Les chacals du delta du Danube
Le
chacal doré (Canis aureus moreoticus) suscite la curiosité depuis plus de vingt
ans, date à laquelle sa présence a été signalée pour la première fois dans le
sud de la Roumanie. Depuis, il a proliféré, au point de devenir un danger pour
la faune locale et pour les habitants de la région. En temps normal, cette
espèce est active surtout la nuit. Mais depuis quelques années, les habitants
du delta du Danube se plaignent, car les chacals chassent désormais aussi en
plein jour, attaquant le bétail des pâturages, allant même jusque dans les
villages pour trouver de la nourriture. Selon le dernier recensement effectué en
2016, on dénombrait dans le delta du Danube entre 1 800 et 3 000 individus. La
fréquence des attaques laisse toutefois penser qu’ils sont beaucoup plus
nombreux aujourd’hui. Le chacal est une espèce capable de se reproduire très
vite, une femelle pouvant donner naissance entre 4 et 8 petits par an. Les
chacals sont arrivés de Bulgarie, et en l’absence de grand prédateur carnivore
tel que le loup, se sont retrouvés au sommet de la chaîne alimentaire.
Ștefan Baciu, 18.10.2021, 08:49
Le
chacal doré (Canis aureus moreoticus) suscite la curiosité depuis plus de vingt
ans, date à laquelle sa présence a été signalée pour la première fois dans le
sud de la Roumanie. Depuis, il a proliféré, au point de devenir un danger pour
la faune locale et pour les habitants de la région. En temps normal, cette
espèce est active surtout la nuit. Mais depuis quelques années, les habitants
du delta du Danube se plaignent, car les chacals chassent désormais aussi en
plein jour, attaquant le bétail des pâturages, allant même jusque dans les
villages pour trouver de la nourriture. Selon le dernier recensement effectué en
2016, on dénombrait dans le delta du Danube entre 1 800 et 3 000 individus. La
fréquence des attaques laisse toutefois penser qu’ils sont beaucoup plus
nombreux aujourd’hui. Le chacal est une espèce capable de se reproduire très
vite, une femelle pouvant donner naissance entre 4 et 8 petits par an. Les
chacals sont arrivés de Bulgarie, et en l’absence de grand prédateur carnivore
tel que le loup, se sont retrouvés au sommet de la chaîne alimentaire.
Cătălin
Ţibuleac, ancien responsable de la Réserve naturelle du delta du Danube et
aujourd’hui président de l’Association pour la gestion de la destination
touristique du delta du Danube, estime que la présence du chacal est devenue un
véritable problème : « La
situation devient chaque jour plus préoccupante. En effet, on observe une
explosion démographique de la population de chacals, des chacals dont la
présence fait des dégâts irréparables pour les communautés locales. Ils s’en
prennent aux habitations, et les habitants tout comme les touristes venus
visiter le delta ne se sentent plus en sécurité. Les maires et les habitants de
la région ont constaté une diminution des populations de chevreuil, de lièvres et
de certaines espèces d’oiseaux. L’hiver approche, les canaux vont geler et les
oiseaux qui hivernent habituellement dans le delta seront bien plus exposés aux
attaques des chacals. »
Tout
comme le renard et le loup, le chacal a le pelage ocre, la queue courte, le
museau pointu et les oreilles relativement grandes, droites et pointues, et
peut peser jusqu’à 15 kg une fois atteinte sa taille adulte. Il creuse sa
tanière dans le sol, à l’abri des regards. On les observe souvent près des
points de ramassage des ordures. Et à Caraorman, un village situé entre les
bras de Sulina et de Sfântu Gheorghe, les chacals se sont mêmes attaqués au
cimetière, allant jusqu’à creuser les tombes les plus récentes. Les autorités
locales ne se sont pas encore prononcées sur la question des chacals.
Cătălin
Ţibuleac nous explique comment on en est arrivé là : « En avril de cette année, un arrêté du
ministre de l’Agriculture et de l’Environnement a été modifié, stipulant que la
gestion cynégétique dans le delta, autrefois effectuée par la Régie nationale
des forêts, sera désormais faite par l’Administration de la Réserve de
biosphère du delta du Danube (l’ARBDD). Jusqu’à présent, la gestion cynégétique
dans le pays relevait exclusivement de la Régie nationale des forêts. Pour le
delta, c’est à l’ARBDD de s’en charger. Malheureusement, rien n’a été fait dans
ce sens. Il faut prendre des mesures de toute urgence afin de remédier à cette
situation, y compris en ce qui concerne les chacals. Il faut agir au plus vite,
en faisant appel aux associations de chasseurs, et en s’accordant, selon les
études sur le sujet, sur le nombre de chacals à abattre. Pour le moment, il a
été fixé à 400. Tant que nous ne savons pas exactement à combien s’élève le
nombre exact de chacals, difficile de savoir si cela représente beaucoup ou non.
On estime à 6 000 le nombre actuel d’individus. Imaginez qu’il y a 5 ans
seulement, en 2016, on estimait ce nombre à 3 000 selon le dernier recensement du
fonds cynégétique. Cela signifie que la population de chacals a doublé. Et les
mesures nécessaires pour endiguer ce phénomène tardent à être mises en place. »
La bureaucratie est un frein à ces mesures qui tardent à voir le jour. La
dernière chasse aux chacals a été organisée en 2019, au cours de laquelle 113
individus ont été abattus. En mai dernier, l’Administration
de la Réserve de biosphère du delta du Danube (ARBDD) a lancé une procédure de marché
public pour l’organisation de parties de chasse aux chacals, à laquelle
personne ne s’est présenté. Afin de ne pas gêner la saison touristique estivale,
la proposition a été reportée à cet automne. En attendant, les responsables de
l’ARBDD se sont entretenus avec les maires des communes concernées. Ils les ont
encouragés à prendre des mesures préventives contre les attaques de chacals,
par exemple, en surveillant les animaux domestiques pendant la nuit. Par
ailleurs, les éleveurs du delta du Danube affirment qu’aucune clôture
électrique, pourtant efficaces contre les ours et les loups dans d’autres régions
de Roumanie, n’empêchent les chacals de sévir. Un autre incident a d’ailleurs
été rapporté récemment dans une ferme de la commune de Chilia Veche. (Trad. :
Charlotte Fromenteaud)