Les ballastières et la santé des écosystèmes
La réduction des activités humaines pendant
la pandémie de coronavirus a entraîné une baisse de la pollution de l’air et
des eaux. Par ailleurs, la mise à l’arrêt de nombre d’entreprises et puis le
faible trafic routier, aérien et maritime, soit autant de sources importantes
de nuisances sonores, nous ont fait assister à un événement plutôt inhabituel :
le rapprochement des animaux sauvages des zones habitées. Par exemple, les
chercheurs de l’Institut « Grigore Antipa » de Constanţa (la plus
grande ville-port roumaine à la mer Noire) ont pu observer, près de la côte,
des dauphins en train de poursuivre des bancs de poissons, ce qui s’explique
par une meilleure qualité de l’eau.
Ștefan Baciu, 25.05.2020, 15:33
La réduction des activités humaines pendant
la pandémie de coronavirus a entraîné une baisse de la pollution de l’air et
des eaux. Par ailleurs, la mise à l’arrêt de nombre d’entreprises et puis le
faible trafic routier, aérien et maritime, soit autant de sources importantes
de nuisances sonores, nous ont fait assister à un événement plutôt inhabituel :
le rapprochement des animaux sauvages des zones habitées. Par exemple, les
chercheurs de l’Institut « Grigore Antipa » de Constanţa (la plus
grande ville-port roumaine à la mer Noire) ont pu observer, près de la côte,
des dauphins en train de poursuivre des bancs de poissons, ce qui s’explique
par une meilleure qualité de l’eau.
Des bancs de poissons on en a vu aussi,
après de longues années, dans les eaux de la rivière Bistriţa Ardeleană. Elle
prend sa source dans les Monts Călimani, d’origine volcanique, qui font partie
des Carpates Orientales. Pas sûr cependant que l’on puisse les admirer
longtemps encore, vu que les activités vont reprendre progressivement, précise
Cristian Țetcu, de l’Association Ruralis, dans une interview accordée à
Cristiana Sabău, correspondante de Radio Roumanie à Bistriţa-Năsăud : « Il
y a deux mois, dans les eaux de la rivière Bistriţa Ardeleană, qui traverse le
chef-lieu Bistriţa, on pouvait observer, à l’œil nu, des bancs de poissons
mesurant de 20 à 40 cm. Maintenant que les activités économiques ont repris sur
les berges de la rivière, on ne voit plus que de la boue dans les eaux. Autrement dit, deux mois durant, les eaux de
cette rivière de montagne ont été aussi limpides qu’il y a 30 ou 40 ans. Jadis,
l’eau était cristalline et on allait bronzer sur les rives couvertes de gravier
et de sable. »
De nos jours, la principale menace pour
la santé des écosystèmes, ce sont les ballastières. Les carrières apparues ces
30 dernières années le long de la rivière ont entraîné la disparition des
chutes d’eau et la modification des rives, explique Cristian Țetcu, de
l’Association Ruralis : « Ce qui est vraiment nuisible, c’est qu’en
dehors de l’exploitation du lit de la rivière, la boue qui résulte du processus
de lavage des granulats est déversée dans les eaux. Vu qu’elle s’amoncelle sur
les berges des rivières de montagne, comme c’est le cas de la Bistriţa
Ardeleană, des plantes comme le roseau commencent à y pousser, alors qu’il ne
devait y avoir que des roches. C’est dommage de voir tant de zones d’une rare
beauté et d’une diversité étonnante détruites par l’action de l’homme. Les conséquences
fâcheuses de nos actions s’étendent aussi à la clairière aux narcisses de Mogoşeni et à l’ensemble de cette
aire. Il y va de la survie de tout un réseau trophique. Le simple geste de prendre
une fleur, alors même que c’est interdit, peut avoir des répercussions en
cascade. »
En Roumanie, l’activité des
ballastières est conditionnée à l’autorisation délivrée par l’Agence nationale
des ressources minérales, sur la base de l’avis préalable de l’Agence de
l’environnement et des Directions de gestion des eaux. Selon les normes en
vigueur, une fois l’activité achevée, des travaux de refonte du site naturel
devraient s’ensuivre. Or, cela n’est pas toujours le cas, constatent les
inspecteurs de l’Agence de l’environnement. Ils ont même découvert que
certaines carrières fonctionnaient illégalement. (Trad. Mariana Tudose)