La semaine du 05 au 11 décembre 2022
L’espace Schengen, raté de nouveau
Ştefan Stoica, 11.12.2022, 01:49
L’espace Schengen, raté de nouveau
Personne et rien
n’a convaincu l’Autriche que la Roumanie et son partenaire d’intégration
européenne, la Bulgarie, méritaient de faire partie de l’espace Schengen en
commençant par le 1e Janvier 2023. Si en 2011 les reformes
inconsistantes de la justice et la corruption étaient des raisons fortes pour
plusieurs Etats européens de voter contre l’admission de la Roumanie dans
l’espace de libre circulation, l’opposition que la Vienne vient d’exprimer est
pour le moins bizarre. Elle vient après deux missions d’évaluation par des
experts qui ont certifié que Bucarest remplissait les conditions techniques
d’admission. Ce qui est plus, tous les autres Etats membres de l’UE et les
institutions communautaires ont soutenu, à l’unisson, l’adhésion de la
Roumanie.
La réaction de
Bucarest n’a pas tardé. « Ce n’est pas un vote contre la Roumanie, mais un
vote contre l’Union Européenne en son ensemble et contre notre unité », a
déclaré, déçu, le Ministre roumain des Affaires intérieures, Lucian Bode. A son
tour, le ministère des Affaires étrangères de Bucarest a déclaré que, par cette
décision, l’Autriche s’était singularisée et auto-isolée dans le cadre de
l’Union Européenne. C’est une réaction sans précédent contre un autre Etat
membre de l’UE que la diplomatie roumaine vient d’exprimer. A son avis, ce
résultat est complètement injuste et manque d’objectivité, surtout que la
Roumanie a toujours été ouverte et transparente quant aux relations avec tous
les partenaires européens, y compris l’Autriche. Ce qui plus est, les experts
des Etats membres de l’UE ont confirmé, à plusieurs occasions, que la Roumanie
était prête à appliquer les stipulations de l’acquis de Schengen. Le ministère
des AE de Bucarest trouve inacceptable, incorrect et injuste le fait que
l’Autriche ait invoqué la croissance du flux migratoire comme principale raison
de son opposition à l’adhésion de la Roumanie à Schengen. Et pour cause :
toutes les données fournies officiellement par l’Agence Frontex (l’Agence
européenne de garde-frontières et de garde-côtes) indiquent clairement que la
Roumanie ne se trouve pas sur la route migratoire des Balkans Occidentaux. Le
ministère des AE ajoute que le pays n’est pas confronté à une pression
migratoire et que la Roumanie n’est pas une source de mouvements secondaires
migratoires. L’attitude injustifiée et inamicale de l’Autriche aura des
conséquences inévitables sur les relations bilatérales, a été le message transmis
à l’ambassadrice de la République d’Autriche à Bucarest, qui a été convoquée au
siège du MAE.
Plan européen contre la migration illégale
Il semble que,
afin de calmer les préoccupation d’Autriche et d’autres pays concernant le
grand nombre des migrants illégaux qui arrivent sur le territoire de l’Union,
cette semaine, la Commission Européenne a présenté un plan d’action pour gérer
les migrants illégaux arrivés par la route des Balkans Occidentaux. Le plan
comporte des actions opératives, structurées en 5 piliers : renforcer la
gestion des frontières, accélérer les procédures d’asile et multiplier les
espaces d’accueil, combattre le trafic de migrants, consolider la coopération
en matière de réadmission et retours et aligner les politiques de visas.
Les Etats des
Balkans Occidentaux sont invités à aligner leur politique des visas sur celle
pratiquée par l’UE, vu que beaucoup de migrants y arrivent facilement, n’ayant
pas besoin de visas, et ensuite ils se rendent clandestinement vers l’Europe
Occidentale.
Le Gouvernement de la Roumanie a quant à lui
salué le Plan d’Action pour les Balkans Occidentaux de la Commission
Européenne. Il réitère toute sa disponibilité de contribuer activement et
constamment à la mise en place des mesures et des actions proposés par la
Commission, témoignant de son plein esprit européen de solidarité et
responsabilité, en étroite collaboration avec le reste des partenaires
européens.
Le projet du budget pour 2023 arrive au Parlement
Une croissance
économique de 2,8 % et un déficit de 4,4% du PIB et une inflation de 8 % -
voilà les principaux éléments de la construction du budget pour l’année
prochaine, qui a été soumis au vote des parlementaires après avoir été approuvé
par le Gouvernement de Bucarest, cette semaine.
La nouveauté importante
est l’augmentation à 2,5 % du PIB des fonds destinés à la Défense, dans le
contexte de la crise internationale de sécurité la plus grave des dernières décennies.
L’Exécutif de Bucarest vise pour l’année prochaine des aides censées appuyer
les personnes les plus vulnérables, afin qu’elles puissent surmonter cet hiver
et l’hiver suivant. Un autre objectif est de compenser le prix de l’énergie. Le
budget de l’Etat et celui des assurances sociales proposent également
l’augmentation des retraites de 12,5 %, un salaire minimum de 3 000 lei
(c’est-à-dire 600 euro) et une aide financière destinée à ceux dont les
pensions de retraite n’excèdent pas les 3 000 lei.
Le Conseil Fiscal,
un organisme Independent, critique l’Exécutif pour la modalité dont il a
construit le budget pour l’année prochaine, car il semble compter sur des recettes
de plus de 11 milliards de lei, même si, en effet, il collectera 2 milliards et
demi de moins. Ce qui est plus, l’Exécutif ferrait référence à une baisse de
ses dépenses de 0,58 % du PIB, mais, en réalité, il risque d’être obligé à des corrections
du budget, afin d’obtenir presque 7 milliards de plus. Pour conclure, selon le
Conseil Fiscal, le déficit budgétaire estimé par le Gouvernement est trop
optimiste, le plaçant pour sa part à 5,7 % du PIB. Le Gouvernement ne prévoit
pas assez d’argent pour le cofinancement des projets européens non
remboursables et des projets d’investissements locaux, qui risquent d’ailleurs
d’être bloqués, avertit encore le Conseil Fiscal. Quant à lui, le ministre des
Finances, Adrian Câciu, a rappelé que cette institution avait déjà soutenu, à
l’occasion de l’adoption du budget de l’année dernière, que les recettes étaient
surestimées. Quand même, explique-t-il, en 2022, le budget comportait plus de
70 milliards lei et l’objectif de son ministère était précisément d’éliminer le
risque d’une collecte diminuée.
Retour du salon du livre Gaudeamus
Le salon du
livre le plus connu de Roumanie, Gaudeamus, organisé par Radio Roumanie, a
rouvert ses portes, à Bucarest, au salon d’expositions de Romexpo, pour sa 29e
édition. De mercredi à dimanche, 200 participants ont proposé aux publics de
tous âges des publications des plus diverses ciblées sur tous les domaines
d’intérêt, ainsi que la musique et de jeux interactifs. A l’affiche figuraient
plus de 600 événements éditoriaux : lancements de livres, débats, sessions
d’autographes, spectacles et ateliers et la liste se poursuit. La présidente
d’honneur de cette 29e édition de Gaudeamus était l’écrivaine Ana
Blandiana. A son avis, cet événement aide les lecteurs et les auteurs à se
découvrir les uns les autres. (Trad. Andra Juganaru)