La mosquée d’Esmahan Sultan de Mangalia (édition concours)
Assujettie par les empires macédonien, romain ou byzantin, devenue, pour de brefs laps de temps, terre roumaine sous l’administration de la principauté de Valachie, la contrée de Dobroudja a appartenu à l’Empire ottoman dès le XVe siècle. C’est ce qui explique le fait qu’une importante communauté musulmane s’y est développée jusqu’au XIXe siècle, date à laquelle cette province rejoint le Royaume de Roumanie. A part les habitants appartenant à cette ethnie, maints édifices, ainsi que les coutumes et traditions soigneusement préservées témoignent encore de l’ancienneté de cette communauté sur le sol roumain.
Christine Leșcu, 31.03.2015, 14:48
Assujettie par les empires macédonien, romain ou byzantin, devenue, pour de brefs laps de temps, terre roumaine sous l’administration de la principauté de Valachie, la contrée de Dobroudja a appartenu à l’Empire ottoman dès le XVe siècle. C’est ce qui explique le fait qu’une importante communauté musulmane s’y est développée jusqu’au XIXe siècle, date à laquelle cette province rejoint le Royaume de Roumanie. A part les habitants appartenant à cette ethnie, maints édifices, ainsi que les coutumes et traditions soigneusement préservées témoignent encore de l’ancienneté de cette communauté sur le sol roumain.
Les plus anciennes moquées que l’on peut admirer de nos jours en Roumanie sont celles de Mangalia et Babadag, des XVIe et XVIIe siècles. Fondée par le général Ali Gaza-Pacha, la Mosquée de Babadag est un monument historique et d’architecture religieuse dont la construction remonte aux années 1609 – 1610. Le Mausolée qui se dresse dans la cour accueille les ossements du commandant ottoman Ali Gaza. A la différence de cette mosquée, celle de Mangalia est encore plus ancienne. On la découvre au centre historique de la ville, entourée d’un jardin frais et reposant. On dirait une maison d’antan.
Ismet Halil, l’imam de la mosquée d’Esmahan Sultan, nous fait un bref historique de ce monument : « La Mosquée d’Esmahan Sultan compte parmi les plus anciennes du pays, consruite en 1573. Elle porte le nom de sa fondatrice, la princesse Esmahan, fille du sultan Selim II et épouse de Sokollu Mehmed Pacha. Les murs de la mosquée bâtie en pierre taillée par des maîtres artisans turcs mesurent 85 centimètres d’épaisseur. A l’intérieur de ce sanctuaire de culte musulman, on retrouve le mihrab, orienté vers la cité sainte, la Mecque. C’est dans le mihrab que l’imam célèbre l’office divin. A droite du mihrab, se trouve la chaire, du haut de laquelle l’imam prononce les prêches du vendredi et des jours de fête. Le minaret se dresse sur le flanc nord de la mosquée. Un escalier intérieur, en colimaçon, mène à la terrasse du minaret. »
Cette terrasse offre au visiteur une très belle vue sur la ville de Mangalia, la plage et la mer et permet l’accès au sommet du minaret. La vielle cité se découvre au fil des maisonnettes blanchies à la chaux qui rappellent aussi bien la Grèce que le monde arabe.
Ismet Halil, l’imam de la mosquée d’Esmahan Sultan nous a appris que la cour de la mosquée est elle aussi classée monument historique : « C’est parce qu’elle abrite une fontaine rituelle, où jadis les hôtes, qui étaient surtout des marins, venaient faire leurs ablutions. Nous autres musulmans, nous procédons à cette purification rituelle avant l’office divin. La cour de la mosquée abrite des tombes où reposent certaines personnalités des temps jadis tel que Mehmed Pacha, ou bien des soldats et des civils. Certaines de ces tombes ont été dévastées, d’autres sont conservées intactes ».
Plusieurs stèles du cimetière se trouvant dans la cour de la mosquée d’Esmahan Sultan sont vieilles de plus de 3 ou 4 siècles et portent des inscriptions en vers. Véritable havre de paix à l’ambiance exotique, la Mosquée d’Esmahan Sultan, récemment remise en état, est une attraction incontournable pour le visiteur de passage à Mangalia. Elle sert aujourd’hui encore de lieu de culte pour la communauté turco-tatare de la ville, qui dénombre près de 3 mille fidèles. (Trad. Mariana Tudose)