Synthèse des principaux événements nationaux en 2021
Sous le spectre de la pandémie
Roxana Vasile, 01.01.2022, 11:24
Sous le spectre de la pandémie
Le spectre de la pandémie de coronavirus a plané pour la deuxième année de suite sur la Roumanie. Frappés de plein fouet par plusieurs vagues pandémiques, les Roumains se sont vu contraints à respecter les restrictions sanitaires en place, tantôt durcies, tantôt adoucies, selon les chiffres de contamination. Le faible pourcentage de Roumains vaccinés a poussé les autorités locales à adopter des mesures censées entraver les libertés et les droits des non vaccinés. A la fin d’un été plutôt proche de la normalité, l’automne et la rentrée scolaire ont entraîné une explosion des cas de contamination. La quatrième vague pandémique a frappé la Roumanie avec une force sans précédent. La période la plus sombre a été enregistrée à la mi-octobre quand les hôpitaux ont été mis à genoux par le nombre de malades, tandis que les unités de soin intensifs ont affiché complet plusieurs semaines durant. Face à cette situation dramatique, la Roumanie a cherché du soutien international. La situation s’est avérée encore plus délicate après que des incendies se sont déclarés dans plusieurs hôpitaux roumains, en provoquant la mort des dizaines de personnes. Après un premier incendie en novembre 2020, à Piatra Neamt, deux autres ont eu lieu en 2021, à l’Institut des Maladies contagieuses Matei Bals de Bucarest et à l’Hôpital des Maladies Infectieuses de Constanta. Une situation dramatique qui a poussé le président roumain, Klaus Iohannis, à affirmé que « l’Etat roumain a échoué dans sa mission fondamentale de protéger ses citoyens ». Heureusement, la situation épidémiologique s’est améliorée vers la fin de l’année et la Roumanie s’est retrouvée en décembre, en vert, un cas singulier en Europe.
Des crises politiques à la chaîne
La deuxième année de crise sanitaire s’est accompagnée, en Roumanie, d’une crise politique. Le pays a eu pas moins de quatre ministres de la Santé – deux issus de l’USR, un de l’UDMR et le dernier, membre du PSD. Les tourments sur la scène politique roumaine ont commencé en avril dernier au moment où le premier ministre de l’époque, le libéral Florin Cîtu a renvoyé de la tête du Ministère de la Santé Vlad Voiculescu, membre de l’USR. Quelques mois plus tard, le 1 septembre, Florin Cîtu destitue aussi le ministre de la Justice, Stelian Ion, issu également des structures de l’USR. Cette décision allait provoquer une crise politique qui a perduré trois mois durant. En colère, les ministres de l’USR ont démissionné et ont voté en octobre, une motion de censure contre Florin Cîtu, initiée par l’opposition sociale- démocrate. Deux tentatives de former un nouveau gouvernement, d’abord minoritaire et ensuite de coalition, ont échoué. Finalement, la classe politique de Roumanie a fait un compromis que personne ne croyait possible : un gouvernement de coalition entre le PSD et le PNL, avec la participation de l’UDMR, dirigé par l’ancien général en réserve, le libéral Nicolae Ciuca. L’ancien premier ministre, Florin Cîtu s’est vu obliger de se contenter de la direction du Sénat et du PNL à la tête duquel il a remplacé Ludovic Orban qui déçu, a décidé de mettre en place sa propre formation politique. Quant à l’USR, c’est l’ancien commissaire européen Dacian Ciolos qui a remporté les dernières élections pour le fauteuil présidentiel de cette formation.
Problèmes économiques et crise énergétique
La Roumanie a été l’un des pays les plus touchés par la flambée des tarifs énergétiques. La situation a empiré après la libéralisation à partir du 1 janvier 2021 du marché de l’énergie. Faute d’une stratégie de communication cohérente, les Roumains se sont retrouvés piégés. Au bout de six mois de dérive, les consommateurs et le marché ont commencé petit à petit à reprendre haleine. Malheureusement, le calme n’a pas perduré, car depuis l’été dernier, les tarifs de l’électricité ont explosé. Du coup, le gouvernement de Bucarest a décidé par ordonnance d’urgence d’un plafonnement du prix du KW pour les ménages et d’un remboursement d’une partie du montant des factures électriques. La flambée des prix a provoqué la hausse de l’inflation dont le taux est monté en octobre dernier à 7,9%, tandis que les salaires n’ont pas bougé. Quant à la croissance économique, elle devrait se monter à 7% en 2021 après la contraction de 3,7% soufferte en 2020 en raison de la pandémie. Approuvé en automne, par Bruxelles, le Plan national de relance et de résilience pourrait constituer une bouée de sauvetage pour la Roumanie. Le pays devrait toucher d’ici 2026 quelques 29 milliards d’euros sous forme de subventions et de prêts censés lui permettre la continuation de ses réformes et de ses investissements.
La culture roumaine dans le pays et dans le monde
En 2021, la Roumanie a accueilli la 25ème édition du Festival international de musique George Enescu. 3500 artistes de Roumanie et d’ailleurs et 32 orchestres de 14 pays se sont produits tout le mois de septembre, sur différentes scènes à travers le pays. L’année qui touche à sa fin a été également marquée par des succès remportés par le cinéma roumain. Ainsi, le réalisateur Radu Jude s’est vu remettre l’Ours d’Or du meilleur film pour son long-métrage « Loony Porn », lors de la Berlinale, tandis que le film « Affaire collective » du réalisateur Alexandru Nanau a été nominé deux fois aux Oscars dans la catégorie du meilleur documentaire et du meilleur film étranger.
Moins de sport en 2021
Dans le courant de l’année 2021, le stade Arena National de Bucarest a accueilli quatre matchs dont trois disputés par les équipes de la Poule C et un figurant au tableau des huitièmes de final du Tournoi final du Championnat d’Europe de football. Une compétition à laquelle la Roumanie n’a pas participé. Coup de malchance aussi pour les participants roumains à la 32ème édition des JO du Japon où la Roumanie s’est classée en 46ème position, avec dans son palmarès 4 médailles seulement. Plusieurs vedettes du sport roumain ont également décidé de mettre fin à leur carrière en 2021. Ana-Maria Popescu, sacrée meilleure escrimeuse du monde en 2021 a annoncé son retrait de la vie sportive après deux décennies. Même décision pour le tennisman Horia Tecau et pour les gymnastes Marian Drăgulescu et Larisa Iordache.
Ils nous ont quittés
A la fin, une pensée pour tous ceux ayant quitté ce monde dans le courant de cette année. Et on pense notamment aux grands comédiens roumains Ion Dichiseanu et Ion Caramitru, directeur du Théâtre national de Bucarest et président de l’Union Théâtrale de Roumanie, à la romancière et scénariste Ileana Vulpescu, au pluri-champion olympique, le canoteur Ivan Patzaichin, à l’historien Dan Berindei, au metteur en scène Dan Puican, personnalité marquante de la radio publique, aux interprètes de musique folk Doru Stanculescu et Victor Socaciu ou encore au chanteur de musique traditionnelle Benone Sinulescu. (Trad. Ioana Stancescu)