La semaine du 12 au 18 décémbre 2022
La Roumanie, l’Autriche, l’espace Schengen et les Roumains
Roxana Vasile, 18.12.2022, 10:00
La Roumanie, l’Autriche, l’espace Schengen et les Roumains
Le
président roumain, Klaus Iohannis a représenté jeudi la Roumanie à la dernière
réunion des leaders européens de cette année à Bruxelles. Bien qu’au départ de
Roumanie, le président roumain souhaitait inclure l’adhésion à l’espace Schengen à l’ordre du jour officiel, le sujet n’a plus été évoqué
durant les pourparlers des leaders européens. Cette situation a provoqué l’ire
de la Roumanie et de la Bulgarie, énervées par le fait que l’accès à l’espace
européen de libre circulation leur est toujours barré.
La semaine dernière,
dans le cadre du Conseil Justice et Affaires Intérieures, l’Autriche s’est
opposée à l’adhésion des deux Etats invoquant l’actuelle situation migratoire,
un argument jugé de faux par la Bulgarie et la Roumanie. Jeudi, dans le cadre
des rencontres avec les leaders européens Klaus Iohannis n’a pas évoqué la
possibilité d’un prochain calendrier concret concernant l’adhésion à Schengen
et n’a pas obtenu d’engagement ferme de la part de la Suède, qui doit assumer
la présidence européenne le 1er janvier. Pourtant, le responsable
roumain s’est déclaré « assez optimiste » estimant que des résultats
positifs devraient apparaitre en 2023.
La cheffe de la Commission européenne,
Ursula von der Meyer et le président du Conseil, Charles Michel, ont précisé
que des échanges d’opinions à ce sujet auront lieu à l’avenir aussi et que des
progrès sont attendus dans les prochains mois. Auparavant, à Strasbourg, le
Parlement européen a organisé un débat dans le cadre duquel les représentants
des groupes politiques ont réaffirmé que la Roumanie et la Bulgarie avaient
rempli tous les critères et méritent bien d’être admises dans Schengen au plus
vite. La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a précisé
que l’adhésion des deux Etats à Schengen demeurait une de ses priorités et
qu’elle était prête à réaliser cet objectif l’année prochaine. « Il y
a eu un seul gagnant et celui-ci vit au Kremlin » – a affirmé Mme
Johansson. Le Parlement européen n’a pas la capacité de modifier le vote dans
le cadre du Conseil Justice et Affaires, mais cela ne signifie pas que les
débats n’ont eu aucune importance, puisqu’ils pourraient compter dans le cadre d’autres
démarches à l’avenir, ont estimé les analystes politiques.
En Roumanie, les
relations bilatérales roumano-autrichiennes ont été terriblement endommagées.
« Un cadeau de Noël » pour Vladimir Poutine, a martelé Marcel
Ciolacu, leader du PSD, membre de la coalition gouvernementale. C’est une
« attitude regrettable et injustifiée » a également dit le président
Klaus Iohannis. Au niveau du Roumain lambda, nombre de voix ont demandé de
boycotter les entreprises autrichiennes présentes en Roumanie et cela malgré
les appels à la diplomatie lancés par le président roumain. Les stations
service du groupe pétrolier OMV ou des banques importantes à capital autrichien
ont été la cible de nu mécontentement de la population. Les appels au boycotte
se sont multipliés sur les réseaux sociaux et ont visé toute sorte de produits
autrichiens – café, chocolat ou boissons énergisants. Nombreux ont été aussi
ceux, dont même le ministre roumain du tourisme, Constantin-Daniel Cadariu, qui
ont appelé les Roumains à ne plus faire du ski en Autriche cet hiver. Et
pourtant, l’Autriche demeure un des investisseurs étrangers les plus importants
en Roumanie, avec des investissements estimés en 2021 à plus de 12 milliards
d’euros.
Le budget de la Roumanie
pour 2023 a été adopté par le Parlement
Mercredi,
le budget d’Etat et celui de la sécurité sociale pour 2023 ont été adoptés par
le Parlement de Bucarest. La forme finale contient très peu de changements par
rapport à la variante que le Gouvernement avait proposée auparavant. Les
sénateurs et les députés n’ont eu que 3 jours à leur disposition pour discuter
des amendements et pour organiser les débats et le vote final. Selon les
représentants des partis de la coalition à la gouvernance, c’est un budget qui
fait disparaître les inégalités de l’économie. Par contre, les partis de l’opposition
ont caractérisé le budget comme manquant de vision et mensonger.
Le
fait que les investissements représentent une priorité est prouvé par le
montant de 7,2 % du PIB qui leur est alloué. En même temps, le budget prévoit une
majoration de 12,5 % des pensions de retraite, l’augmentation du SMIC à 3000
lei (environ 600 euros) et l’octroi d’aides financières pour les personnes aux
bas revenus. Le budget table encore sur une croissance économique de 2,8 % du
PIB et un taux annuel d’inflation de 8 % à la fin de l’année prochaine. Ce qui
plus est, le déficit public baissera de 80 milliards de lei (environ 16
milliards d’euros), cette année, à un peu plus de 68 milliards de lei l’année
prochaine.
Un taux d’inflation record en Roumanie
En
novembre 2022, le taux annuel d’inflation en Roumanie a augmenté jusqu’à 16,8 %,
alors qu’il était de 15,32 % en octobre. Les données publiées cette semaine par
l’Institut National de la Statistique (INS) dépassent les prévisions
d’inflation pour la fin de cette année, annoncées le mois dernier par la Banque
Nationale, qui tablait, elle, sur un taux de 16,3 %.
Par
rapport aux prix en début de cette année, maintenant les coûts des produits
alimentaires ont augmenté de presque 22 %. C’est
le sucre qui est en tête des hausses des prix, avec une croissance de plus de
60 %. Le beurre et l’huile ne manquent pas de la hiérarchie, avec une
augmentation de plus de 40 %. Les produits non-alimentaires ont vu leur prix
augmenter de 16 %, les services sont devenus à 10 % plus chers, le prix de
l’électricité a connu une croissance de presque 50 % et celui du gaz a augmenté
d’environ 40 %.
Pour
ce qui est des services, rappelons que cette semaine le président du pays a
promulgué la loi portant sur les nouveaux plafonnements des prix de
l’électricité qui seront appliqués à partir du 1er Janvier 2023. Selon
la loi, les prix actuels resteront toujours valables : 0,68 lei (environ 0,13
euro) et 0,80 lei (environ 0,16 euro) par kWh pour les consommations qui ne
dépassent pas les 100 kWh et, respectivement, les 255 kWh. Les consommateurs qui
dépasseront cette dernière limite bénéficieront eux aussi d’un prix plafonné de
1,3 lei (0,26 euro).
Les
clients domestiques qui n’ont qu’un seul contrat pour l’électricité auront
automatiquement un prix plafonné, sans autre formalité. En outre, il y a toujours quatre catégories de
consommateurs qui doivent déposer une demande et une déclaration sur l’honneur
afin de bénéficier des prix réduits. Il s’agit des personnes qui utilisent des
dispositifs médicaux, celles qui ont à leur charge au moins trois enfants, les
familles monoparentales, tout comme celles qui ont plus d’un lieu de
consommation. Ces derniers bénéficieront de réductions pour seulement une
propriété. (Trad. Alex Diaconescu, Andra Juganaru)