Sanctuaire pour les oursons orphelins et abandonnés
Ștefan Baciu, 12.07.2021, 10:38
Le déboisement
outrancier et les accidents privent nombre de petits de la forêt de la protection
indispensable de leurs mamans, mettant ainsi leur vie en danger. Toutefois, les
oursons orphelins auront dorénavant une chance de survie en plus : ils pourront
être accueillis au centre aménagé dans les monts Hăşmaş, dans le centre de la
Roumanie, où tout le monde sera aux petits soins pour eux. Fondé voici 17 ans,
le Centre de réhabilitation des oursons Bear Again serait, paraît-il, le seul en
son genre en Europe ; il a participé au sauvetage de plus de 200 oursons,
remis en liberté au fil des ans. Etendu sur une vingtaine d’hectares, entouré
de clôtures électriques, censées protéger, mais aussi empêcher les oursons de s’échapper
prématurément, le sanctuaire des oursons sauvés demeure un endroit
indispensable à la préservation de la vie des jeunes ours demeurés orphelins.
Livia Cimpoeru, responsable communication du Fonds
mondial pour la nature Roumanie, nous détaille le parcours de ses protégés, une
fois accueillis dans le sanctuaire : « Nos amis arrivent dans
cette maison-tanière. Cette année, nous comptons 21 résidents. Ils se lient d’amitié
et vivent ensemble. Nous les nourrissons et assurons leur suivi médical. Les
oursons que nous accueillons nous arrivent souvent déshydratés et
sous-alimentés. On doit donc les aider. Ils peuvent même arriver parfois blessés,
et alors nos amis de l’association Best
for Wild leur fournissent les premiers soins et le suivi médical que leur état
requiert, avant de nous les confier, une fois qu’ils ont repris du poil de la
bête. Ils sont ensuite abrités dans cette maison-tanière puis, une fois qu’ils
s’habituent, on les transfère progressivement dans trois enclos successifs.
Leur parcours chez nous dure entre un an et demi et deux ans, le temps
nécessaire pour qu’ils développent leurs capacités de survie pour le moment
quand ils seront lâchés dans la nature. Le fondateur du sanctuaire avait été
ébloui de constater les capacités instinctives de débrouillardise dont ces petits
sont dotés, même en l’absence de leur mère. Ils collaborent entre eux, et l’homme
n’a qu’un rôle marginal, de soutien. Nous, on essaye d’encourager et de
stimuler leurs habiletés naturelles de débrouille, les encourager à collaborer
avec les autres oursons, pour qu’ils puissent progressivement s’affranchir et s’avérer
capables de survivre en liberté. Vers la fin de leur parcours, ils demeurent
coupés de tout contact avec l’homme, pour qu’ils arrêtent d’associer l’homme à
une potentielle ressource alimentaire. »
Même au début,
l’interaction des oursons avec les humains est réduite au minimum indispensable,
et diminue encore au fil des mois. Livia Cimpoeru : « Lorsqu’ils emménagent
dans le premier enclos, ils reçoivent encore de l’aide, indispensable à leur
survie. Ils sont nourris au lait de croissance d’abord, puis aux fruits, et
leur alimentation est progressivement diversifiée, avec des œufs, des céréales.
Par la suite, ils devront s’habituer à chercher et à dénicher tout seuls de
quoi se nourrir, de façon indépendante. Jusqu’à récemment, les aliments dont
ils avaient besoin étaient livrés par drone, pour que le contact avec l’humain
soit éliminé. Malheureusement, le drone dont on se servait pour ce faire est
tombé en panne, et nous n’avons pas pu le réparer. Il s’agissait d’une machine
spécialement conçue à cet effet. Actuellement, nous travaillons à la
construction d’un funiculaire qui puisse porter les aliments, sans présence
humaine. »
Le centre de réhabilitation des oursons
Bear Again vit exclusivement grâce aux dons privés et aux abonnements payés par
les passionnés qui désirent suivre via une plateforme spéciale, intitulée
Bearflix, le quotidien des ours accueillis dans le sanctuaire. A la fin de leur
parcours, les animaux sont lâchés en liberté, ce qui a le plus souvent lieu à
la fin de l’été ou en automne, lorsque la porte du dernier enclos qui les avait
abrités se fermera à jamais derrière eux. Quant aux oursons ramenés d’autres
régions, ils seront lâchés dans leur région d’origine, après avoir été endormis,
pour éviter le choc du trajet et du contact avec l’homme. (Trad. Ionut
Jugureanu)