Les bernaches à cou roux
La fin de la période d’hivernage des
oiseaux migrateurs approche. Certaines espèces partiront pour les sites de
nidification du nord, tandis que d’autres, insectivores, retourneront en
Roumanie. L’une des espèces hivernantes en Roumanie, qui bénéficie d’une
surveillance étroite de la part des spécialistes, est la bernache à cou roux
(Branta ruficollis). C’est l’une des espèces d’oie les plus menacées au monde. Elle
parcourt en deux mois environ un itinéraire de plus de 7 mille km en partant de
Sibérie, afin d’hiverner dans des régions de Roumanie, de Bulgarie et
d’Ukraine, qui ne sont pas gelées et où les oiseaux peuvent se nourrir. Le
suivi de la population de bernaches à cou roux est impératif, car au début de
ce siècle, les spécialistes ont constaté une réduction des effectifs, causée
par des perturbations survenues dans leurs sites de nidification situés dans
les zones pétrolières, à cause la construction de parcs éoliens sur leur route
de migration et, enfin et surtout, à cause la chasse. La bernache à cou roux
niche dans les péninsules de Taimyr, Gydan et Yamal de la toundra russe, où elle
place ses nids près de ceux du Faucon voyageur (Falco peregrinus) et de la chouette
polaire (Bubo scandiaca), espèces qui la protègent contre les prédateurs
terrestres.
Ștefan Baciu, 02.03.2023, 13:44
La fin de la période d’hivernage des
oiseaux migrateurs approche. Certaines espèces partiront pour les sites de
nidification du nord, tandis que d’autres, insectivores, retourneront en
Roumanie. L’une des espèces hivernantes en Roumanie, qui bénéficie d’une
surveillance étroite de la part des spécialistes, est la bernache à cou roux
(Branta ruficollis). C’est l’une des espèces d’oie les plus menacées au monde. Elle
parcourt en deux mois environ un itinéraire de plus de 7 mille km en partant de
Sibérie, afin d’hiverner dans des régions de Roumanie, de Bulgarie et
d’Ukraine, qui ne sont pas gelées et où les oiseaux peuvent se nourrir. Le
suivi de la population de bernaches à cou roux est impératif, car au début de
ce siècle, les spécialistes ont constaté une réduction des effectifs, causée
par des perturbations survenues dans leurs sites de nidification situés dans
les zones pétrolières, à cause la construction de parcs éoliens sur leur route
de migration et, enfin et surtout, à cause la chasse. La bernache à cou roux
niche dans les péninsules de Taimyr, Gydan et Yamal de la toundra russe, où elle
place ses nids près de ceux du Faucon voyageur (Falco peregrinus) et de la chouette
polaire (Bubo scandiaca), espèces qui la protègent contre les prédateurs
terrestres.
Emil
Todorov vient de Bulgarie et il habite depuis plus de 10 ans en Roumanie ;
il s’intéresse à cette espèce, étant également le responsable du projet « Life
for Safe Flight » / « La vie pour un vol en toute sécurité »,
mis en place dans notre pays par la Société Ornithologique de Roumaine.
Emil Todorov affirme que les les bernaches à cou roux ont
été moins nombreuses en novembre et décembre 2022 par rapport aux années précédentes
: « C’est peut-être le cas parce que l’année dernière les températures étaient
plus élevées en Sibérie. Ces espèces d’oiseaux migrateurs qui viennent du Nord
sont très influencées par l’évolution des températures. Les bernaches n’ont peut-être
pas eu besoin de descendre plus au sud, vers nous, où il y a des champs sans
neige et des lacs dégelés. S’il y a ces conditions chez elles, elles n’ont pas
besoin de partir ! Vers la fin du mois de décembre 2022, il y a eu une vague de
froid, suite à laquelle des milliers de bernaches à cou roux sont venues dans
la région du Bărăgan, la zone balnéaire de Dobrogea et dans
le delta du Danube. Nous avons fait le compte final récemment et conclu qu’un
peu plus de 12 mille exemplaires sont installés en ce moment dans le sud-est de
la Roumanie. »
Nous avons demandé à Emil Todorov dans
quelle mesure la migration de cette espèce d’oiseau menacée a été influencée par
la guerre en Ukraine : « C’est difficile de répondre à cette question.
Oui, certainement, d’après ce que nous savons et ce que nous voyons à la télé,
certaines des zones de conflit, la région de Kherson en particulier, étaient des
endroits où les bernaches se reposaient avant arriver sur le territoire roumain.
Les événements qui y ont eu lieu, ainsi que les manœuvres de guerre, ont
certainement provoqué une intrusion importante. Quel a été l’impact précis ?
Difficile à dire ! Certes, de nombreuses espèces éviteront ces zones dont elles
se servaient en tant qu’aires de repos, où elles séjournaient, s’abritaient et se
ressourçaient, pour ainsi dire. Les oiseaux devront désormais chercher d’autres
zones. Cela impliquera davantage d’heures de vol et d’exploration des nouvelles
régions qui ne sont peut-être pas déclarées aires protégées. Le risque de cette
deuxième implication serait le fait que les espèces pourront facilement être
chassées ou braconnées. Nous avons aussi des bernaches à cou roux équipées d’un
émetteur GPS qui nous donne des informations précieuses sur leur localisation.
Nous saurons donc bientôt la réponse, si elles évitent – oui ou non – ces zones
de conflit. Nous avons actuellement trois bernaches à cou roux avec des
émetteurs en Roumanie. Trois autres se trouvent encore dans la région de Rostov,
dans le sud de la Russie. D’après nos recherches, le temps y est toujours assez
favorable et il est possible que ce soit l’une des raisons pour lesquelles elles
ne descendent pas encore vers nous, dans le Sud. »
Contrairement aux années précédentes,
aucun cas de braconnage n’a été signalé cet hiver. À la fin de l’année
dernière, le Plan National d’action pour la conservation de la bernache à cou
roux a été adopté en Roumanie. Il prévoit plus de 20 actions à mettre en place par
les autorités, les organisations non gouvernementales et les associations de
chasse au cours des 10 prochaines années. Les bernaches à cou roux quitteront
la Roumanie fin février – début mars et elles retrouveront leurs sites de
nidification en Sibérie en mai-juin. (Trad. Rada Stanica)