Protéger les espèces menacées du delta du Danube
Ștefan Baciu, 30.08.2021, 11:37
Par ailleurs, la diminution des ressources piscicoles
met en danger la survie de certains oiseaux et d’autres mammifères aquatiques,
dont l’alimentation est basée sur la présence abondante des poissons. Aussi,
chaque année, l’on y organise des campagnes de ramassage des déchets en
plastique, ramenés par les eaux du fleuve et qui s’échouent dans le Delta.
Selon
une récente étude réalisée par des chercheurs roumains et intitulé « Un
inventaire des espèces présentes dans la réserve de la biosphère du delta du
Danube », cette région abriterait près de 9.500 espèces, mais dont au
moins un tiers sont en danger. Pour prévenir l’extinction de certaines d’entre
elles, l’Administration de la réserve de la biosphère du Delta a mis en place
le programme intitulé « Mesures de protection et de conservation des
habitats et des espèces en danger dans la Réserve de la biosphère du delta du
Danube », programme bénéficiant d’un financement européen de 3,2 millions
d’euros.
La
coordinatrice du programme, Viorica Bâscă, nous parle de quelques espèces dont
la pérennité devrait être assurée grâce à ce programme : « Il s’agit
tout d’abord du pygargue à queue blanche, appelé également grand aigle de mer
ou aigle pêcheur, un rapace de grande taille, qui se nourrit de poissons, de
petits mammifères mais aussi de canards ou d’oies sauvages. Le Faucon sacre
(Falco cherrug), grande espèce de rapace, fait lui aussi partie du programme.
L’on se propose de recréer les habitats de certaines espèces, de construire des
nids, de réaliser des analyses génétiques. Nous parlons de 11 espèces en danger et de 5 types
d’habitats. L’aigle pêcheur et le faucon sacre bénéficieront de nids
artificiels. Le projet prévoit également, dans certains cas, l’introduction
d’exemplaires de certaines espèces menacées. Une étude d’évaluation de la
diversité génétique de certaines espèces sera également menée, certains
habitats seront réhabilités, le transfert de certaines espèces-clé aura lieu
dans le cadre du projet. Des mesures spéciales de conservation des espèces
menacées seront prises et des campagnes de sensibilisation seront menées, comme
il est de coutume à chaque fois. Ces campagnes visent tout particulièrement les
habitants de la zone, mais aussi les investisseurs, les touristes, les
associations locales et même les institutions publiques. Les touristes
devraient être bien mieux informés qu’ils ne le sont actuellement, comprendre
tout l’intérêt qu’il y a à protéger la biodiversité du delta du Danube. »
Car,
en effet, le delta du Danube constitue une destination des plus convoitée par
les touristes de toutes origines. Pas moins de 120.000 mille touristes, dont
une majorité de Roumains, s’y sont rendus en 2020, entre les mois de juillet et
de novembre, en pleine pandémie. Or, la présence massive de touristes peut
constituer à terme une menace pour la biodiversité du Delta, dans la mesure où
ces derniers s’écartent des itinéraires touristiques établis par
l’Administration de la Réserve de la biosphère du delta du Danube. Comme ce fut
récemment le cas de cette chaloupe qui avait traversé une colonie de pélicans.
Cet incident a ranimé le débat sur l’urgence de la mise en place d’un Code de
conduite destiné aux visiteurs. Dans la région du Delta sont enregistrées 500
embarcations destinées aux besoins de déplacement des habitants et 200 autres
destinées aux touristes. Un chiffre bien trop élevé, selon les spécialistes.
(Trad. Ionut Jugureanu)