Le monastère de Hurezi
Christine Leșcu, 27.08.2014, 14:29
Le monastère de Hurezi est situé dans la localité de Horezu, du comté de Vâlcea, dans le sud de la Roumanie. Il a été construit par les soins de Constantin Brancovan en 1689, deuxième année de son règne. Le monastère devait également servir de nécropole à la famille princière. Le prince Constantin Brancovan et ses quatre fils ont été décapités sur ordre du sultan, il y a 300 ans, pour avoir refusé de se convertir à l’Islam.
Le voïvode a été canonisé par l’Eglise Orthodoxe Roumaine, en hommage à son martyre et à la longue paix qu’il a réussi à instaurer en Valachie. Durant les 25 années de calme pour le pays, de nombreux lieux de culte et palais ont été érigés et un nouveau style architectural est apparu, connu depuis lors sous le nom de « brancovan ». Le monastère de Hurezi est le premier édifice construit dans ce style.
Plus de détails avec le guide du monastère, Soeur Ecaterina Olteanu. « Le règne de Constantin Brancovan a été non seulement très long, mais aussi et surtout très calme. Si le pays n’a pas connu de guerres tout ce temps-là c’est grâce aux qualités de bon diplomate de ce voïvode. Constantin Brancovan a profité de cette longue période de paix pour s’occuper des problèmes économiques, culturels et religieux du pays. Après la bataille de Zărneşti, en Transylvanie, la seule jamais menée pendant son règne, Constantin Brancovan fait construire le monastère de Hurezi. Quatre ans avant son sacre, il avait acheté les domaines de Huhurezi. Leur appellation renvoie aux hululements des hiboux qui perçaient le silence des forêts couvrant ces terres. »
Pour faire ériger ce lieu de culte, Constantin Brancovan a fait venir les maîtres artisans les plus doués: peintres, maçons, tailleurs de pierre et de bois, dont les noms et portraits sont visibles même de nos jours sur les murs de l’église. C’était pour la première fois que l’on connaissait leur identité, car, jusque là, la tradition voulait qu’ils restent anonymes. Hurezi est en fait un ensemble d’édifices de différentes tailles, ayant chacun sa propre signification ou valeur artistique. Sœur Ecaterina Olteanu nous fait faire le tour du monastère. « La porte principale donne sur les jardins. Le visiteur empruntera une allée bordée de noyers avant d’entrer dans la deuxième enceinte où se trouve aussi une des fontaines de Hrisant, un des supérieurs du monastère. C’est lui qui fit ajouter sur le flanc ouest du monastère un nouveau corps de bâtiments. Vient ensuite l’enceinte, qui abrite l’église. Il y a aussi quatre ermitages, orientés aux quatre points cardinaux. Celui du sud sert d’église du village. Comme tous les vieux monastères, celui de Hurezi abrite aussi une infirmerie, fondée par l’épouse du prince et où les nonnes et les moines se soignaient avec des remèdes naturels, car il n’y avait pas d’hôpitaux à l’époque. Si les ermitages sont visitables, l’infirmerie ne l’est pas, vu son état actuel. »
Ce qui attire le plus les visiteurs c’est l’église du monastère de Hurezi, qui se fait remarquer par ses éléments artistiques originaux. « Avant d’entrer dans l’église, on voit l’exo narthex. Sur élargi, tout comme le pronaos et orné de belles peintures, il repose sur 10 colonnes. Ce type d’exo narthex et le naos recouvert de peinture brancovane sont à retrouver également au monastère de Cozia. D’autres monastères, qui longent la Vallée de l’Olt, témoignent de ce style. Il s’agit du monastère dit « d’un seul bois », ainsi que de ceux de Bistriţa et de Surpatele. La construction de ce dernier on la doit à Marie, l’épouse du prince Constantin Brancovan. A Hurezi, on peut observer aussi les influences de l’architecture extérieure du monastère de Curtea de Argeş. Et je me réfère aux deux clochers qui surplombent le naos et le pronaos et à la belle décoration florale. Cette dernière se présente sous la forme d’un bandeau sculpté qui ceint les façades. Quant aux fenêtres, l’encadrement d’en bas est lui aussi sculpté, tandis que celui d’en haut est fait de stucages arrondis. »
Un autre élément qui attire l’attention est l’iconostase haute de 10 mètres, sculptée en bois de tilleul et recouverte d’or. Le monastère de Hurezi, qui a abrité des moines jusqu’en 1872 et puis des nonnes, est le plus vaste ensemble architectural moyenâgeux de Valachie. Il figure sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO…(trad. : Mariana Tudose)