La mode orientale dans les principautés roumaines
Moins
connue du grand public, la mode d’influence orientale a été remplacée
progressivement en Moldavie et en Valachie par la mode occidentale à commencer
par la première partie du 19e siècle. Même si abandonnés, les
vêtements d’inspiration orientale peuvent susciter non seulement l’intérêt mais
aussi la fascination du public. Et récemment le public bucarestois était invité
à les découvrir grâce à l’exposition temporaire « La mode aux portes du
Levant », organisée par le musée de la ville de Bucarest. Placées dans une
ambiance qui reconstitue l’atmosphère bucarestoise d’il y a deux ou trois
siècles, les pièces vestimentaires sont rares, valeureuses et font partie du
patrimoine du musée. Ces vêtements n’ont pas été exposés depuis le début des
années 1990.
Christine Leșcu, 12.12.2022, 22:44
Moins
connue du grand public, la mode d’influence orientale a été remplacée
progressivement en Moldavie et en Valachie par la mode occidentale à commencer
par la première partie du 19e siècle. Même si abandonnés, les
vêtements d’inspiration orientale peuvent susciter non seulement l’intérêt mais
aussi la fascination du public. Et récemment le public bucarestois était invité
à les découvrir grâce à l’exposition temporaire « La mode aux portes du
Levant », organisée par le musée de la ville de Bucarest. Placées dans une
ambiance qui reconstitue l’atmosphère bucarestoise d’il y a deux ou trois
siècles, les pièces vestimentaires sont rares, valeureuses et font partie du
patrimoine du musée. Ces vêtements n’ont pas été exposés depuis le début des
années 1990.
Au sujet
de la collection de costumes et d’accessoires vestimentaires inaugurée dans le
cadre de l’exposition « La mode aux portes du Levant » la commissaire
Camelia Ene explique : « Il
s’agit de pièces de quelque 300 ans. Nos costumes datent du 18e au
20e siècle, donc il s’agit d’une grande variété. Pourquoi le
Levant ? Parce qu’il y a une influence très forte en provenance de cette
région, surtout sur le plan stylistique. Nous, dans les Etats roumains, nous
étions aux portes du Levant, mais c’était la porte qui s’ouvrait sur le Levant
et en même temps sur l’Occident. Mais le Levant où a-t-il ses portes à l’est ? Le Levant a une porte vers
l’Extrême orient, en Mésopotamie. C’est
la porte la plus ancienne qui en antiquité s’ouvrait à l’Extrême orient.
N’oublions pas les mouvements de populations qui y ont eu lieu et les guerres,
mais il ne faut pas non plus oublier les chemins diplomatiques et
commerciaux. Et là je pense aussi à la Route de la Soie,
qui part de Chine, passe par le Japon, la Corée, le Kazakhstan, l’Afghanistan,
le Turkménistan, le Kirghizistan, l’Iran, l’Irak, l’Antioche pour arriver
jusqu’à Venise. Or nous sommes très prêts de la frontière avec l’Empire
Byzantin. Donc il est très important de dire que tous ces répertoires
stylistiques qui arrivent dans notre région, celle des Etats roumains, sont
assimilés et ensuite réinterprétés. »
La
réinterprétation vise la symbiose qui s’est produite entre le vêtement
autochtone valaque et moldave et les modèles turcs et byzantins qui se sont
imposés surtout au début du 18e siècle, lorsque les pays roumains arrivent à
être dirigés par des princes phanariotes, soit des fonctionnaires grecs envoyés
par la Haute cour à Istanbul. Mais la mode, surtout celle des boyards a réussi
à imprimer de la beauté à une période sombre du point de vue politique, mais
fascinantes du point de vue culturel.
Camelia Ene
: « Nous avons une richesse stylistique très importante, aspect
visible notamment dans les vêtements. Ces vêtements exposés étaient portées par
des femmes et filles de la haute société roumaine. Elles portent des motifs de
la Turquie européenne, y compris des motifs stylistiques que nous découvrons
dans des parures, mais l’influence grecque est également présente. Il y a
une abondance de fil d’or et d’argent sur tous ces objets que nous avons
exposés. Parce ces objets vestimentaires nous identifions les pantalons
bouffants que mêmes les dames portaient, et non seulement les messieurs. Il y a
aussi un caftan d’investiture, le caftan d’un bey. Il y a également ce costume
qui a une influence grecque, costume appelé « pipiri », avec ou sans
manches, aux bas longs et tissé en fil d’or et d’argent. S’y ajoutent les
vêtements albanais portés par les soldats qui accompagnaient constamment le
prince régnant et le boyard et qui portaient toujours un couteau à la ceinture. Ils portaient une jupe longue censée leur
permettre le mouvement. Cette jupe était décorée d’une broderie en fil de métal
ou bien d’une décoration en métal, censée les mettre à l’abri durant les
combats et les possibles coups. »
Ce qui
plus est, les visiteurs peuvent admirer aussi d’autres types d’armes d’époque,
des sachets d’argent, des ceintures aux protubérances en filigrane et des
pierres précieuses. L’exposition est ouverte jusqu’au mois de mars de l’année
prochaine au Palais Suțu du centre de Bucarest.(Trad. Alex Diaconescu)