LIFE ROsalia, améliorer l’habitat des insectes saproxyliques
Le projet LIFE ROsalia a été inauguré il y a quelques mois, dans le Parc naturel de Putna-Vrancea, dans l’est de la Roumanie, à la courbure des Carpates et dans le bassin de la rivière Putna. L’objectif ? Améliorer l’habitat de cinq espèces d’insectes saproxyliques. Ces insectes se nourrissent de bois mort, et tout comme les champignons, contribuent ainsi au processus de décomposition, en rejetant ensuite les nutriments dans la nature.
Sebastian Dragomir, 30.10.2021, 15:57
Le projet LIFE ROsalia a été inauguré il y a quelques mois, dans le Parc naturel de Putna-Vrancea, dans l’est de la Roumanie, à la courbure des Carpates et dans le bassin de la rivière Putna. L’objectif ? Améliorer l’habitat de cinq espèces d’insectes saproxyliques. Ces insectes se nourrissent de bois mort, et tout comme les champignons, contribuent ainsi au processus de décomposition, en rejetant ensuite les nutriments dans la nature.
Mais ça n’est pas tout, comme nous l’explique Silviu Chiriac, coordinateur du projet LIFE ROsalia au sein de l’Agence pour la protection de l’environnement de Vrancea : « Ces insectes saproxyliques jouent un rôle fondamental pour la santé de la forêt, avant tout parce qu’ils contribuent à sélectionner les arbres les plus robustes. J’irais même plus loin : ils colonisent les arbres les plus fragiles, les plus anciens, les arbres déracinés par le vent, ceux qui ont été abîmés par les engins forestiers ou encore attaqués par les champignons ou les insectes défoliateurs. Ils contribuent ainsi à accélérer la remise en circulation des nutriments dans la forêt. De plus, beaucoup d’insectivores profitent de leur présence, comme les pics, les mésanges, les chauves-souris ou encore les hérissons. Des espèces qui permettent elles aussi de lutter contre les insectes défoliateurs qui font des ravages dans les forêts.»
Bien souvent, on va sélectionner les arbres centenaires ou arrivés à maturité et ceux qui sont les plus abîmés ou les plus malades pour être abattus. Un processus qui met en péril l’habitat de certaines espèces d’insectes saproxyliques protégées par la Directive « Habitats » de la Commission européenne, telles que la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), le Scarabée pique-prune (Osmoderma eremita), le Capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), le Morimus funereus ou encore le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus).
Silviu Chiriac nous parle d’une des dernières activités effectuées dans le cadre de ce projet de protection de certaines espèces d’insectes des Carpates : « Dans un premier temps, l’un des objectifs de ce projet est de diversifier, dans la mesure du possible, les habitats ou micro-habitats de ces insectes dans certaines zones-pilotes. Concrètement, nous avons recréé 22 micro-zones d’intervention au sein du Parc naturel de Putna-Vrancea, dans lesquelles nous allons tenter de reconstituer, ou de créer des micro-habitats pour ces insectes. Par exemple, nous avons commencé à confectionner des boîtes en bois d’une capacité d’environ 80 litres pour les espèces telles que le Scarabée pique-prune qui ont besoin de cavités pleines de sciure ou de bois en décomposition pour survivre. Et dans ces boîtes, nous allons disposer de la matière végétale composée de feuilles de hêtre ou de chêne, de sciure et de farine de protéines, qui devraient se décomposer progressivement. Les insectes devraient s’installer naturellement dans ces boîtes. L’objectif est de recréer un habitat familier pour eux, puisque la plupart des arbres trop vieux ou trop malades sont abattus et retirés pour laisser la place aux nouvelles pousses. En fait, nous compensons l’absence de bois mort et de matières en décomposition, essentielles à ces espèces, avec ces micro-habitats artificiels. »
LIFE ROsalia devrait se poursuivre jusqu’en 2025, et les participants au projet souhaiteraient travailler de concert avec les gardes forestiers afin d’atteindre leurs objectifs. Certains arbres malades vont être laissés à leur place et préparés pour accélérer leur colonisation par les champignons et les insectes saproxyliques. Hormis ces boîtes remplies de matières organiques, le bois résiduel issu des arbres morts sera dispersé en petits monticules à moitié enterrés afin de créer d’autres habitats pour les insectes. (Trad : Charlotte Fromenteaud)