La semaine du 08 au 14 juin 2020
Roxana Vasile, 13.06.2020, 13:30
La pandémie de coronavirus, toujours dans l’actualité
Cette semaine, en Roumanie, le nombre des
infections au nouveau coronavirus a dépassé le seuil de 21.000, dont 1400 décès
recensés depuis le début de la pandémie. Après deux mois d’état d’urgence et un
mois d’état d’alerte, le chef de l’Etat et le gouvernement souhaitent garder
plusieurs restrictions. Toutefois, vu que l’ensemble de la classe politique ne
partage pas cet avis, le vote sur le prolongement de l’état d’alerte a été
reporté à la semaine prochaine. L’annonce a été faite par le premier ministre
libéral Ludovic Orban, qui a précisé que ce prolongement n’avait pas de
caractère politique, l’état d’alerte étant absolument nécessaire pour la santé
et la vie des Roumains.
Ceci dit, ce sera à partir du 15 juin que
les galeries marchandes et d’autres espaces commerciaux pourront rouvrir leurs
portes, à l’exception des restaurants, cafés, aires de jeux pour enfants et
salles de cinéma se trouvant à l’intérieur de ces galeries. Les traitements
balnéaires seront également repris, la Loterie Roumaine rouvrira ses bureaux,
tout comme les salles de jeux de fortune et les agences de paris sportifs.
L’accès aux piscines extérieures sera autorisé et le nombre des personnes qui
pourront pratiquer des activités récréatives en plein air augmentera de 3 à 6. Par
ailleurs, les autorités supprimeront le soutien financier accordé aux parents
obligés de garder leurs enfants en raison de la fermeture des écoles et des
maternelles. En revanche, les maternelles et les after-schools privés, qui
fonctionnaient normalement pendant l’été, pourront rouvrir, mais en respectant
des conditions « extrêmement strictes », a précisé le premier ministre.
En ce qui concerne les personnes qui
rentrent de l’étranger, tout le monde ne sera pas tenu de s’isoler à domicile
pendant 14 jours après l’arrivée Roumanie. A partir de la semaine prochaine, la
décision concernant leur confinement sera prise en fonction du niveau de transmission
du coronavirus dans le pays de provenance. En suivant des recommandations
européennes, l’Institut national de santé publique accordera un indicateur au
niveau de transmission, fondé sur le nombre d’infections enregistré dans le
pays en question les derniers 14 jours. Les personnes qui rentrent des pays
avec un indicateur inférieur à 5 feront exception à la norme de la quatorzaine.
Il s’agira donc de pays où le virus n’est pas très répandu, comme l’Autriche
par exemple, la Bulgarie, la Grèce. De même, le trafic aérien vers et depuis
ces pays moins touchés par le virus sera repris.
Toutefois, pour prolonger l’état d’alerte,
il est nécessaire d’avoir le vote favorable du Législatif. Depuis l’opposition,
le PSD, le parti le plus représenté au Parlement de Bucarest, estime qu’il
faudrait maintenir juste quelques mesures de prévention et refuse déjà de voter
en faveur d’un nouvel état d’alerte de 30 jours. Qui plus est, les
sociaux-démocrates posent des conditions en échange de leur vote : rouvrir
les hôpitaux de maladies chroniques et les hôpitaux réservés ces derniers mois
au traitement de la Covid-19 et qui n’ont pas eu un seul patient durant le
dernier mois, reprendre les acquisitions publiques via des appels d’offres ou
encore renoncer aux embauches faites par dérogation à la loi. Parmi les mesures
que le PSD voudrait garder en place figurent l’obligation de porter un masque
de protection dans les espaces clos, la limitation du nombre de personnes
participant à différents événements ou encore la distanciation physique. De son
côté, l’Union Sauvez la Roumanie, 3e parti politique de Roumanie, se
dit favorable à un prolongement de 15 jours de l’état d’alerte, mais uniquement
dans les villes où il existe toujours des foyers d’infection.
Sur cette toile de fond, le président
Klaus Iohannis a lancé un nouvel appel aux parlementaires, leur demandant de
comprendre le fait que le Gouvernement ne peut pas tenir sous contrôle la crise
sanitaire s’il ne dispose pas des instruments nécessaires en ce sens.
Où se dirige l’économie roumaine?
Bien que la première vague de pandémie ne
soit pas encore terminée, certaines voix de l’échiquier politique roumain
invoquent déjà le risque d’une deuxième vague pandémique. Un scénario qui
mécontente profondément tous ceux qui critiquent l’absence de mesures de
relance économique. A l’heure où l’on parle, les Roumains attendent un plan de
croissance que le gouvernement libéral de Ludovic Orban a promis de mettre en
place à partir du 15 juin. Selon l’opposition sociale- démocrate, le chômage
touche actuellement des centaines de milliers de Roumains, tandis que le
déficit commercial s’est majoré de 21% par rapport à la même période de l’année
dernière. Dans ce contexte, le seul programme lancé par le Cabinet Orban est
celui destiné aux PME, affirme le PSD, tout en rappelant que les résultats
d’IMM Invest sont pratiquement insaisissables : le gouvernement a injecté
dans l’économie 2,7 milliards de lei, soit 540 millions d’euros, pour garantir
un total de 3400 crédits. Autrement dit, accusent les sociaux- démocrates,
l’aide publique n’est que de 0,25% du PIB et ne vise que 0,67% des PME
roumaines. En réplique, le cabinet Orban affirme qu’un nouveau plan sera lancé
bientôt à l’intention, cette fois-ci, des grandes entreprises. Le schéma de
soutien financier sera mis en place d’ici deux semaines, une fois obtenu le feu
vert de la Commission européenne. Aux dires de l’Exécutif, ces deux programmes
offriront la possibilité à toutes les sociétés de Roumanie d’obtenir des
crédits de financement. Dans un message adressé à l’occasion de la Journée de
l’Entrepreneur, le premier ministre Ludovic Orban a déclaré que son
gouvernement se ferait une priorité d’encourager les investissements et le
capital autochtone. L’Exécutif fera de son mieux pour contribuer au bon
fonctionnement des institutions responsables d’assurer un marché libre et
correct, au bénéfice des compagnies actives sur le marché roumain.
Le verdict de l’agence Standard&Poor’s
L’agence de notation Standard&Poor’s a maintenu la note de la
Roumanie à BBB -, tout comme la perspective négative sur l’économie roumaine.
Cela veut dire que le pays a échappé au risque de se voir rétrgrader dans la
catégorie Junk, Pourrie, ce qui
aurait poussé les investisseurs à l’éviter. Selon l’agence mentionnée, malgré
une une avancée de 3,5% prévue dans un premier temps, l’économie roumaine
finira par connaître une contraction de 5,5% d’ici la fin de l’année. Aux dires
du ministre des Finances, Florin Cîţu, les mesures adoptées par le gouvernement
libéral de Ludovic Orban en plein contexte pandémique ont été correctes. Les
libéraux rejettent les accusations de l’opposition sociale-démocrate dont les
mesures populistes adoptées par le Parlement risquent de placer le pays en
risque de faillite. En revanche, le PSD affirme que c’est grâce à l’efficacité
de sa gouvernance jusqu’en novembre dernier que Standard&Poor’s n’a pas rétrogradé
la note de la Roumanie. En fait, dit-il, le gouvernement libéral a choisi de
dissimuler son incompétence en s’engageant, dans une lettre, à l’austérité.
Selon le Cabinet Orban, les pensions de retraite pourraient augmenter cet
automne de 10% tout au plus et non pas de 40%, comme prévoit la loi. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)