Art Safari 2021
Ion Puican, 01.10.2021, 12:35
La capitale roumaine, Bucarest, a accueilli récemment une
nouvelle édition d’une des manifestations culturelles les plus attendues de l’année
: les expositions Art Safari. Comme d’habitude, plusieurs types d’art étaient
concernés : peinture classique, sculpture, art contemporain, installations et
même graffitis. Cette année, Art Safari a été regroupé en 4 grandes expositions,
soit 4 grands thèmes : la première rétrospective jamais réalisée du peintre
impressionniste Samuel Mützner (1884-1959), une ample rétrospective du peintre
et dessinateur Constantin Piliuță (1929-2003), une exposition consacrée au
femmes artistes de Roumanie sous le titre « Séduction et triomphe dans l’art
» et enfin, mais pas en dernier lieu, le pavillon d’art contemporain intitulé « Superhéros
/ Antihéros ».
Quels ont été les meilleurs moments de la manifestation
Art Safari de cette année ? Réponse avec sa directrice, Ioana Ciocan :
« Cette année, Art Safari s’est élargi. Cela paraît incroyable, mais l’événement
est plus grand que l’année dernière. L’exposition a eu deux sièges : le
premier au Palais Dacia-Roumanie, rue Lispcani (dans le centre historique de Bucarest),
derrière la Banque nationale ; le second se trouvait à quelques minutes de
distance seulement, au siège d’Arcub (le centre culturel de la municipalité de
Bucarest). Il fonctionne dans l’ancienne auberge de Gabroveni, construite dans
les premières années du XIXe siècle, entièrement rénovée sous forme de centre
culturel. A l’entrée du Palais Dacia-Roumanie, les visiteurs ont été accueillis
par une sculpture en bronze signée Virgil Scripcariu. Une fois à l’intérieur du
Palais, ils ont pu voir une autre sculpture monumentale réalisée par Costin Ioniţă
et placée sur un socle recouvert de miroirs, dans lequel se reflétait le hall central
du bâtiment dans toute sa beauté. Nous avons voulu le mettre en évidence puisqu’Art
Safari a l’intention de rester au Palais Dacia à l’avenir aussi, grâce à un
partenariat conclu avec le Musée de la municipalité de Bucarest. Son directeur,
Adrian Majuru, a souhaité de redonner vie à ce merveilleux palais avant de le
transformer en siège de la Pinacothèque de Bucarest. Aux côtés d’Art Safari, le
Musée de la municipalité de Bucarest organisera plusieurs expositions, au moins
deux fois par an. Ces expositions ramèneront dans l’attention publique les grands
artistes du patrimoine roumain et l’art contemporain et leur présenteront aussi
d’importantes expositions d’art international. »
Ioana Ciocan nous a également parlé de l’exposition d’art
contemporain présentée cette année dans le cadre d’Art Safari, de la valeur
totale des œuvres présentées et des deux grandes expositions rétrospectives :
« Au Palais Dacia-Roumanie, on a consacré des centaines de mètres carrés
aux artistes qui n’utilisent pas de pinceaux pour peindre, mais des sprays pour
créer des graffitis. Par exemple, l’artiste Oku a réalisé un escalier immersif
en noir et blanc appelé Fashion Days, qui a connu un grand succès sur Instagram.
La valeur totale des œuvres d’art exposées cette année se monte à plus de 9
millions d’euros. Nous avons présenté 800 œuvres, vu que l’exposition d’art
contemporain à elle seule a réuni plus de 120 artistes âgés de 18 à 90 ans. La création
de la plus grande valeur de l’édition de cette année appartient à Samuel Mützner,
élève de Claude Monet, et elle a été réalisée entre 1911 et 1913 à Kyoto. Cette
année encore, l’œuvre « Les Courtisanes de Shimbara » a impressionné
le public par sa touche de pinceau phénoménale et pour avoir présenté une
époque révolue, une époque de contes de fées, avec des costumes impressionnants
aux couleurs spécifiques japonaises. Enfin, Călin Stegerean, le directeur du
Musée national d’art de la Roumanie, a réalisé une ample rétrospective
consacrée au grand artiste Constantin Piliuță. Călin Stegerean a ainsi imaginé
une promenade à travers la bohème bucarestoise, par de nombreux paysages, et
nous a fait tomber amoureux des merveilleuses fleurs peintes par le grand Constantin
Piliuță. »
Ligia a visité l’édition de cette année d’Art Safari et
elle nous a fait part de ses impressions : « J’ai été fascinée par la découverte de la vie et de l’œuvre de Samuel
Mützner. Son parcours artistique se dévoile au cours de la visite. Né dans une
famille modeste d’origine juive, après des études à l’Ecole des Beaux-Arts de
Bucarest, il étudie à l’Académie royale bavaroise d’art de Munich. A 19 ans, il
part à Paris et s’inscrit à l’Académie Julian, dont il sort en 1908. Il étudie
aussi à l’Académie nouvelle de peinture d’Alger. Toutefois, c’est durant les
deux années qu’il passe à Giverny, auprès de Claude Monet, que son style se
définit. Il y peint de merveilleux paysages de manière pointilliste. C’était
entre 1908 et 1910. C’est d’ailleurs cette époque de sa création qui m’a
fascinée, pleine de couleurs chaudes, avec des touches superbes et des effets
de lumière magiques. Sa première exposition en Roumanie, il l’ouvre en 1906. Sa
vie est faite de voyages dans les endroits du monde les plus éloignés : en
Tunisie at au Japon, où il passe trois ans. Chaque étape marque un tournant
dans sa création. Il arrive même en Océanie et en Amérique du Sud, et vit trois
ans au Venezuela. Il influence les artistes vénézuéliens par des techniques
encore inconnues là-bas. Il rentre ensuite en Roumanie et épouse la peintre
Rodica Maniu. Les deux s’installent en Olténie, dans le sud du pays. Son retour
au pays marque aussi un penchant pour la thématique paysanne roumaine. Somme
toute, une exposition qui vaut la peine d’être visitée, et que les Bucarestois
se pressent pour voir chaque année. En outre, j’ai été très heureuse de voir ou
de revoir des œuvres appartenant aux artistes roumaines de différentes époques,
dont la peintre Margareta Sterian, mais aussi Georgeta Năpăruş ou encore la
très jeune Maria Jardă. Art Safari réunit chaque année des œuvres appartenant à
des collectionneurs privés, mais aussi d’autres, du Musée de la municipalité de
Bucarest, c’est un de ses points d’intérêt ».
On ne saurait terminer notre
chronique culture sans mentionner les tours de nuit privés organisés cette
année dans le cadre d’Art Safari, avec des guides qui ont expliqué aux
visiteurs tous les secrets recelés par les œuvres d’art qu’ils admiraient. Et
pour que le menu soit complet, les concerts live n’ont pas manqué non plus :
ils ont été donnés tous les soirs par le groupe roumain Toulouse Lautrec. En
plus, à la demande du public, cette exposition a été prolongée d’une semaine. (Trad.
Valentina Beleavski)