Le Mémorial de Sighet
Dans l’actuel contexte de pandémie mondiale, la plate-forme culturelle et artistique Google Arts et Culture vous propose, entre autres, un tour virtuel d’un musée très spécial de Roumanie. Connu sous le nom de « Mémorial de Sighet », ce musée se trouve au nord extrême de la Roumanie, à Sighetul Marmaţiei et son but est de préserver vivante la mémoire des victimes de la répression communiste. Créé en 1993, ce musée est ce que l’on appelle un musée vivant, qui expose des traces de la souffrance humaine pendant les années communistes.
Ana-Maria Cononovici, 29.05.2020, 14:41
Dans l’actuel contexte de pandémie mondiale, la plate-forme culturelle et artistique Google Arts et Culture vous propose, entre autres, un tour virtuel d’un musée très spécial de Roumanie. Connu sous le nom de « Mémorial de Sighet », ce musée se trouve au nord extrême de la Roumanie, à Sighetul Marmaţiei et son but est de préserver vivante la mémoire des victimes de la répression communiste. Créé en 1993, ce musée est ce que l’on appelle un musée vivant, qui expose des traces de la souffrance humaine pendant les années communistes.
Inscrit sur la plateforme culturelle Google, le musée se laisse visiter en cette période à travers des images. La première nous mène vers l’entrée, gardée par un groupe statuaire, symbole du sacrifice. Ayant pour leitmotiv la phrase « la mémoire est une forme de justice », l’exposition telle qu’elle apparaît en ligne présente des photos de toutes les femmes torturées et tuées pour avoir tout simplement déplu au régime communiste. Des filles de prêtre, des bourgeoises, des intellectuelles ou des paysannes, leur seul péché fut d’avoir eu des opinions différentes de celles des autorités.
L’exposition se poursuit avec l’image de l’ancienne façade de cette prison communiste transformée par la suite en musée. Tout autour, des photos de femmes et d’enfants pauvres, sales, affamés, au regard vide, en attendant leur déportation à l’autre bout du pays, dans la plaine aride de Bărăgan où la famine allait faire des nombreuses victimes.
Le tour se poursuit avec la salle n°13, où le visiteur aura l’occasion de découvrir en images les représailles que les communistes ont menées contre l’Eglise. Dans la cour de la prison, une statue intitulée « Le cortège des sacrifiés », portant la signature du sculpteur Aurel Vlad, symbolise leur supplice : on les voit les têtes tournées vers le mur, des corps nus, marqués par les tortures et dirigés de l’ombre par un leader décapité.
Une fois à l’intérieur, un long couloir s’ouvre devant nous, dont les murs sont couverts de photos de détenus. On sera certainement émus de voir dans leur regard la paix et la sérénité des gens qui préfèrent la mort à la perte des valeurs et de leur propre conscience.
Un monument funéraire se trouve à l’entrée du cimetière dit « des Pauvres ». Un terrain vague couvert d’une mer de croix banales, faites de deux lattes en bois. C’est tout ce qui est resté après la souffrance. Pour une image encore plus complète et vraie, le visiteur est invité à emprunter « l’échelle de la vie », une sorte de plate-forme du haut de laquelle, on peut regarder le cimetière à travers une fente entre deux murs, symbole de la vie et de la mort en captivité. Réservée aux familles oppressées, la salle numéro 69 donne aux visiteurs la possibilité de découvrir en photos toutes ces familles du temps où leurs vies s’écoulaient normalement. C’est toujours par des images que le musée raconte des événements importants de l’histoire communiste en Europe, tels la répression sanglante de la Révolution hongroise de 1956 ou encore une chronologie de la Guerre Froide.
On vous invite à poursuivre notre tour en ligne, en nous rendant dans la salle 80, consacrée à « la Liberté sur les ondes » et donc aux émissions et aux journalistes de Radio Free Europe.
Le Printemps de Prague de mai 1968, la Charte 77, cette pétition des dissidents opposés au processus de « Normalisation » de la société tchécoslovaque, la Révolution de velours de 1989 ou encore le Mouvement Solidarnosc en Pologne sont autant d’événements que le Musée vivant de Sighet remémore. Sur l’ensemble des photos exposées, il y en a une qui attire particulièrement l’attention : elle montre l’intérieur de la prison politique de Sighet. Des murs froids et humides, deux étages séparés par une barrière de barbelés, des cellules misérables, ce n’est peut-être là que l’image d’une des nombreuses prisons du monde. Sauf que la seule erreur dont les détenus de Sighet se faisaient coupables c’était d’avoir des convictions contraires à la politique communiste.Une salle entière est consacrée à l’ancien leader du Parti national paysan, Iuliu Maniu. Si vous vous y rendez, ne serait-ce que virtuellement, vous aurez l’occasion de le découvrir à travers des photos le représentant à différentes époques de sa vie. Jeté en prison à 75 ans, il allait y trouver la mort.
Le Mémorial de Sighet renferme également des collections d’objets faits par les prisonniers en cachet, durant les longues années de détention : des poèmes cousus avec une brandille soustraite d’un balai, de petites croix sculptées en os, une petite poupée créée par une détenue qui a choisi de l’habiller d’un bout de tissu imitant son propre uniforme.
La visite s’achève avec la photo de Libertatea Preduţ, fille de Iulia Preduţ, née en prison, à Văcăreşti, le 18 septembre 1958. (Trad. Ioana Stancescu)