La semaine du 04 au 10 octobre 2021
Corina Cristea, 09.10.2021, 10:16
La situation
épidémiologique empire en Roumanie
En Roumanie, la situation pandémique est devenue encore
plus grave cette semaine, lorsque de nouveaux records négatifs ont été atteints
: plus de 15 000 nouveaux cas de contamination et plus de 300 décès liés à la
Covid enregistrés en 24 heures. Le taux de positivité est désormais à plus de
20% et celui de contamination à plus de 6 cas pour mille habitants, voir même à
plus de 10 cas pour mille habitants à Bucarest et dans d’autres agglomérations
urbaines. Les hôpitaux luttent de toutes leurs forces contre l’afflux de
patients contaminés et les unités de Soins critiques affichent complet. Pour
une meilleure prise en charge des malades, les autorités ont acheté 500
concentrateurs d’oxygène de grande capacité et ont activé le Mécanisme de
protection civile de l’UE afin de procurer le médicament Tocilizumab, utilisé
pour soigner les cas de Covid-19. Le chef de la Division pour les situations
d’urgence, Raed Arafat, a expliqué que la décision avait été prise vu que dans
deux-trois semaines, les hôpitaux de Roumanie pourraient avoir des problèmes
avec les stocks de ce médicament. Dans ce contexte pandémique, les autorités roumaines
ont prolongé de 30 jours l’état d’alerte, à compter du 10 octobre. Là où le
taux de contamination dépasse les 6 cas pour mille habitants, le port du masque
redevient obligatoire dans tous les espaces clos, dans les moyens de transport
en commun, sur les arrêts des bus ou des trams, dans les bureaux ou dans les
commerces. En revanche, la recrudescence alarmante du nombre des cas de
contamination a relancé la vaccination. Quelque 30 000 personnes se font
immuniser quotidiennement contre le coronavirus, en Roumanie, le nombre total
des vaccinés ayant atteint les 5,5 millions.
Le gouvernement Cîtu – destitué par motion de censure
Le gouvernement du premier ministre libéral Florin Cîtu a
été destitué mardi dernier par une motion de censure avancée par l’opposition
sociale-démocrate. En fait, la destitution de ce cabinet dont la mission était,
selon le Parti Social-Démocrate (PSD), de faire sortir le pays de la crise
politique, économique et sociale actuelle, a été possible grâce au soutien de
l’Union Sauvez la Roumanie et du parti ultranationaliste, l’Alliance pour
l’Union des Roumains (AUR). Pour sa part, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis a
décidé de convoquer lundi prochain les partis à des consultations, même s’il se
dit plutôt sceptique quant à une solution rapide. Pour l’instant, les leaders
des principaux partis restent sur des positions antagonistes. Les
sociaux-démocrates préfèrent avoir des élections anticipées et rejettent l’idée
de soutenir un gouvernement minoritaire formé du Parti National Libéral (PNL)
et de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR). Alors que le leader du PSD,
Marcel Ciolacu, propose un cabinet de technocrates en attendant le scrutin
anticipé, l’USR, elle, insiste sur la reconstruction de la coalition au
pouvoir, mais avec un autre premier ministre à sa tête. Cela ne veut pas dire
que l’actuel premier ministre, Florin Cîtu, ne puisse occuper une autre
fonction au sein du futur gouvernement, si les libéraux le souhaitent, affirme
le président USR, Dacian Ciolos. De son côté, le PNL ne veut pas renoncer à M.
Cîtu, réitère le député libéral Dan Vîlceanu, ancien ministre des Finances,
selon lequel la coalition ne peut pas être refaite tant que l’USR n’arrête pas
d’imposer des conditions. Quant à l’Alliance pour l’Unité des Roumains,
l’actuel contexte politique laisse la place à deux solutions : soit un
gouvernement de technocrates, soit des élections anticipées. Cette dernière
possibilité est rejetée par l’UDMR qu,i à l’heure où l’on parle, souhaite
refaire l’alliance avec le PNL et l’USR.
A la recherche de solutions pour la flambée des prix de
l’énergie
Les leaders des Etats membres de l’UE, réunis en Slovénie,
n’ont pas réussi à identifier un accord visant à répondre à la flambée du prix
de l’énergie.
Après la réunion, le président roumain Klaus Iohannis a
précisé : « J’ai eu un premier
entretien au sujet des prix de l’énergie, notamment de l’électricité, et nous
avons décidé d’accélérer toutes les démarches.
La Commission s’est engagée – et nous nous attendons à ce qu’elle tienne
sa promesse – de proposer en une semaine tout au plus une série de solutions
parce que nous ne pouvons pas passer par l’hiver avec des prix à la hausse. »
La majoration des prix de l’énergie a figuré aussi à
l’agenda du Parlement européen. Les eurodéputés ont affirmé que l’élimination
des combustibles fossiles n’a pas tenu compte du fait que les sources
renouvelables étaient insuffisantes. Le nucléaire civil a été marginalisé dans
plusieurs pays du continent et l’Europe serait actuellement soumise à un
chantage de la part de la Russie, martèlent les eurodéputés. Presque tous les
groupes politiques du Législatif communautaire ont demandé la création d’un
marché énergétique commun et l’institution d’un mécanisme commun pour gérer
l’achat de gaz.En Roumanie, la hausse des prix de l’électricité et du
gaz s’est superposée à la libéralisation complète du marché de l’énergie depuis
le 1er juillet dernier. Lundi, le gouvernement a approuvé un schéma de
compensation des factures d’énergie et de gaz pour les consommateurs
domestiques au-delà du seuil des 68 bani, soit 14 centimes d’euro par kilowatt,
mais la progression constante des prix sur le marché européen impose une
nouvelle intervention affirme le ministre de l’Energie, Virgil Popescu. Invoqué
aussi par le premier ministre pas intérim, Florin Cîtu, le plafonnement des
prix de l’énergie et du gaz est évoqué de plus en plus souvent. Une décision
pareille ne peut être adoptée que par un gouvernement aux pleins pouvoirs. De
son côté, le PSD, d’opposition, rappelle avoir dépose au Sénat un projet de
loi, portant justement sur la flambée des prix de l’énergie.
Prévisions économiques
La Banque nationale de Roumanie regarde avec inquiétude
l’évolution des prix de l’énergie et précise que, de ce fait, ses prévisions de
5,6% pour le taux d’inflation à la fin de cette année seront dépassées. Par
ailleurs, l’économie roumaine devrait progresser de 7,3% cette année, selon les
prévisions les plus récentes de la Banque mondiale pour l’Europe et l’Asie centrale.
Le principal défi à court terme est de contrôler la crise, de limiter ses
conséquences économiques, sociales et sanitaires. La réponse du gouvernement,
aux côtés de l’appui accordé par l’UE, mais aussi l’évolution de la campagne de
vaccination joueront des rôles critiques dans la relance économique. Le faible
taux d’absorption des fonds structurels est un autre défi qui met en question
la capacité du pays à mettre à profit de nouveaux fonds destinés au
redressement, lit-on dans le même rapport. La Banque Mondiale estime que
l’économie roumaine devrait progresser de 4,8% l’année prochaine et de 3,9% en
2023. (Trad. Ioana Stancescu,
Alex Diaconescu)