L’exposition « Delectatio Morosa », accueillie par la Galerie 1001 Arts
Notre imagination quotidienne et nos peurs sont au cœur de la troisième exposition de peinture, qui fait partie du projet curatorial 3A2G4N – 3 jeunes artistes sur lAvenue de la Victoire. Lexposition a été ouverte du 6 au 20 août, à la galerie 1001 Arts, située 91-93 Avenue de la Victoire. Le jeune artiste qui y a exposé ses toiles sappelle Theodor Grigoraș. Selon lui, cette exposition, intitulée » Delectatio Morosa » parle du plaisir de se délecter de sa propre imagination.
Carmen Săndulescu, 27.08.2020, 14:11
Notre imagination quotidienne et nos peurs sont au cœur de la troisième exposition de peinture, qui fait partie du projet curatorial 3A2G4N – 3 jeunes artistes sur lAvenue de la Victoire. Lexposition a été ouverte du 6 au 20 août, à la galerie 1001 Arts, située 91-93 Avenue de la Victoire. Le jeune artiste qui y a exposé ses toiles sappelle Theodor Grigoraș. Selon lui, cette exposition, intitulée » Delectatio Morosa » parle du plaisir de se délecter de sa propre imagination.
Lhistoire du projet a des racines profondes. Des racines qui ont grandi et se sont développées au cours des 10 dernières années. En déambulant sur l Avenue de la Victoire, la plus ancienne artère de Bucarest, on constate que, dans un passage commercial assez animé, il y a un espace dédié à lart. Et pas nimporte quel type dart. Cristian Cojanu, initiateur et coordinateur de ce projet curatorial nous a parlé des débuts de celui-ci: «Ce projet est la continuation dun travail de près de 10 ans, par le biais duquel nous avons découvert et lancé de jeunes artistes. Pour une description plus précise je dirais quil sadresse aux jeunes artistes frais émoulus de lUniversité dart qui font lexpérience des deux premières années de rencontre avec la réalité. Pendant leurs études supérieures, ils ont à leur disposition un atelier et du matériel de travail. Tôt après, ils découvrent que le prix des matériels et le montant du loyer pour latelier ne sont pas du tout négligeables. Et ils se rendent compte que pour exposer leurs ouvrages ils doivent se démener. Ceux qui ne le font pas – plus de la moitié dentre eux, je crois – finissent par délaisser le pinceau.”
Cristi Cojanu nous a également expliqué dans quelles circonstances a été déniché cet endroit. Vers la fin 2017, les espaces situés au rez-de-chaussée des immeubles de cette zone très fréquentée de la capitale étaient déserts et dans un piètre état. Il y avait partout des affiches vitrine « A vendre » ou « A louer ». Alors, lAssociation 1001 Arts a recherché les propriétaires et commencé petit à petit à organiser des événements culturels. À la suggestion de Cristi Cojanu, ils ont jeté les bases dun projet baptisé «Projet de réhabilitation culturelle de lAvenue de la Victoire». Sitôt dit sitôt fait: ils ont organisé 20 événements en 2 mois, qui ont réuni entre 5 000 et 10 000 visiteurs. Entre temps, les choses ont progressé. Bien sûr, la pandémie les a obligés à réviser leurs plans. Cristian Cojanu explique: «Nous avions prévu un calendrier dexpositions extraordinaire, qui aurait dû commencer en février, mars. Nous aurions réussi à obtenir du financement et à organiser des expositions à létranger. Tous ces projets sont tombés à leau, évidemment. En revanche, nous sommes parvenus à mener à bien ces trois expositions estivales: lexposition dAndrei Grigore, lexposition dOtto Constantin – Quelle nostalgie, quel tourment – et celle de Theodor Grigoraș – Delactatio Morosa. 90% de ces ouvrages ont été réalisés pendant les mois de confinement et donc tous sont liés à la période que nous traversons. «
Notre interlocuteur nous a également parlé des événements envisagés dans un proche avenir par lAssociation 1001 Arts et par la Fondation pour la Culture et les Arts, qui la rejointe dans le projet déroulé cet été. Il y aura, à lautomne, la suite de lexposition de groupe sur le thème « Bestiaire ». Commencée en 2016 et accueillie par le même espace du centre ville, elle nous fait part des craintes des artistes. Le concept proprement-dit remonte loin dans lhistoire de lhumanité. Ce qui est particulièrement intéressant cest la comparaison que lon peut établir entre les ouvrages exposés lors des différentes éditions de lévénement et qui portent la signature de générations dartistes éloignées dans le temps. La conclusion générale cest que les peurs des artistes dun certain âge sont liées plutôt à la religion, à la pauvreté ou aux régimes totalitaires, alors que les jeunes appréhendent surtout les choses qui ont trait à lenvironnement, à lintelligence artificielle. Ils craignent aussi que les humains ne perdent de vue lessence, le sens même de lexistence. Reste à savoir quelles craintes lexposition de cet automne va révéler aux visiteurs, car « 2020 est une année très fertile de ce point de vue », a conclu Cristian Cojanu, notre interlocuteur.