La citadelle de Cisnădioara
C’est au début du XIIe siècle qu’une basilique romane fut bâtie au sommet d’une colline, à 12 Km de la ville de Sibiu. L’église saxonne de Cisnădioara, de rites évangéliste et luthérien, est composée de trois vaisseaux et entourée d’un mur d’enceinte, érigé le long du sommet de la colline dont le nom roumain reprend l’appellatif allemand – Michelsberg, c’est-à-dire la Colline de Mihai. Le monument se distingue des autres églises similaires de Transylvanie par son excellent état de conservation.
Daniel Onea, 25.08.2018, 12:01
C’est au début du XIIe siècle qu’une basilique romane fut bâtie au sommet d’une colline, à 12 Km de la ville de Sibiu. L’église saxonne de Cisnădioara, de rites évangéliste et luthérien, est composée de trois vaisseaux et entourée d’un mur d’enceinte, érigé le long du sommet de la colline dont le nom roumain reprend l’appellatif allemand – Michelsberg, c’est-à-dire la Colline de Mihai. Le monument se distingue des autres églises similaires de Transylvanie par son excellent état de conservation.
Cela, en dépit des époques troubles que l’église a dû traverser au fil des siècles, comme nous le raconte notre guide d’aujourd’hui et conservatrice du monument, Carmen Kelber : « L’église fortifiée ou la citadelle de Cisnădioara est la plus ancienne église romane érigée en Transylvanie. Construite en 1180, elle ne put compter sur ses murs d’enceinte qu’à partir de 1241, juste avant l’invasion mongole. Pendant 300 ans, elle abrita des moines cisterciens, car, en 1223, l’église a été rattachée à l’abbaye cistercienne de Cârţa. A travers les siècles, elle a rempli des fonctions diverses. Eglise au départ, citadelle abritant des unités d’archers par la suite, arsenal, voire même prison pour une brève période. De nos jours, elle est ouverte aux visiteurs. On y célèbre encore la messe trois à quatre fois par an. »
C’est au XVIIe siècle que l’église fortifiée de Cisnădioara se fait assiéger par les armées ottomanes. Carmen Kelber rappelle l’épisode : « Les Turcs avaient pour habitude de mettre à sac et puis de mettre le feu aux places fortes qu’ils occupaient. Cisnădioara n’a pas dérogé à la règle. Après l’incendie et pour cent ans, l’église demeura sans toiture. Ce n’est qu’en 1787 que la toiture fut reconstruite, tout en gardant son apparence d’origine. Sur les murs, vous pouvez remarquer ces petits rochers, aiguisés à l’origine, mais ayant subi l’érosion du temps, qui servaient à l’époque à la défense de la cité. On les poussait depuis le sommet de la colline, pour écraser les téméraires qui s’aventuraient à l’attaquer. Puisqu’il n’y avait pas d’arbres autour, les rochers pouvaient rouler tranquillement jusqu’en bas de la colline, et faire pas mal de dégâts. Après la fondation du village de Cisnădioara, les jeunes hommes mariés, pour montrer leur force, se devaient de faire monter un de ces menhirs au sommet. Et puis, si, de nos jours, l’on a des marches, dans le temps c’était une autre paire de manches. »
Donc, si vous allez tenter l’ascension, vous voilà avertis. Néanmoins, la route escarpée vous laissera le loisir de vous arrêter pour souffler, mais aussi d’admirer et d’immortaliser cet endroit magnifique, assure Carmen Kelber : «Comptez 10 minutes pour monter les 145 marches, irrégulières certes, et pour franchir les 160 mètres à parcourir. Ce n’est pas de tout repos, mais l’effort consenti vaut la peine. Une fois arrivé en haut, vous n’allez pas le regretter. La vue est imprenable. Vous voyez la rivière, le village, les collines avoisinantes, la nature magnifique et sauvage qui nous entoure.»
Les touristes étrangers, aussi sceptiques qu’ils soient au départ, repartent émerveillés, raconte Carmen Kelber, conservatrice de l’église fortifiée de Cisnădioara. Certains y débarquent au hasard de leurs promenades à travers la Transylvanie ou à l’occasion du Festival international de théâtre, organisé chaque année en haut de la colline. Quant à Carmen Kelber, vous allez la retrouver assise sur un banc, jamais loin de l’église qu’elle chérit autant, et toujours prête à vous conter une kyrielle d’histoires, plus savoureuses les unes que les autres. (Trad. Ionut Jugureanu)