Il y a eu un tas de châteaux, palais, manoirs nobiliaires,
églises fortifiées. La Nuit des musées à la campagne a eu lieu dans 36 départements
à travers le pays, rassemblant pour cette première édition 140 nouveaux
objectifs. Notre cible était de rassembler une centaine d’objectifs, mais nous
avons largement dépassé ce chiffre. Vous voyez donc que c’est bien plus que de
l’ethnographie – c’est de l’histoire, de l’écologie, de la vie quotidienne,
privée, rurale, c’est aussi de l’histoire ancienne et contemporaine, des
contes, de l’art plastique et de l’art traditionnel, artisanal. Vous trouvez
tout ce que vous voulez dans le monde merveilleux du village roumain.
Outre les
musées, les maisons-musées, les églises et les ateliers de métiers
traditionnels du monde rural, la Nuit des musées à la campagne a aussi mis en
évidence les communautés qui ont créé tout cela, raconte le coordinateur de
l’événement, Dragoș Neamu :Tout d’abord, la communauté est poussée au
premier-plan justement par l’existence même de cet événement. Viennent ensuite
les objectifs de ces communautés et qui fonctionnent comme des centres de
mobilisation locale à travers lesquels ces communes se font connaître. Ces
objectifs deviennent les marques de ces localités. Quand on dit Bran, on dit le
Château de Bran. Quand on dit Nucșoara, dans le département d’Argeș, on dit la
maison-musée d’Elisabeta Rizea. Ces analogies apportent de la plus-value à une
communauté. S’il y avait aussi une plus-value au plan économique et social, ce
serait encore mieux. C’est pour cela qu’en organisant cette Nuit des musées à
la campagne, nous voulons identifier les meilleures solutions pour les besoins
culturels de ces espaces ruraux. Nous souhaitons même lancer un débat public
sur les problèmes de patrimoine liés à la condition du paysan roumain, au
village roumain, à la meilleure mise en valeur du potentiel local, à la mise en
place de trajets touristiques plus complexes, plus intéressants et plus divers,
que nous pourrions promouvoir à l’échelle européenne, afin d’attirer davantage
de touristes et de booster l’attractivité de ces lieux. De tels objectifs sont
nombreux et ils peuvent devenir de véritables pôles de réceptivité touristique
et culturelle.
Compte tenu de ces objectifs
généreux, la Nuit des musées à la campagne ne s’arrêtera pas après cette
première édition, mais elle continuera dans les années à venir. (Trad. Ileana
Ţăroi)