Pour et contre la chasse des espèces protégées des Carpates roumaines
Le Sénat roumain a récemment adopté une proposition législative visant à modifier la Loi de la chasse afin de permettre la chasse de plusieurs espèces protégées. Il s’agit plus précisément des ours bruns, des cormorans et des chamois. Jusqu’ici une espèce strictement protégée, l’ours figurera pendant 5 ans parmi les animaux sauvages dont la chasse est autorisée au cours de certaines périodes de l’année. Une décision qui a été tout de suite contestée par les ONGs écologistes, mais aussi par la société civile. Une pétition a d’ailleurs été signée par 30.000 personnes en 4 jours seulement.
România Internațional, 04.11.2019, 13:22
Le Sénat roumain a récemment adopté une proposition législative visant à modifier la Loi de la chasse afin de permettre la chasse de plusieurs espèces protégées. Il s’agit plus précisément des ours bruns, des cormorans et des chamois. Jusqu’ici une espèce strictement protégée, l’ours figurera pendant 5 ans parmi les animaux sauvages dont la chasse est autorisée au cours de certaines périodes de l’année. Une décision qui a été tout de suite contestée par les ONGs écologistes, mais aussi par la société civile. Une pétition a d’ailleurs été signée par 30.000 personnes en 4 jours seulement.
Précisions avec Cristian Remus Pop, spécialiste des grands carnivores, des corridors écologiques et de la gestion des aires protégées chez le Fonds mondial pour la nature (WWF) Roumanie : « Normalement, pour prendre une telle décision, il faut avoir des données solides et connaître entre autres les tendances de la population d’ours, ainsi que de nombreux autres paramètres. En l’absence de tels arguments, cette décision du Sénat n’est pas correcte. D’autres amendements ont également été adoptés, mais ils sont moins dangereux. Par exemple, toute activité de capture à des fins scientifiques serait assimilée à la chasse, ce qui n’est pas normal. Par conséquent, on tente d’alléger la législation et d’affaiblir les activités et les efforts que nous déployons pour la protection des animaux. En même temps, on ne dispose pas d’assez de données pour avancer de telles propositions. Nous avons demandé à plusieurs reprises qu’une statistique aussi précise que possible de la distribution des ours soit faite pour pouvoir prendre les meilleures décisions de gestion. Si la législation devient moins sévère, la conservation de l’ours brun sera en danger ; surtout que l’ours est une espèce strictement protégée, il figure sur toutes les listes importantes de la Directive Habitats de l’UE. Normalement, il faudrait créer des aires protégées spécialement pour conserver cette espèce et pour lui garantir un statut favorable. Si la Chambre des députés valide à son tour cette décision, il y aura aussi des conséquences économiques. »
Bien que le chamois soit une espèce emblématique des Carpates et qu’elle ne représente pas de danger pour l’homme, la nouvelle Loi permet la chasse de 609 chamois au cours de la saison de chasse 2019-2020. Une fois de plus, les contestations fusent. Les écologistes mettent en garde contre le fait que la seule raison réelle de chasser des chamois, c’est d’obtenir des trophées. Et pour cause : ils ont une très grande valeur ; un tel trophée vaut entre 880 et 3000 euros.
Enfin, à cause du danger qu’ils représentent pour la pisciculture, les cormorans ont été placés eux aussi sur la liste des espèces que l’on pourra chasser.
Pour leur part, le Fonds mondial pour la nature (WWF) Roumanie et 20 autres organisations environnementales ou qui luttent pour la protection des animaux ont transmis à la Chambre des députés leur position commune, lui demandant de rejeter les amendements proposés pour la Loi de la chasse, principalement en ce qui concerne l’ours brun. (Trad. Valentina Beleavski)