Un partenariat entre l’art théâtral et le Musée des Horreurs Communistes
Fondé il y a presque deux ans, sous la tutelle du
Ministère de la Culture, le Musée des Horreurs Communistes n’a pas siège fixe à
ce jour. Cela ne l’empêche pourtant pas de mettre sur pied différents projets.
Et bien qu’il soit encore jeune, il a déjà organisé plusieurs expositions
itinérantes et interactives.
Christine Leșcu, 14.02.2023, 03:59
Fondé il y a presque deux ans, sous la tutelle du
Ministère de la Culture, le Musée des Horreurs Communistes n’a pas siège fixe à
ce jour. Cela ne l’empêche pourtant pas de mettre sur pied différents projets.
Et bien qu’il soit encore jeune, il a déjà organisé plusieurs expositions
itinérantes et interactives.
Ce qui plus est, il a récemment mis en scène un spectacle
de théâtre pas comme les autres. Accueillie par le Musée du Paysan Roumain de
Bucarest, la pièce intitulée « Je
n’ai jamais rien volé » invite le public à entrer dans l’atmosphère
quotidienne de la dernière période de l’époque communiste, soit les années
1980. Le jeune auteur et metteur en scène, Radu Savin, ainsi que les acteurs – récemment
diplômés de l’Université Nationale d’Art Théâtral et Cinématographique -
récréent des situations typiques pour ces années-là, lorsque, afin de survivre,
les gens devaient recourir à des complicités et subterfuges inimaginables dans
une société normale.
Le spectacle interactif « Je n’ai jamais rien volé » ne pouvait être présenté que dans
un endroit non-conventionnel, tel les salles du Musée du Paysan Roumain.
Mais comment et pourquoi est-ce qu’un jeune metteur en
scène, de 27 ans, a écrit et a dramatisé un texte sur le communisme et depuis
quand est-ce qu’il étudie ce chapitre de l’histoire de la Roumanie, achevé il y
a plus de 30 ans ? Radu Savin répond :
« Tout a commencé quand j’étais lycéen. Lorsque je me confrontais à
la réalité qui m’entourait dans ma ville natale, Galați,
intensivement industrialisée, j’essayais de
comprendre l’apparence de notre ville. Pour tout objet que l’on peut toucher,
voir ou dont on peut sentir l’odeur, il y a une histoire que l’on peut rechercher.
Maintenant, 10 ans plus tard, en écrivant ce scénario, j’ai souhaité approfondir
ce processus de découverte, afin de comprendre les raisons de l’état actuel de
notre société. Je pense que c’est la responsabilité, tant de ma génération, que
de celles qui nous ont précédés et de celles qui suivront, de comprendre notre
bagage culturel et historique. »
Pour sa pièce de théâtre, au lieu des grands drames ou des crimes commis
par le régime communiste, Radu Savin a choisi de présenter l’existence
quotidienne de trois étudiants de l’Institut Agronomique de Bucarest. C’est la
manière dont il a respecté le concept du Musée des Horreurs Communistes, comme
nous avoue son manager, Alexandru Groza :
« L’objectif
du Musée est de présenter la vie quotidienne, c’est-à-dire les éléments qui
constituaient le noyau de la vie réelle entre 1945 et 1989. Par conséquence, le
mot « horreurs », présent dans la titulature du Musée, ne nous oblige
pas de devenir un tribunal. C’est un musée qui présente les faits historiques
et développe la pensée critique, et laisse aux visiteurs la capacité d’interpréter
ou d’analyser. Quant au metteur en scène Radu Savin, je l’ai connu absolument
par hasard, lorsque je cherchais un siège pour le Musée. Je l’ai rencontré à la
Maison de la Presse Libre, lorsque je faisais un tour des espaces qui pouvaient
devenir des espaces d’exposition. Il y a réussi, avec son équipe, de créer
tellement bien une sorte de bureau d’un maire local, qu’il a réussi de me faire
changer de perspective, sans que je m’en rende compte. Vu sa capacité de mettre
en scène un concept dans un espace tellement neutre, je me suis dit :
« Et si je répliquais l’idée ? » C’est comme ça que j’ai trouvé
une idée appropriée pour ce musée, qui pouvait devenir la marque du Musée des
Horreurs Communistes, car la pièce de théâtre en est représentative. Même si pour
l’instant elle appartient au Musée, elle a la liberté de circuler et de se
développer. »
Présenté récemment en avant-première, le spectacle « Je n’ai jamais rien volé » met
ensemble de manière unique l’art théâtral et un espace d’exposition. Les
éléments de décoration sont, en fait, des objets du patrimoine du Musée des
Horreurs Communistes. Histoire d’entrer au plus profonds dans l’atmosphère de
cette époque qui a tellement marqué le peuple roumain. (trad. Andra Juganaru)