La fin de l’exploitation minière à Roșia Montană
Le Comité du patrimoine mondial a pris cette décision le 27 juillet dernier, alors qu’il se réunissait à Fuzhou, en Chine, à l’occasion des 65 ans de l’adhésion de la Roumanie à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Le Comité a aussi pris la décision d’ajouter le site de Roşia Montană à la liste du patrimoine mondial en péril. Le site est en effet menacé par un projet minier démarré il y a maintenant plus de vingt ans. L’UNESCO a enjoint le gouvernement roumain à protéger le site et à « ne pas délivrer de permis d’exploitation » sur ce territoire. En 1999, le gouvernement roumain a donné son accord à une compagnie roumano-canadienne pour l’exploitation de ce gisement par cyanuration, avec l’objectif d’en extraire 300 tonnes d’or et 1600 tonnes d’argent. D’importantes manifestations organisées par des militants écologistes ont eu lieu à l’époque. Ces derniers étaient farouchement opposés l’exploitation des mines à cause des conséquences désastreuses du cyanure sur l’environnement et de la destruction du patrimoine culturel et historique que représente la région, contraignant ainsi les gouvernements suivants à reporter le projet. La décision de l’UNESCO vient donc mettre un terme à toute tentative d’exploitation minière sur le site de Roșia Montană, mais pas aux litiges en cours ni aux disputes qui divisent la société roumaine.
Ștefan Baciu, 08.11.2021, 07:19
Le Comité du patrimoine mondial a pris cette décision le 27 juillet dernier, alors qu’il se réunissait à Fuzhou, en Chine, à l’occasion des 65 ans de l’adhésion de la Roumanie à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Le Comité a aussi pris la décision d’ajouter le site de Roşia Montană à la liste du patrimoine mondial en péril. Le site est en effet menacé par un projet minier démarré il y a maintenant plus de vingt ans. L’UNESCO a enjoint le gouvernement roumain à protéger le site et à « ne pas délivrer de permis d’exploitation » sur ce territoire. En 1999, le gouvernement roumain a donné son accord à une compagnie roumano-canadienne pour l’exploitation de ce gisement par cyanuration, avec l’objectif d’en extraire 300 tonnes d’or et 1600 tonnes d’argent. D’importantes manifestations organisées par des militants écologistes ont eu lieu à l’époque. Ces derniers étaient farouchement opposés l’exploitation des mines à cause des conséquences désastreuses du cyanure sur l’environnement et de la destruction du patrimoine culturel et historique que représente la région, contraignant ainsi les gouvernements suivants à reporter le projet. La décision de l’UNESCO vient donc mettre un terme à toute tentative d’exploitation minière sur le site de Roșia Montană, mais pas aux litiges en cours ni aux disputes qui divisent la société roumaine.
Après la suspension du projet par le Parlement roumain en 2013, la compagnie disposant du contrat de concession pour l’exploitation de l’or dans les mines de Roșia Montană a sollicité un arbitrage international auprès du Tribunal administratif de la Banque Mondiale à Washington, exigeant que l’Etat roumain lui verse une somme de 5,75 milliards de dollars de dommages et intérêts. Cités par l’agence France Presse, les dirigeants de la compagnie actuellement dans l’attente du verdict n’ont pas exclu d’entamer des poursuites judiciaires pour contester l’ajout du site à la liste du Patrimoine mondial en péril.
De nombreux hommes politiques roumains ont exprimé leur satisfaction suite à la décision de l’UNESCO, affirmant leur souhait de voir le site de Roşia Montană s’inscrire dans une logique de développement durable. Le Ministre de l’Environnement, Tanczos Barna, a évoqué l’opportunité de développer le tourisme dans la région de Roşia Montană :
« Cela marque un nouveau départ pour cette région. C’est l’occasion de la transformer, pour faire de cette reconnaissance internationale un véritable atout pour nos galeries romaines. »
Toutefois, le maire de Roşia Montană, Eugen Furdui, l’un des défenseurs du projet minier, estime que la population locale ne peut pas vivre simplement du tourisme.
« Roşia Montană dispose des plus importantes ressources en or et en argent de toute l’Europe. L’inclure au patrimoine mondial de l’UNESCO revient à bloquer ces ressources. »
Selon l’UNESCO, le site de Roşia Montană représente le complexe minier « le plus important, le plus étendu et le plus diversifié au monde ». En effet, ses galeries datant du 2e et 3e siècles s’étendent sur 7 km. Des tablettes en bois gravées datant de la même époque y ont été découvertes. L’une d’entre elles, datant de l’an 131, révèle des informations sur l’activité minière de l’époque. La ville s’appelait alors Alburnus Maior. L’exploitation des mines de Roșia Montană s’est poursuivie tout au long des siècles jusqu’à nos jours. En témoignent les vestiges des anciens moulins à eau utilisés pour séparer l’or des minerais, ainsi que les lacs artificiels permettant d’assurer le débit de l’eau.
(Traduction : Charlotte Fromenteaud)