Le sorcier dentu
Dans chaque adulte existe quelque part un gamin qui aime bien faire le malin, qui nous pousse de temps en temps à frapper dans un ballon égaré dans la rue, qui nous arrête devant lécran de la télé à chaque fois quon tombe, par hasard, sur un dessin animé. Cest par ces mots que lécrivaine, Veronica D. Nicolescu, parle du livre pour enfants « Le sorcier dentu » de Calin Torsan, paru dernièrement chez les Maisons dédition Polirom Jeunesse. Grand gagnant du premier concours de littérature pour enfants organisé par Polirom, Calin Torsan est un musicien passionné du jazz et de limprovisation et membre de plusieurs groupes tels Multumult ou encore torsan/balan. « Le sorcier dentu » cest son troisième livre après « Plasterca » et « Tout, rien que pour papa » parus chez la Maison des paris littéraires.
Christine Leșcu, 13.08.2019, 14:07
Ecoutons Calin Torsan parler de son dernier bouquin: « Le roman se construit autour de lidée du temps qui passe, un thème délicat auquel même les enfants peuvent accéder, si on sait leur expliquer. A vrai dire, ni même pour nous, les adultes, il nest pas toujours évident cette différence entre le passé, le présent et lavenir. Cest justement de ça que mon livre parle. De ça et de lécart entre la vie réelle et celle virtuelle. Le sorcier dentu nest, en fait, que le temps qui se nourrit des choses qui nous entourent, de nos vies et de nos corps, qui se fait remarquer même dans la vie de nos enfants quon voit grandir et quon a du mal à comprendre à partir dun certain moment. Après, jai insisté aussi sur la différence dâge entre certains parents et leurs enfants, parfois presque insurmontable si lon pense à un gamin de dix ans, par exemple, dont la mère ou le père ont déjà la quarantaine. Cest comme si le sorcier se mêle pour nous séparer. Du coup, par mon livre, jai essayé de tisser une sorte de rituel du passage du temps. Le bouquin souvre par un mantra qui dit « Pit était un type atypique/ Un nain apathique » et finit également par un mantra« .
Et puisque le roman sadresse aux enfants de plus de 9 ans, il est tout à fait normal quil sattaque aussi au thème de la numérisation et des technologies de l’information qui souvent ne font que creuser davantage lécart entre parents et enfants. Aux dires de son auteur, le roman sadresse aussi bien aux gamins quà leurs parents. Calin Torsan: « Jai essayé de proposer aux lecteurs une sorte de jeu entre la vie et la non-vie. Une sorte de mélange dont je suis très fier et qui me pousse à inviter grands et petits à se réunir autour de mon histoire comme autour dun feu de camp. Il y a des passages qui laissent la place aux débats et même si la lecture du roman nest pas menée jusquà la fin, jespère, au moins, quelle constitue une occasion de dialogue entre parents et enfants. Jaimerais bien savoir que mon bouquin a provoqué des discussions matinales ou nocturnes entre un enfant et ses parents« .
A part lhistoire proprement dite du sorcier, le bouquin attire par les illustrations magnifiquement réalisées par Carla Dushka que Calin Torsan présente: « Cest une très bonne amie à moi. Jai eu la chance de me voir accorder par mon éditeur toute la liberté de choisir la main qui fasse les dessins et jai préféré celle de Carla à celle d’un dessinateur proposé par les Maisons dEditions. Je lui ai fait entièrement confiance, je ne lui ai pas fait de suggestions et du coup, je fus agréablement surpris quand jai vu le résultat. En fait, ces dessins proposent des solutions aux problèmes soulevés par le texte et ça, jai adoré« .
Même si Calin Torsan ne veut pas voir son bouquin inscrit sur la liste des lectures obligatoires pendant les grandes vacances, « Le sorcier dentu » a toutes les chances dattirer un nombre impressionnant de lecteurs jeunes et moins jeunes.