Un service des urgences destiné aux animaux sauvages
En ce début octobre, la ville de Sibiu et notamment ses forces de l’ordre faisaient la Une de la presse roumaine. Après avoir cavalé, pendant trois heures, dans les rues, sur des toits et des places de la ville du centre de la Roumanie, un ourson âgé d’environ 5 ou 6 ans était finalement abattu par balles. Une cinquantaine de policiers, gendarmes et agents de la Direction sanitaire vétérinaire départementale avaient été mobilisés pour capturer l’animal vivant, une mission déclarée impossible après l’utilisation, sans succès, de seulement quatre projectiles tranquillisants. Une vague de protestations a suivi à travers le pays, les Roumains se déclarant scandalisés par la légèreté avec laquelle les autorités de Sibiu ont pris la décision d’abattre l’animal. Pour leur part, les autorités ont affirmé qu’aucune procédure n’existait actuellement pour gérer une telle situation de crise, à savoir l’incursion d’un animal sauvage dangereux dans une agglomération urbaine.
România Internațional, 17.10.2016, 13:28
En ce début octobre, la ville de Sibiu et notamment ses forces de l’ordre faisaient la Une de la presse roumaine. Après avoir cavalé, pendant trois heures, dans les rues, sur des toits et des places de la ville du centre de la Roumanie, un ourson âgé d’environ 5 ou 6 ans était finalement abattu par balles. Une cinquantaine de policiers, gendarmes et agents de la Direction sanitaire vétérinaire départementale avaient été mobilisés pour capturer l’animal vivant, une mission déclarée impossible après l’utilisation, sans succès, de seulement quatre projectiles tranquillisants. Une vague de protestations a suivi à travers le pays, les Roumains se déclarant scandalisés par la légèreté avec laquelle les autorités de Sibiu ont pris la décision d’abattre l’animal. Pour leur part, les autorités ont affirmé qu’aucune procédure n’existait actuellement pour gérer une telle situation de crise, à savoir l’incursion d’un animal sauvage dangereux dans une agglomération urbaine.
Et pourtant, ce genre de cas semble se multiplier en Roumanie et notamment à Brasov, dans le centre du pays. Ironiquement, cet incident est survenu juste après le rejet, par le ministère, de l’environnement d’un projet de décret gouvernemental introduisant des quotas très élevés d’ours, de chat sauvage et de loup qui pourraient être tués au cours de l’actuelle saison de chasse. Bref, s’il entrait en vigueur, ce très controversé projet législatif aurait permis aux chasseurs d’abattre plus de 1700 animaux sauvages protégés par la loi. Pour leur part, les associations des chasseurs affirment que les animaux en question devraient être tués s’ils provoquaient des dégâts dans les communautés humaines. Vu que ces associations font le comptage des animaux et organisent des parties de chasse avec des participants étrangers pour faire des profits notables – un trophée d’ours vaut environ 8000 euros, les associations de protection de l’environnement ont proposé une révision des quotas de chasse et des solutions alternatives dans le cas des animaux protégés par la loi.
Parmi elles, un Service des urgences destiné aux animaux sauvages, soit une organisation qui aurait pu capturer l’ourson de Sibiu sans le tuer, par exemple. Ecoutons Cristiana Pasca Palmer, ministre roumaine de l’environnement : Nous allons créer, au plus vite, immédiatement même, un service des urgences pour les animaux sauvages. En appelant le numéro unique d’urgence 112, les personnes qui ont souffert des dégâts causés par ces animaux ou celles, qui se sentent menacés, recevront l’aide d’une cellule de crise qui interviendra dans une première phase sans tuer l’animal. C’est uniquement en cas de situation grave que cette équipe peut l’abattre. Le Ministère de l’environnement pourra invoquer alors l’Article 16 de la Directive européenne Habitats et obtiendra une dérogation. C’est ainsi que nous utilisons correctement la Directive Habitats. Donc, si nous avons un problème, un seul ours peut être abattu, l’intervention est ponctuelle et vise seulement l’animal qui a produit des dégâts. Mais en même temps, nous devons mettre en page une méthodologie claire, même si elle est assez chère. Son élaboration peut couter jusqu’à 2 ou 3 millions d’euros parce qu’il faut réaliser des études génétiques. Dans un premier temps, ce service d’intervention rapide, mis en place en partenariat avec le Ministère de l’intérieur, sera doublé par un Comité de permanence au Ministère de l’environnement. Un spécialiste y sera disponible 24 heures sur 24, pour approuver une dérogation, donc pour assurer un cadre légal à une telle intervention, si besoin est. En même temps, un groupe élargi, formé d’experts, mais aussi des représentants des fermiers et des chasseurs, sera chargé de mettre à jour les conclusions d’une ancienne étude dont nous sommes, en quelque sorte, les prisonniers, a expliqué Cristiana Pasca Palmer, la ministre roumaine de l’environnement.
Selon les chiffres officiels, environ 5 mille animaux sauvages, d’espèces protégées, soit 2374 ours, 1586 loups et 898 chats sauvages, ont été chassés en Roumanie entre 2007 et 2015, sur des dérogations établies par ordre des différents ministres de l’environnement, en vertu de l’article 16 de la Directive Habitats de l’UE. Pour ce qui est du lynx, le quota de chasse a été supprimé en 2013 et donc le nombre d’exemplaires tués entre 2007 et 2012 s’est arrêté à 120. Malheureusement, pour un certain ourson égaré dans la ville de Sibiu, l’initiative du ministère de l’environnement, de créer un service spécialisé dans la gestion des animaux sauvages, est venue un peu trop tard.