La semaine du 17 au 24 mai
De l’état d’urgence à l’état d’alerte
Roxana Vasile, 23.05.2020, 11:35
De l’état d’urgence à l’état d’alerte
Après deux mois d’état d’urgence instauré en raison de la pandémie mondiale, le gouvernement a décidé de placer le pays en état d’alerte pour 30 jours. L’acte règlementaire a été par la suite envoyé au Parlement qui a donné son feu vert. Désormais, l’Exécutif dispose de tous les instruments nécessaires censés lui permettre d’assurer le respect des mesures et règles mises en place afin de protéger au mieux la santé des Roumains, a tenu à préciser le chef du gouvernement, Ludovic Orban. Ainsi, le port du masque est devenu obligatoire dans tous les espaces publics clos, dans les bureaux, dans les espaces commerciaux ou encore dans tous les moyens de transport en commun. Pendant toute la durée de l’état d’alerte, il est interdit d’organiser des meetings, des protestations, des processions ou des concerts. Par ailleurs, une attestation de déplacement est nécessaire pour tous ceux qui doivent voyager en dehors des localités de résidence. Suite aux amendements déposés au Parlement, le gouvernement mettra à la disposition des autorités locales des masques de protection à l’intention des personnes défavorisées. Ultérieurement, l’Exécutif a décidé par ordonnance d’urgence que 2,3 millions de Roumains se verraient offrir gratuitement 50 masques par personne.
Les Roumains et l’état d’alerte
Le passage de l’état d’urgence à celui d’alerte a déclenché une vague d’enthousiasme en Roumanie. Déconfinés, les gens se sont empressés de sortir de chez eux. Rouverts, les parcs et les jardins publics ont été pris d’assaut par les gens désireux de profiter du soleil ; plusieurs ont complètement ignoré les mesures de distanciation obligatoires. A jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux, on a été surpris de voir des photos d’une multitude de jeunes qui ont fait la fête au bord du lac Herastrau, dans le nord de la capitale. Par ailleurs, une foule de personne se massait aussi autour des postes-frontières dans l’ouest de la Roumanie, aussi bien pour entrer que pour sortir du pays. Les offices religieux ont repris eux aussi au bout de deux mois pendant lesquels les églises ont été fermées. Le premier jour de déconfinement, des centaines de personnes ont protesté devant le siège du gouvernement contre la façon dont les autorités ont géré la crise sanitaire et économique, contre les amendes – abusives disaient-ils – ou les violations de la Constitution.
Quelle direction pour l’économie roumaine ?
Le gouvernement libéral de Bucarest travaille sur un plan de reconstruction économique dans le contexte de la pandémie de coronavirus, a déclaré le premier ministre Ludovic Orban devant le Parlement, où il avait été invité pour présenter les mesures prises jusqu’ici par son cabinet. Dans le cadre de ce que l’on appelle « L’heure du gouvernement » à la Chambre des députés, le chef de l’Exécutif a précisé qu’au premier trimestre de cette année, la Roumanie avait connu la croissance économique la plus importante de l’UE. En revanche, l’opposition parlementaire accuse le gouvernement de mener une politique dépourvue de solutions. Pour sa part, Bruxelles tire la sonnette d’alarme sur le risque de récession économique en Roumanie au cas où le gouvernement maintient ses politiques actuelles. Le pays risque un déficit budgétaire de moins 9,2 jusqu’à la fin de l’année et de moins 11,4% en 2021. Bucarest se voit conseiller d’éviter l’adoption de mesures permanentes de nature à mettre en danger la durabilité des finances publiques. La Commission recommande à la Roumanie de soutenir les entreprises et les ménages – et notamment les PME et les travailleurs indépendants – par des liquidités et d’élargir les mesures de protection sociale et l’accès aux services essentiels. Le Conseil de l’UE a déjà approuvé un règlement qui mettra en œuvre le programme SURE, par lequel Bruxelles soutient les mesures actives d’emploi conçues par les gouvernements européens. Selon les données fournies par le ministère roumain du Travail, à l’heure actuelle, plus de 600.000 contrats de travail ont été suspendus et il a été mis fin à presque 400.000 autres.
Les saisonniers roumains à l’étranger
Lors d’une visite à Berlin en début de semaine, la ministre roumaine du Travail, Violeta Alexandru, a discuté à Berlin, avec son homologue fédéral, Hubertus Heil, et avec la ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture, Julia Klockner. Sujet : la situation des travailleurs saisonniers roumains. L’occasion pour Violeta Alexandru de les encourager à saisir les autorités lorsque leurs droits ne sont pas respectés. Pour sa part, Hubertus Heil a reconnu que l’infection en masse, comme celles enregistrées à certains abattoirs allemands où travaillent des Roumains, était inacceptable. Et d’ajouter que les salariés roumains doivent avoir les mêmes droits à la protection sociale, à la sécurité et à la santé que les travailleurs allemands. Les ministres Alexandru et Heil ont signé une déclaration d’intention commune relative à une coopération plus étroite dans le domaine du marché de l’emploi et des politiques sociales. En pleine pandémie de Covid-19, de nombreux Roumains ont choisi de quitter le pays pour travailler à l’étranger, notamment dans l’agriculture. Presque 30 mille Roumains se sont rendus ces derniers mois en Occident pour y travailler. Dans la nuit du 8 au 9 avril dernier, par exemple, en plein état d’urgence en Roumanie, près de 2.000 Roumains sont partis pour la cueillette des asperges en Allemagne. Une fois sur place, ils se sont plaints des conditions de travail et de vie difficiles. Il n’est toujours pas clair si le départ de ces gens a été facilité par les autorités ou si ces milliers de personnes se sont organisées à elles seules avec des cars et des vols charter et sont parties, en une seule nuit, de Suceava (nord-est), ville en quarantaine, jusqu’en Allemagne ! Et en plus, sans respecter les mesures de protection et avec des documents conclus individuellement, pas par des agences de placement. (Ioana Stancescu)