Les oiseaux migrent-ils encore ?
Ștefan Baciu, 13.12.2021, 13:21
A chaque
printemps et automne, de nombreuses espèces d’oiseaux migrent. Ils parcourent
des milliers, voire des dizaines de milliers de kilomètres, pour atteindre leur
zone d’hibernation ou de nichage. La Roumanie se trouve sur la route migratoire
de nombreuses espèces de ces espèces. L’arrivée de certaines sur son territoire
est synonyme de changement de saison. Par exemple, l’hirondelle rustique (Hirundo rustica) fait le printemps. On l’observe en effet dans les
régions au climat continental-tempéré, comme c’est le cas de la Roumanie,
lorsque la température commence à augmenter. De petite taille, elle a de
longues ailes pointues, un plumage jaune sur la poitrine et noir sur les ailes
et le dos, avec quelques reflets bleutés. De la même façon, son départ pour l’Afrique
subsaharienne annonce l’arrivée de l’automne en Roumanie.
Parmi les espèces, certaines
restent désormais passer l’hiver en Roumanie et font aujourd’hui l’objet d’études.
Pour en savoir plus, nous avons demandé à Cristian Domșa, de la Société Ornithologique
de Roumanie, s’il s’agit d’un changement de comportement : « En
général, les informations dont nous disposons font état de spécimens malades ou
n’effectuant plus de migration pour des raisons diverses. Il ne faut pas nier
que ce phénomène existe. Toutefois, il n’est pas aussi prononcé en Roumanie et en
Europe de l’Est qu’il l’est en Europe de l’Ouest. On a tout de même observé que
de nombreuses espèces qui migraient autrefois, du moins partiellement, commençaient
à rester nicher en Europe. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses. C’est
le cas par exemple de la cigogne blanche qui ne migre plus en Afrique, mais niche
désormais l’hiver dans l’ouest de l’Europe, en Espagne ou dans le sud de l’Italie.
On observe la même tendance en Europe de l’Est, même si cela n’est pas encore
si évident en Roumanie. Il est vrai que certains spécimens restent passer l’hiver,
surtout dans les régions les plus chaudes, les plus au sud ou à l’est du pays.
Ces spécimens survivent aujourd’hui car c’est généralement le froid et le manque
de nourriture qui les poussaient à partir. Mais aujourd’hui les températures
sont plus douces, ils peuvent donc plus facilement se procurer de la nourriture
et ainsi survivre à l’hiver. Mais ce ne sont que des cas isolés ! »
Au cours des dernières décennies, l’automne
en Roumanie s’est rallongé et les températures sont devenues plus douces. En
général, les chutes de neige les plus importantes ont désormais lieu à la fin
du mois de janvier ou au début du mois de février. Nous avons demandé au
spécialiste Cristian Domşa si l’arrivée du grand froid pouvait ou non pousser
les oiseaux à migrer, même plus tard que prévu dans la saison : « Absolument.
Certaines études le montrent déjà. Mais il faut observer les choses sur la
durée. Pour le moment, on ne peut pas se positionner sur une période de deux ou
trois ans d’observation. En revanche, si l’on s’appuie sur des études plus
approfondies, datant des années 70 et 80, on constate que les oiseaux
migrateurs ont effectivement changé de comportement. Par exemple, ceux qui
effectuent les plus longues migrations arrivent un peu plus tôt et repartent un
peu plus tard. »
Pour
aider les oiseaux, migrateurs ou non, à survivre à l’hiver, la Société
Ornithologique de Roumanie a lancé sa première levée de fonds visant à nourrir
les oiseaux dans les parcs. Les bénévoles de l’organisation ont installé des
mangeoires dans les parcs des plus grandes villes du pays, qui seront
régulièrement remplies pendant l’hiver. (Trad : Charlotte Fromenteaud)