Les archives d’architecture et leurs pépites
Lorsque le temps et les temps, avec leurs restrictions sanitaires,
le permettent, les Bucarestois explorent leur ville et ses environs grâce, en
partie, aux actions de l’association Istoria artei (L’Histoire de l’art). Le
plus récent projet de l’ONG vise à retracer l’histoire du Corps des
architectes, une institution de l’entre-deux-guerres qui accordait aux diplômés
de la Faculté d’architecture et d’ingénierie l’autorisation d’exercer leur
métier. Cela a surtout été l’occasion pour Istoria artei de présenter au grand
public les membres de cette institution, à travers de biographies bien
documentées, fruit de minutieuses recherches dans les archives.
Christine Leșcu, 16.02.2021, 15:04
Lorsque le temps et les temps, avec leurs restrictions sanitaires,
le permettent, les Bucarestois explorent leur ville et ses environs grâce, en
partie, aux actions de l’association Istoria artei (L’Histoire de l’art). Le
plus récent projet de l’ONG vise à retracer l’histoire du Corps des
architectes, une institution de l’entre-deux-guerres qui accordait aux diplômés
de la Faculté d’architecture et d’ingénierie l’autorisation d’exercer leur
métier. Cela a surtout été l’occasion pour Istoria artei de présenter au grand
public les membres de cette institution, à travers de biographies bien
documentées, fruit de minutieuses recherches dans les archives.
Oana Marinache,
la directrice exécutive de l’association, explique : « Nous avons commencé par
faire une recherche documentaire, car ce fonds n’a pratiquement jamais été
accessible aux spécialistes. Dans un premier temps, nous avons sélectionné
quelques dossiers, surtout d’architectes hommes, mais de quelques femmes aussi.
Cette phase du projet s’est principalement déroulée en ligne. Nous avons
numérisé des études de cas et beaucoup de photos, que nous avons ensuite utilisées
pour faire des présentations, en ligne, à l’intention d’élèves de Ploiești et
de Bucarest. C’est ce que nous faisions auparavant aussi, mais tous ces
ateliers qui ne peuvent plus avoir lieu en présentiel, nous les organisons maintenant
à l’aide d’outils numériques. Plus tard, nous avons organisé des tours guidés
thématiques. A Bucarest, nous avons évoqué les architectes Statie et Iorgu
Ciortan et un autre, moins connu aujourd’hui, Alexandru Zaharia. A Sinaia, nous
avons présenté toute une série de créations architecturales de personnalités
qui travaillaient principalement à Bucarest, mais qui ont aussi reçu des
commandes dans cette station de montagne. »
Les tours guidés de Bucarest ont visé de grands bâtiments, bien
connus aux habitants de la capitale roumaine, mais qui, finalement, savent peu
de choses sur ceux qui les ont conçus. Néanmoins, aux dires de Oana Marinache,
la situation est en train de changer : « En suivant les traces
de Statie Ciortan, nous avons découvert, avec les participants au tour,
l’histoire de l’immeuble construit pour accueillir le Journal officiel et sa typographie.
Aujourd’hui, le palais en question, situé en face du Jardin de Cișmigiu, abrite
les Archives nationales et traverse un ample processus de restauration. Nous
avons regardé, ensuite, le bâtiment monumental qui sis derrière le Palais de la
Caisse des dépôts et consignations de l’avenue Victoriei, appartenant à présent
à la Police roumaine. Mais au départ, cet édifice avait été conçu pour
accueillir le bureau des Douanes de la Poste. L’architecte Statie Ciortan a
également été, pendant de longues années, professeur des universités, mais
aussi architecte en chef du ministère des Finances. C’est pourquoi à Bucarest,
comme dans d’autres villes, ses bâtiments ont principalement accueilli le Trésor
ou d’autres institutions en lien avec les taxes et les impôts. »
Les guides de Istoria Artei sont aussi allés dans le nord de la
capitale afin de retrouver les créations de l’architecte Alexandru Zaharia.
Dans les années 30, il a été à l’origine de deux styles très prisés, proches du
modernisme : le cubisme et l’éclectisme méditerranéen. Ce dernier est très
exotique et attire encore les regards, avec son mélange d’éléments décoratifs mauresques
et vénitiens. Mais Sinaia, qui se trouve à deux heures de Bucarest, mérite elle
aussi le détour. Située au pied des Monts Bucegi, cette station est
principalement composée de résidences secondaires, dont beaucoup sont conçues
par des architectes célèbres.
Oana Marinache raconte : « A Sinaia, il y a
nombre d’architectes à découvrir : Petre Antonescu, Duiliu Marcu,
Henrietta Delavrancea-Gibory ou encore Paul Smărăndescu. En prime, à travers
nos recherches, nous en avons découvert un autre : Jean Krakauer, connu à l’étranger
sous son pseudonyme John Kryton. »
Né en 1910 à Bucarest, d’une famille juive, Jean Krakauer a quitté
la Roumanie dans les années ’40 pour s’établir et travailler au Royaume-Uni et,
plus tard, il s’est installé au Canada. Mais on trouve encore, dans les rues de
Bucarest et de Sinaia, les maisons au charme à part que John Kryton ou Krakauera dessinées dans sa jeunesse. (Trad.
Elena Diaconu)